Je trouve toujours dommage de résumer des personnages de façon aussi unilatérale et d'occulter certaines facettes de leur personnalité (parfois contradictoires) imaginées par l'auteur.e. Je sais pas, c'est pas très intéressant de se borner à les mettre dans des petites cases de "gentils" ou "méchants", si ?
Ils sont souvent un peu mieux écrits que ça, y compris quand l'histoire semble assez manichéenne au premier abord.
Le Diable s'habille en Prada ne m'attirait absolument pas quand j'en avais entendu parler, je m'attendais à un truc ultra cliché et niaiseux, mais au final j'ai bien aimé. Chaque personnage est réaliste et "humain" (dans le sens où on peut facilement s'identifier à leurs dualités et vaguement comprendre leurs motivations/points de vue, même si tout n'est pas reluisant). Je n'ai plus tous les passages du roman ou de l'adaptation en tête avec exactitude, mais Miranda est ambitieuse oui, égoïste très certainement, usant (et parfois abusant allègrement) de son influence et du pouvoir que lui confèrent les autres. Pour moi c'est un personnage complexe, intransigeant, persévérant, combatif, qui ne recule devant rien pour préserver l'empire qu'elle a créé, qui se revendique comme une self made woman dans un monde patriarcal. Mais aussi qui se cache derrière des arguments plus ou moins recevables pour justifier le harcèlement qu'elle fait subir à ses employées, qui est franchement invivable avec sa "cour" qu'elle tyrannise (cet aspect est un peu édulcoré dans l'adaptation) et qui perpétue une certaine forme d'oppression tout en en dénonçant une autre. Et l'un n'empêche pas l'autre. En fait, à travers Miranda, Emily, Andrea ou même Christian, je vois surtout une critique de l'industrie de la mode, des strass et des paillettes, de la glamourisation à l'extrême. Chacun de ces personnages réagit comme il peut (et comme il est) aux oppressions et aux injonctions qu'il subit à son échelle, les reportant fatalement sur les autres, continuant de faire tourner la roue qui les écrase au lieu de la briser. En définitive, je suis assez d'accord avec
@Andrealphussette.
A ce titre, je ne perçois pas du tout Nate comme le méchant garçon qui ne supporte pas la réussite sociale de sa compagne, qui veut lui mettre des bâtons dans les roues et doucher ses ambitions (même si c'est ce qu'elle ressent à l'instant T). C'est juste le seul personnage étranger à tout ça. Et donc le seul qui a un minimum de recul sur cette situation qui lui paraît complètement délirante. Il continue de mener sa petite vie lambda, il voit en parallèle sa petite amie se perdre lentement dans un cadre de travail toxique, se faire lentement modeler et briser sous ses yeux. C'est le seul point d'ancrage d'Andrea dans la réalité, loin de la superficialité. Pour moi, Nate se fait un peu la voix des lecteurices (et celle de l'auteure ?), son point de vue extérieur servant surtout à dénoncer ou à faire réfléchir.
On peut détester certains de ces personnages et en préférer d'autres, leur trouver des circonstances atténuantes ou penser au contraire que rien ne les excuse. C'est à l'appréciation de chacun.e. Mais en tout cas ça me paraît un peu simpliste de les cantonner au bon ou au mauvais rôle.
(Edit : oubli de mot)