@Belllinda oui en 1984 et depuis plus aucun de ses films n'a été primé en France.
Les récompenses sont certes importantes pour témoigner de la reconnaissance à un artiste et le populariser auprès du public, mais ça n'est pas suffisant. La notoriété et la postérité passent aussi par les financements, les collaborations, les rétrospectives, les rééditions de films, les rediffusions à la télé, les programmes scolaires, les analyses de l'oeuvre par la critique, éventuellement les livres, les expo... Après je suis pas spécialiste, donc aussi bien tout ça a déjà été fait et c'est juste moi qui manque de culture, mais ne découvrir l'existence de cette artiste que maintenant ça me donne quand même le sentiment qu'on laisse un pan entier de la culture française dans l'ombre. Du coup je me demande combien d'autres cinéastes antillais sont ignorés comme ça.
Par exemple avec Black Lives Matter, ça aurait été l'occasion de se rappeler qu'en France on a des artistes noires engagées et que ça fait partie de notre culture, mais non, il faut attendre que les Américains s'emparent de cette réalisatrice pour s'en rappeler. D'ailleurs, peut-être qu'on aurait pas eu besoin que BLM nous arrive des Etats-Unis pour secouer l'opinion publique, si l'oeuvre de Euzhan Palcy était un peu mieux connue en France
C'est dingue quand même, la propension qu'on peut avoir en France, à exclure, ignorer ou mépriser les modèles de réussite qui sortent des codes bourgeois dominants (genre l'artiste né.e dans une famille blanche, éduquée, citadine, et déjà bien introduite dans le milieu artistique et culturel). Je rapproche ça de Aya Nakamura qui se fait conspuer par une partie des médias. On aime ou on n'aime pas sa musique hein, mais parfois les journalistes quittent le domaine de la simple critique musicale pour flirter avec du bon mépris de classe. Enfin je sais pas, je trouve ça con que certains artistes français n'obtiennent de la reconnaissance qu'à l'étranger et pas dans leur propre pays, juste parce qu'on leur refuse la place qu'ils méritent.
