Je vais vous parler de ma propre expérience : j’avais tout abandonné, lâché mon métier d’ingénieur pour être musicienne, j’avais intégré le Cours Florent Musique, je jurais mes grands dieux que je ne retournerai jamais dans mon ancien métier, je pensais être « dans le vrai » pour oser mes rêves, balançant des « ok boomer » à tout va... mais ça ne me permettait pas de vivre, car j’ai beau avoir du talent, ce n’est pas avec quelques cours de chant et des concerts dans les bars une fois par semaine qu’on survit. Et je me suis rendue à l’évidence : je ne me contenterai jamais de poésie et d’eau fraîche. Même si je ne suis pas hyper dépensière, je refuse d’être dans le rouge le 10 du mois, de voir mes potes sortir sans moi parce que « j’ai pas les thunes les gars c’est chaud », être celle qui fait sans arrêt des commentaires sur le fait que « le Perrier est quand même vachement cher c’est abusé »... je n’ai pas envie d’avoir peur de ne pas avoir assez d’argent, quand je sais que je peux gagner mieux ma vie
J’ai repris le chemin du bureau parce que la vraie vie te rattrape à un moment : il y a un loyer et des factures à payer, des courses à faire et encore 50 ans mini à vivre donc il faut aussi préparer la suite... Je continue la musique, mais autrement. Et si un jour elle me permet de gagner ma vie, tant mieux ! Mais je ne compte plus sur elle pour cela.
J’adorerai ne pas avoir cette crainte, je salue le courage de ceux et celles qui rognent sur leurs dépenses pour aller au bout de ce en quoi elles croient et je ne remets pas en question ceux et celles qui vont au bout. Je dis juste que c’est un peu facile de dire « si tu as des rêves fonce et n’ai pas peur, tout ira bien », car ce n’est pas vrai, tu peux y mettre toute ton énergie et ton talent et parfois ça ne marchera pas, ça ne sera pas suffisant... Essaye, mais ne te leurre pas sur la possibilité d’un échec.