Je pense que toute l'enjeu de la question c'est les représentations. Doit-on bannir ces photos jugées sexualisantes en masse (de manière générale) afin de changer les normes de genre ? Sachant que ce qui sexualise c'est le regard que l'on pose sur ces photos, pas les photos en elles-mêmes. C'est le regard humain et particulièrement masculin (le male gaze) qui sexualise certaines poses, certains vêtements, certaines parties du corps au profit d'autres. Doit-on donc faire en sorte que la majorité des couvertures et images et jeunes femmes pop-stars ne répondent pas aux normes séxualisantes créées par et pour les hommes dans notre société pour déplacer la norme (la normalité, l'idéal à atteindre) sur des représentations plus "neutres", différentes ? Ou au contraire, doit-on continuer avec les poses jugées sexualisantes en changeant en priorité les discours qui les accompagnent ? Comment faire évoluer au maximum les mentalités ? Il me semble que ce que fait Billie Eilish ici c'est apprendre à se réapproprier ce corps qu'elle (a) déteste et qu'on lui a appris à détester. Elle est consciente qu'elle va être sexualisé mais elle le fait tout de même... Alors pourquoi ? Peut-être qu'elle s'approprie le stigmate qui pèse sur le corps des femmes en le montrant avec fierté, pour une occasion. Est-ce qu'elle ne casse pas particulièrement les codes et les normes JUSTEMENT en associant ces représentations (que notre oeil de spectateur.ice.s va directement associer à la sexualité car la société nous apprend à réfléchir comme ça) AVEC un discours aussi fort dénonçant ces normes ? Est-ce que finalement ca n'est pas ça la vraie provocation ? Elle nous le dit haut et fort : le problème ce n'est pas moi, le problème ce n'est pas cette couverture : le problème c'est ce que nous en faisons, c'est nous, c'est vous, c'est la société, et c'est ce qu'on décide d'interpréter et ce qu'on associe à un type précis de pose, couleurs, vêtements, symboles, partie du corps, âge, etc. Nous devons changer nos représentations, qui passent bien sûr par les images mais aussi par les discours associés à ces images.