En lisant l'article, j'ai pensé tout du long "mais wtf ?". Donc forcément, je suis allée lire la publication et son état de l'art
Eh ben je n'ai pas été déçue du voyage, c'est un immense sketch ce papier Oh ça ne pourra pas battre d'autres horreurs que j'ai déjà croisé mais dans le genre on pose des corrélations oklm, c'est pas mal.
Pour commencer, je devine bien que le sujet est neuf (les publis tournent autour de 2015-2021) et qu'il y a donc de gros trous scientifiques, MAIS BON. Je ne mets pas en spoiler car même les non-inscrits méritent mon pavé vénèr
Déjà l'intro, qui sert d'état de l'art du domaine, fait assez lever les yeux au ciel parce que plusieurs phrases sont totalement paradoxales. D'un côté, on nous dit que le parasite altère les traits physiques au point d'empêcher une reproduction sexuelle des hôtes... de l'autre, que non, non ça va parfois il évolue pour justement améliorer les traits et favoriser la reproduction
Ensuite, que le parasite provoque des pulsions de mort chez les animaux (plusieurs publis), ce qui entre totalement en contradiction avec l'objectif de "rendre beau" pour justement se transmettre d'hôte en hôte, notamment sexuellement
Est alors évoquée une publication sur "l'impact du parasite sur l'homme" que je suis allée lire. Cette étude cherche à démontrer que tout comme le rat trouve subitement attirant l'odeur du chat pour aller se faire bouffer, l'humain aussi a son odorat et sa perception des odeurs modifiés. Donc des hommes et des femmes, infectés ou non sans en être au courant, ont sniffé de l'urine de divers animaux pour dire si l'odeur est plaisante ou non.
Verdict : aucune différence entre les gens infectés et non-infectés pour 4 animaux sur 5 (cheval, tigre, hyène, chien). Dans le cas du chat, les hommes infectés trouvent l'odeur plus plaisante que les non-infectés... un résultat en total opposition avec les femmes !
(Moi, bizarrement, j'y aurais d'abord vu le biais de qui se tape le nettoyage des litières à la maison mais bon Les biais n'existent pas chez eux apparemment)
Alors quand on revient à la publication d'origine de Borráz-León
et al. , le papier lui-même fait remarquer que c'est quand même con que cette "pulsion de mort par inversion des odeurs" vienne jusqu'à l'homme qui n'a plus de prédateur par lequel se faire bouffer pour continuer de propager le parasite. Ah mais c'est pas grave ! C'est parce que nos ancêtres, eux, étaient des proies faciles "des gros chats"
Even though humans are no longer common prey of big felines, it is possible that T. gondii manipulated hominid behavior in the past, thus making our ancestors easier targets for big cats
Putain c'qu'on était cons au... heu... à la préhistoire.
Et ça continue perpétuellement dans l'intro. Toute info donnée est la seconde d'après contrebalancée par une info paradoxale ("les rats infectés sont privilégiés par les femelles non-infectées pour se reproduire (ça fait 2 facteurs à prendre en compte déjà, c'est une conclusion bancale)... ah mais ensuite, les femelles évitent les rats mâles infectés pour protéger leur descendance... mais non, en fait, le parasite a trouvé une contre-stratégie !"
)
in one study,
Toxoplasma-infected male rats were perceived as more sexually attractive and were preferred as sexual partners by non-infected females (
Dass et al., 2011). Although females’ aversion to parasitized males may have evolved to avoid direct infection during mating and to minimize the chances to produce offspring with low heritable parasitic resistance (
Hamilton & Zuk, 1982;
Able, 1996;
Van Leeuwen & Petersen, 2018), parasites may have developed counterstrategies to manipulate host appearance and behavior to overcome this typical female aversion (
Dass et al., 2011).
Tout ça pour glisser au milieu que neurobiologiquement, on sait pas trop comment ça fonctionne de toute façon ce bordel, y a presque pas d'études dessus
Donc en gros, ils ont pris une population (gens avec ou sans parasite) et décidé de voir si aux yeux d'eux-mêmes et une population, elle est ou pas canon (selon des standards archaïques). Bah, je demande à voir la même étude mais avec comme facteur, non pas le parasite, mais le fait d'aimer la moutarde par exemple
Tant qu'à y aller sans preuve neurobio.
Oui parce que les ponts sont très vite fait ! Une étude a démontré que les hommes infectés par le parasite ont plus de testostérone ? Yes, ça tombe bien une autre étude a déterminé que plus un homme a de la testostérone, plus il est "beau", CQFD ! (what a surprise...). Comment ? Si les femmes infectées ont plus de testostérone et sont moins "belles" ? Ah bah non parce que justement , elles ont moins de testostérone ! et...oh bah ça, aucune différence d'appréciation des traits physiques avec les non-infectées ! C'est con ça dis donc !
On tenait presque une piste.
Attendez, c'est pas finiiiiiiiii.
Il a également été "démontré" que les hommes parasités ont un changement de "personnalité", ils sont "plus jaloux, impatients, suspicieux" alors que les femmes parasitées sont plus "consciencieuses, chaleureuses, persévérantes, extraverties"... MAIS CA C'EST FOU DIS DONC !
Surtout quand la méthode repose uniquement sur des questionnaires !!! Voilà mesdames, ne cherchez plus ! Vu qu'apparemment 50% de la population est contaminée de ce parasite (bien que majoritairement asymptomatique), la violence pouvant découler de ces comportements masculins n'est autre que la conséquence d'un parasite !
RIEN A VOIR avec le contexte social on vous dit.
On repassera sur le fait que les évaluations de "l'attraction/la beauté" repose sur des bases bien archaïques de "un beau visage fait tel ratio entre les oreilles et le nez" et de questionnaires parfois très solides reposant sur une seule question (oui oui).
En tous cas, n'hésitez pas à aller vous faire tester pour prouver à votre banquier que si vous êtes dans le rouge, c'est parce que votre parasite dans le cul vous pousse dans des pulsions "de mort économique" (je déconne pas : "Higher financial risk behavior has also been reported in
Toxoplasma-infected individuals (
Johnson et al., 2018)").
On s'embêtera pas à critiquer les écart-types larges comme des Paris-Bruxelles qui font que "les différences entre ce groupe et ce groupe sont évidents !" (non).
Bref, je découvre qu'il existe un gouffre incroyable menant vers une autre dimension appelée le Toxoplasma-world où visiblement beaucoup de gens s'amusent à trouver des corrélations sans vraiment démontrer de vrais liens tangibles passant par, oh je sais pas moi, la neurobiologie ou la biologie tout court !
Vraiment, j'attends avec impatience l'étude qui démontrera que si les gens aiment écouter Sardou en 2022 c'est uniquement par la pulsion de mort du parasite Toxoplasma.