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Un banc de l’amitié, une chouette solution contre l’isolement à l’école
Un banc de l’amitié, une chouette solution contre l’isolement à l’école
Commentaires sur Un banc de l’amitié, une chouette solution contre l’isolement à l’école
- Initiateur de la discussion Manon Portanier
- Date de début
L'idée me paraît sympa pour des écoles primaires. Et c'est bien que ça vienne d'une élève. Je ne sais pas d'ailleurs si on doit trouver ça rassurant ou inquiétant qu'une enfant de CM1 ait de meilleures idées pour lutter contre le harcèlement qu'un ministre de l'éducation ?
Par contre je n'y crois pas du tout pour des collèges. Ce n'est pas le même public, je ne pense pas que les solutions puissent être exactement les mêmes.
Par contre je n'y crois pas du tout pour des collèges. Ce n'est pas le même public, je ne pense pas que les solutions puissent être exactement les mêmes.
Dernière édition :
A la limite en primaire ça pourrait passer, mais dans les classes supérieures je n'y crois pas une seconde. Je ne donne pas une semaine pour que le truc soit taggé et surnommé "banc des sans-amis", "banc des fragiles" ou quelque chose du genre (croyez-en quelqu'un qui bosse en collège, c'est tout sauf le monde des Bisounours).
Bien sûr il y aura des élèves mignons qui joueront le jeu, mais d'autres pourriront certainement le truc et à mon avis il n'y a pas grand-monde qui osera s'asseoir sur ce banc (au risque d'être encore plus pointé du doigt voire pris pour cible).
M'enfin bon, l'intention est sympathique...
Mais je pense que plutôt qu'un objet public qui attire l'attention, une bonne idée serait d'amener les élèves à passer plus de temps entre eux et à se mélanger davantage l'air de rien. Genre favoriser les activités d'interaction, d'entraide et les moments fun (je ne parle pas nécessairement des cours mais plutôt en dehors, on pourrait débuter ne serait-ce qu'avec de vraies journées d'intégration chaque année). Il faudrait bien sûr faire en sorte de "mixer" les élèves sans les laisser choisir leurs groupes (sinon ils se retrouvent tous entre potes), en faisant quand même attention à ne pas mettre le/la bully de service avec un.e élève plus fragilisé.e (surtout s'il y a des antécédents)... Et faire en sorte qu'ils aient besoin les uns des autres pour accomplir certaines activités et qu'ils passent de bons moments ensemble. En bref, qu'ils apprennent à se connaître et à se côtoyer, mais sans forcément que ça soit visible à première vue ou que ça semble forcé, ni que ça stigmatise les personnes qui ont plus de difficultés à s'intégrer.
On aime déjà bien faire ce genre d'activités ici, mais c'est encore trop occasionnel et c'est dommage parce que je trouve que ça marche pas mal.
Bien sûr il y aura des élèves mignons qui joueront le jeu, mais d'autres pourriront certainement le truc et à mon avis il n'y a pas grand-monde qui osera s'asseoir sur ce banc (au risque d'être encore plus pointé du doigt voire pris pour cible).
M'enfin bon, l'intention est sympathique...
Mais je pense que plutôt qu'un objet public qui attire l'attention, une bonne idée serait d'amener les élèves à passer plus de temps entre eux et à se mélanger davantage l'air de rien. Genre favoriser les activités d'interaction, d'entraide et les moments fun (je ne parle pas nécessairement des cours mais plutôt en dehors, on pourrait débuter ne serait-ce qu'avec de vraies journées d'intégration chaque année). Il faudrait bien sûr faire en sorte de "mixer" les élèves sans les laisser choisir leurs groupes (sinon ils se retrouvent tous entre potes), en faisant quand même attention à ne pas mettre le/la bully de service avec un.e élève plus fragilisé.e (surtout s'il y a des antécédents)... Et faire en sorte qu'ils aient besoin les uns des autres pour accomplir certaines activités et qu'ils passent de bons moments ensemble. En bref, qu'ils apprennent à se connaître et à se côtoyer, mais sans forcément que ça soit visible à première vue ou que ça semble forcé, ni que ça stigmatise les personnes qui ont plus de difficultés à s'intégrer.
On aime déjà bien faire ce genre d'activités ici, mais c'est encore trop occasionnel et c'est dommage parce que je trouve que ça marche pas mal.
KtyKonéko
adulte à temps partiel & autrice de fanfiction
@ just_in_case
j'ai subi le harcèlement scolaire du primaire au lycée
ça se passait sous le nez des profs, du personnel encadrant, qui voyaient mais regardaient ailleurs. Et encore, y'avait ni internet, ni téléphone portable à l'époque
les activités de groupe quelles qu'elles furent étaient mon cauchemar absolu, car les harceleur profitent de l'effet de groupe pour faire leurs petits coups sournois...
même en empêchant aux élèves de choisir un groupe, s'iels ne veulent pas de toi, iels feront leurs trucs dans leur coin sans te donner le droit à la parole en mode « Tais-toi, de toute façon, toi, tout ce que tu dis es nul» et j'ai finis par penser que j'étais effectivement nulle...
j'ai subi le harcèlement scolaire du primaire au lycée
ça se passait sous le nez des profs, du personnel encadrant, qui voyaient mais regardaient ailleurs. Et encore, y'avait ni internet, ni téléphone portable à l'époque
les activités de groupe quelles qu'elles furent étaient mon cauchemar absolu, car les harceleur profitent de l'effet de groupe pour faire leurs petits coups sournois...
même en empêchant aux élèves de choisir un groupe, s'iels ne veulent pas de toi, iels feront leurs trucs dans leur coin sans te donner le droit à la parole en mode « Tais-toi, de toute façon, toi, tout ce que tu dis es nul» et j'ai finis par penser que j'étais effectivement nulle...
