J'avoue que rien que l'article m'a bouleversée, je suis très tentée d'acheter le livre mais ça remue tant de choses.
La phrase que je retiens n'est celle-ci, tellement elle résonne en moi
"Toutes ces premières fois sont indélébiles, parce qu’elles sont vécues avec une telle intensité."
Je vais un peu vider mon sac, ne m'en veuillez pas
.
Avant cette grossesse... Mon parcours difficile
J'ai vécu 3 grossesses, 3 fausses couches dont une (la première) à 12 semaines. L'arrêt de grossesse avait été révélé par l'échographie (un choc), et le médecin voulait attendre 10 jours pour être sûr avant de retirer le sac gestationnel déjà gros. Je ne voulais qu'une chose, que cet embryon non développé qui squattait mon ventre et m'empêchait de retomber enceinte dégage. Je ressentais beaucoup de colère.
5 jours après, fausse couche spontanée, hémorragique. Nuit terrible à l'hôpital et 10 jours d'arrêt de travail.
Ensuite un œuf clair (perdu au boulot, mais j'ai géré), et puis une autre FC spontanée à 6 semaines (curetage pour pouvoir faire des analyses dessus), tout ça m'a fait douter de ma capacité à devenir mère un jour et c'était inacceptable dans mon esprit.
Étant retombée enceinte,
J'avais une malformation placentaire rare (insertion vélamenteuse du cordon) avec un risque d'arrêt prématuré de croissance foetale et autres réjouissances. Surveillance écho toutes les 3 semaines, je faisais de mon mieux pour ne pas flipper (j'ai ignoré volontairement mon bébé pendant les 12 premières semaines).
A chaque étape une victoire, les 24 semaines, le premier kilo, un poids faible mais cohérent (8eme percentile).
Second trimestre actif, vélo, marche... Puis d'un coup les jambes coupées, la fatigue. A l'analyse mensuelle du 7eme mois, résultat très anormal. Je faisais une pré-éclampsie.
Injection de corticoides, surveillance maman et bébé...
A ce stade, j'avais cumulé assez de mauvaises nouvelles pour savoir que ça finirait très bientôt, et en césarienne (que je vous raconterai peut être un jour).
Avec 7 semaines d'avance, j'ai donné naissance à un poids plume de 1,8kg. Par chance il ne montrait pas de problème de santé. Couveuse, tubes dans tous les sens, mais pas de respirateur.
La vie d'une maman en néonatalogie est un calvaire, d'autant plus si on allaite (enfin, on tire son lait jour et nuit 8 fois par 24h, on donne le sein à son petit bout qui ne sait prendre que quelques millilitres (et fait mal au sein), puis on le garde au sein pendant qu'il est nourri par sonde pour qu'il associe les deux, et on le garde un peu plus quand l'estomac est plein pour éviter le reflux. Avec ça il reste 1h pour manger, dormir ou se laver, et on recommence).
J'ai essayé d'expliquer ça autour de moi mais personne ne peut comprendre. On désespère de sortir de cet enfer, que notre petit soit enfin adapté à la vie extra-utérine et hors de danger. Le temps disparaît. Notre identité s'efface. On perd même notre humanité.
Et quand ENFIN on nous laisse sortir, on flippe à mort quand on débranche les moniteurs. On flippe parce qu'on sort du cocon rassurant, on quitte les auxiliaires de puériculture et les infirmières, on se retrouve seuls.
Pour le papa et moi, ça a été une délivrance, ça a été facile, parce qu'on a bien été coachés, et parce que c'était le moment.
Mon fils est né il y a 7 mois mais malgré le travail que j'ai fait sur moi (les psychologues sont indispensables dans ces unités et pour ma part ont été très disponibles), lire cet article m'a fait pleurer, un peu parce que je panse encore mes blessures de guerre, un peu par fierté d'y être finalement arrivée.
Aujourd'hui mon bébé a commencé les purées, et je l'allaite toujours. Tous les efforts et les sacrifices valaient la peine . Il grandit vite et bien, mon petit bonhomme.