En dépit de tous ses efforts, « Madame Claude » n’évite pas le male gaze

[Kalindi]

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[Witch'Daughter]

"Ainsi, au démarrage, Madame Claude a des airs de pamphlet féministe qu’on aurait aimé davantage jusqu’auboutiste."

Même sans male-gaze, je vois pas comment un film qui raconte l'histoire d'une femme exploitant d'autres femmes pour le plaisir des hommes aurait pu être un pamphlet féministe. Ou du féminisme libéral à la limite, celui qui porte en queen les femmes chef d'entreprise, qui on 'réussit', peu importe que leur succès et leur richesse soient basées en partie sur l'exploitation de femmes précaires.

 

[Mowette]

@Witch'Daughter je pensais exactement la même chose ! A peine j'ai vu la bande annonce, je me suis dit oulah on raconte l'histoire d'une maquerelle avec un ton "girl power" ? Vraiment pas pour moi. J'ai notamment un peu haï le "elle éduque les filles" de l'article, genre wow quelle bonté, apprendre aux filles que tu exploites à bien parler en société !
Bref, ça me fait penser à la discussion qu'on avait eu sous l'article de Sky Rojo, mais si Sky Rojo glisse parfois dans le male gaze (surtout dans les 2 premiers épisodes), au moins il montre bien les maquereaux pour les ordures que c'est.

 

[Vogel]

Comme quoi, le male gaze, le female gaze, ce sont pour moi des termes très essentialistes et inutiles pour juger de la qualité d'un film, et souvent appuyés par des biais de confirmation. J'ai eu beau lire des trucs dessus, je n'ai jamais pigé en quoi les preuves avancées prouvaient l'existence de biais genrés indépassables. Les arguments sont soit issus de très mauvais films (avec des propositions de personnages nulles que ce soit pour les personnages féminins ou masculins) soit trop sujets aux interprétations personnelles (un film, c'est si complexe, qu'en poussant un peu les analyses on peut voir du female gaze ou du male gaze un peu partout). Encore un exemple contradictoire ici, cette série a l'air d'avoir des personnages féminins peu creusés, et c'est une femme qui l'a réalisée.
Il existe surtout des bon.ne.s et des mauvais.e.s réalisateurs, qui arrivent ou non à s'émanciper de ce qu'ils sont eux-mêmes pour proposer des bons personnages, dans une écriture qui dépasse la simple idée de "femme" ou "homme". Je viens de faire le compte des derniers personnages féminins que j'ai trouvés touchants et aboutis au cinéma et ils ont tous été créés soit par des hommes, soit par des femmes : Le portrait de la jeune fille en feu, Swallow, Deux, Benni, Carol, In the mood for love...
Vraiment, j'ai du mal avec ces concepts

 

[Mowette]

@Vogel je ne cherche pas du tout à être blessante mais c'est juste pour informer : je pense que tu ne connais pas la définition de male gaze ! Ce que je comprends bien, c'est un terme parfois assez détourné de ce que ça veut dire de base. Il n'y a rien d'essentialiste car le male gaze n'est pas juste une vision que les hommes auraient sur les femmes, c'est un outil de domination violente.
Le male gaze a été théorisé par la féministe Laura Mulvey dans les années 70. Le male gaze (regard masculin) n'est pas l'idée que les hommes ne peuvent pas écrire de bons personnages féminins. Le male gaze c'est le fait que dans énormément de films (surtout à son époque, mais ça se retrouve encore), le spectateur est mis dans le rôle d'un regard masculin sur les personnages féminins, même quand elles sont les héroïnes. Cela se passe par l'hypersexualisation du corps féminin et l'absence totale de sexualisation du corps masculin (car le spectateur est toujours envisagé comme un homme hétéro qui serait mis mal à l'aise par la sexualisation d'un homme hétéro).
Des exemples précis de male gaze seraient : les corps des femmes filmés par morceaux par la caméra (que les seins ou que les fesses ou que les pieds, sans le visage, ce qui est déshumanisant), les personnages féminins mis dans des tenues ultra sexuelles/nues juste pour faire plaisir au spectateur, un plaisir à mettre en scène et à sexualiser la torture des femmes (surtout dans les films d'horreur)...
Bref, l'idée est qu'on prend (ou qu'on est censés prendre) un plaisir voyeuriste voire sadique à regarder les femmes à l'écran comme objet - y compris des héroïnes très bien écrites.