Étudiante en master, je ne peux que constater la détresse émotionnelle des étudiants. J'ai des camarades de classe qui prennent des anti-dépresseurs, qui ont des envies suicidaires et qui décrochent. Des amies à moi en Licence ne supporte plus d'être dans 9 mètres carrés. D'autres qui galèrent financièrement car pas de petits tafs. Certains doivent arrêter leurs études faute d'argent. Les cours sont inadaptés, on fait du 8h30-17h30 quasiment non stop. On a pas le temps de sortir prendre l'air après les cours sauf si on se dépêche. Impossible de faire du sport en extérieur. J'ai beaucoup de copines qui commencent à avoir des troubles alimentaires, qui mangent non stop pour calmer leurs angoisses. Moi c'est l'inverse, je ne mange plus qu'un repas par jour. Pas par manque de moyen mais juste parce que je n'en ai plus envie. Voilà où en est. Et dans l'indifférence générale.
On a essayé d'en parler avec notre responsable pédagogique. Et elle n'en a rien à faire. De toute façon, sa place, elle, elle l'a. Elle refuse d'adapter les modalités pour les examens ou d'adapter les cours en ligne. Quand on en parler à des personnes plus âgées, on nous fait comprendre qu'ils s'en foutent. On m'a quand même déjà sorti que les gens pendant la première guerre mondiale ont vécu pire. Amusant d'entendre ça par quelqu'un qui a pu profiter de sa jeunesse et qui n'a pas connu la guerre. Toujours à comparer ce qui n'est pas comparable.
Les étudiants sont les grands oubliés depuis le début de la pandémie. Cela fait presque un an que je n'ai pas mis les pieds à la fac. Je connais à peine ma promo. J'ai changé de ville et je ne connais personne. Je suis isolée, seule et enfermée dans mon appartement et quasiment toute la journée devant mon ordinateur. Le soir je finis trop tard pour pouvoir sortir. Mais visiblement, je dois fermer ma gueule parce je suis étudiante et qu'on s'en fout. Je ne compte pas. Les étudiants ne comptent pas. Ce n'est pas grave si on se gave d'anti-dépresseurs pour tenir. Ce n'est pas grave que des étudiants se défestrent puisqu'on est "une génération de fragile et qu'on doit s'adapter un peu".