Hello hello
Je suis la fondatrice et prof de ce lieu. Je me permets d’amener des éléments de réponse
Il faut bien distinguer les cours en studio et ceux en asso. Asso : les locaux sont souvent prêtés par la ville (salle des fêtes, salle communale, gymnase...), les profs peuvent être salariés de l’asso (et donc recevoir un salaire fixe), les profs peuvent louer des salles et les payer à l’heure (donc ils ne paient pas un local s’ils ne l’utilisent pas). Studio de yoga : les profs doivent payer un loyer/emprunt pour le local (et à Paris, on peut facilement payer 1300€ minimum pour un local, sans oublier qu’ils doivent aussi payer le loyer de leur logement perso), les profs sont payés selon les inscriptions à leurs cours, les locaux sont à payer même s’ils ne sont pas utilisés (vacances, covid,...). Il y a aussi des profs qui sont indépendant.e.s, qui louent des créneaux à des studios. Et d’autres qui bossent pour des studios (on les paie X€ pour un cours, peu importe le nombre d’élèves). Enfin, un local à Rennes ne coûte pas le même loyer qu’à Paris. Voilà pourquoi les prix en asso ne sont pas les mêmes qu’en studio (et encore, je ne connais pas toutes les spécificités de monter une asso). Et pour info, un studio de yoga peut être acteur du quartier. Dans mon cas, la plupart de mes élèves viennent du quartier et à force de se croiser dans mes cours, certaines personnes se sont rapprochées et se voient en dehors des cours. L’ambiance y est très bienveillante et même entre élèves qui n’hésitent pas à s’entraider sur le tapis.
De plus, il faut savoir que beaucoup de profs ne le sont pas à plein temps et ont un autre boulot à côté. Perso, j’ai décidé de me mettre à 100% en tant que prof, du coup les mois où j’ai moins d’inscriptions, je n’ai pas d’autres sources de revenus et c’est plus galère. La différence de prix entre les profs et cours de yoga peut aussi venir de là ! Être prof est un métier. Qu’il soit de sport, de yoga, de danse, de poterie, de cuisine... les profs ont des compétences, prennent du temps et non, ils ne peuvent pas vivre que de yoga et d’eau fraîche. Il est normal, surtout quand c’est une activité en plein temps et qu’on le fait indépendamment de toute structure, de pouvoir se rémunérer ou au moins de pouvoir payer ses loyers (pro et perso).
Dernière chose concernant les prix (je ne vais pas parler des assos) : un cours de danse à Paris coûte 17-20€ (studio harmonic, centre des arts vivants, le marais...) et un cours de yoga coûte 15-30€ selon l’endroit (hors Oly be). Oui, c’est cher en soi, mais ce sont les prix de Paris. Un studio, c’est un.e prof, une philosophie, une pédagogie, un lieu... Parfois on peut payer 20€ et se retrouver dans une salle avec 10-15 personnes et la/le prof qui ne peut pas prendre du temps pour aller assister chaque élève. Me concernant, je ne reçois que 5 élèves max justement pour avoir le temps de donner des conseils et des ajustements personnalisés à chaque personne. Pendant la crise du covid, je ne reçois que 3 élèves max, c’est du semi privatif à 25€, quand on sait qu’un cours particulier coûte 60€ minimum... Quelle serait la valeur de mon cours avec la promesse du petit groupe et des conseils personnalisés s’il était au même prix qu’un cours à 15 personnes ?
Quant au fait de marketer le body positive, ce n’est pas mon cas. Si vous veniez à un de mes cours ou si vous parliez à mes élèves, vous verriez que l’intention est sincère. Je ne me sers pas de ça pour « vendre » mon studio, je n’en ai pas besoin. C’est juste que venant de la danse et du cirque, là où les pratiquant.e.s étaient plus physiquement diversifié.e.s, le yoga parisien en studio m’a un peu refroidie. C’est tout. Oui, le yoga est de base une pratique inclusive avec des valeurs de bienveillance, de respect et d’accueil. Mais dans la réalité, en tout cas dans les studios parisiens, on ne retrouve que des femmes, 25-40 ans, blanches, minces et souples. Trouvez-moi des profs de yoga français.e.s sur les réseaux sociaux qui parlent de diversité. Il n’y en a pas beaucoup ! Ne voyez pas mon discours comme du marketing mais plutôt comme une volonté de parler de choses que beaucoup de gens n’ont jamais entendu dans ce genre d’endroit. Si vous avez été dans des lieux où les profs vous mettent à l’aise, tant mieux. Mais, pour en avoir parlé avec mes élèves, c’est loin d’être le cas de beaucoup de personnes qui ont été attristées par une remarque un jour sur leur poids, leur morpho, leur niveau, leur souplesse ou qui ne sont pas ajustées selon leurs besoins (quand on a un ventre ou une poitrine qui nous gêne et nous empêche de nous pencher vers l’avant par exemple)... et qui se sont dit « ok, le yoga ce n’est donc pas pour moi ». Ma volonté est de démocratiser le yoga en m’adressant à des gens qui ont des a priori ou qui ont été blessées par le passé « mais si, toi aussi tu peux pratiquer le yoga ». Vous, vous connaissez déjà. Dernière chose : on a dit que sur mon site il n’y avait quasi que des personnes blanches et minces, ce qui ne reflète pas l’idée que je veux passer. Excusez-moi d’avoir fait les photos avec les seuls proches qui étaient disponibles le jour du shooting... Le marketing aurait voulu que je paie des personnes pour avoir plus de diversité. Et bien je n’ai pas joué ce jeu.
Enfin, concernant mon Instagram, si vous y faites un tour, vous verrez que sur 6 publications par semaine, je n’en mets que 2 sur moi (alors que la plupart des profs de yoga ne postent que des photos d’eux). Je parle de philosophie du yoga (j’en parle aussi pendant mes cours) pour replacer le yoga dans son contexte et transmettre que ce n’est pas qu’une activité sportive mais bien plus. Ensuite, je poste 2 tutos par semaine pour aider les gens, quelle que soit leur morpho et leur niveau, à avancer dans leur pratique. Il y a des personnes non souples, des personnes de 40-60 ans, des personnes qui ont des rondeurs... Pour ne pas faire des tutos avec des yoginis minces, jeunes et souples, ce qui peut décourager les gens à pratiquer. Enfin, je mets régulièrement en avant mes élèves qui parlent de comment le yoga les aide dans la confiance en soi, le bien être, la respiration...
Et sinon, Aïda, la journaliste qui a écrit l’article est venue prendre un cours au studio.
Désolée, c’était un peu trop long