@KtyKonéko
Déjà
Je suis toujours atterrée quand j'apprends ce genre de choses, je ne sais pas si c'est l'époque qui a changé ou si ça dépend des lieux d'enseignement, mais c'est inimaginable par chez moi. Je ne dis pas que tous les collègues sont top là-dessus, et honnêtement certains sont aussi trop débordés pour se rendre compte de ce genre de choses, mais pour la plupart franchement je ne les vois pas fermer les yeux sur quelque chose de flagrant (je dis bien flagrant, parce que des fois on ne peut pas savoir vu que les élèves ont tous plus ou moins tendance à se tailler entre eux). Perso je suis la première à recadrer sévèrement la moindre connerie un peu méchante, genre ne serait-ce que se moquer du prénom d'un autre, et je sais que je ne suis pas la seule quand je vois mes collègues proches. Toutes les fois où on nous a signalé du harcèlement (un ou des élèves qui viennent nous voir), ça a été pris au sérieux, il y a toujours eu des convocations d'élèves et de parents, des sanctions prises (mais souvent pas suffisantes à mon goût par contre, l'Education Nationale étant globalement trop laxiste) et une surveillance accrue des élèves concernés... Ils savent que notre porte est toujours ouverte pour parler et on leur dit. On fait aussi de la sensibilisation au harcèlement en classe, peut-être pas assez (parmi les millions d'autres choses à faire) mais c'est fait tous les ans. Après des fois on cherche des idées (genre comment intégrer davantage un.e élève plus timide, moins populaire ou autre) mais ce n'est pas facile et je pense qu'il vaut mieux éviter le forcing mais plutôt manoeuvrer sans qu'ils s'en rendent forcément compte. Un truc tout con aussi mais dans ce cas il m'arrive de solliciter discrètement le/la délégué.e de classe / un.e élève particulièrement sympa pour lui demander si untel.le a l'air bien dans la classe, a des copains/copines etc, et si non alors je les encourage fortement à aller lui parler un peu plus, lui demander comment ça va, et essayer de l'intégrer au groupe pendant les récrés ou autres par exemple.
Si quelqu'un a d'autres idées / activités concrètes qui ont fait leurs preuves, je suis preneuse
Après y a pas de solution magique contre le harcèlement, y en a jamais eu. C'est pour ça que je pense que ce genre d'activité de groupe basé sur l'entraide marche surtout entre des élèves qui ne se connaissent pas, parce que l'effet de groupe n'est pas forcément positif effectivement, surtout si des clans sont déjà formés. Le but c'est surtout de retarder leur formation, ou plutôt de n'en exclure personne...
Et il faut aussi que tout le monde ait un rôle positif et essentiel à jouer, sans que ça puisse se retourner contre la personne si jamais le groupe "perd" une activité par exemple et qu'on dise que c'est de la faute de telle personne. Du coup il faut aussi éviter les trucs trop compétitifs. Pas facile mais je suis sûre que certaines activités peuvent s'y prêter.
En tout cas j'ai déjà pu voir que le fait de "mixer" les élèves avait de bons effets sur certains : par exemple un élève autiste très timide qui, à force d'être assis à côté d'un même élève sympa en classe et de faire certaines activités ensemble, ou même juste de se côtoyer, est devenu copain avec lui et s'est un peu plus ouvert aux autres. Je précise que c'est moi qui ai choisi les places et que je ne l'ai pas fait au hasard. Mais malheureusement ça ne peut pas marcher tout le temps ni dans toutes les situations. C'est juste une piste...
Déjà
Je suis toujours atterrée quand j'apprends ce genre de choses, je ne sais pas si c'est l'époque qui a changé ou si ça dépend des lieux d'enseignement, mais c'est inimaginable par chez moi. Je ne dis pas que tous les collègues sont top là-dessus, et honnêtement certains sont aussi trop débordés pour se rendre compte de ce genre de choses, mais pour la plupart franchement je ne les vois pas fermer les yeux sur quelque chose de flagrant (je dis bien flagrant, parce que des fois on ne peut pas savoir vu que les élèves ont tous plus ou moins tendance à se tailler entre eux). Perso je suis la première à recadrer sévèrement la moindre connerie un peu méchante, genre ne serait-ce que se moquer du prénom d'un autre, et je sais que je ne suis pas la seule quand je vois mes collègues proches. Toutes les fois où on nous a signalé du harcèlement (un ou des élèves qui viennent nous voir), ça a été pris au sérieux, il y a toujours eu des convocations d'élèves et de parents, des sanctions prises (mais souvent pas suffisantes à mon goût par contre, l'Education Nationale étant globalement trop laxiste) et une surveillance accrue des élèves concernés... Ils savent que notre porte est toujours ouverte pour parler et on leur dit. On fait aussi de la sensibilisation au harcèlement en classe, peut-être pas assez (parmi les millions d'autres choses à faire) mais c'est fait tous les ans. Après des fois on cherche des idées (genre comment intégrer davantage un.e élève plus timide, moins populaire ou autre) mais ce n'est pas facile et je pense qu'il vaut mieux éviter le forcing mais plutôt manoeuvrer sans qu'ils s'en rendent forcément compte. Un truc tout con aussi mais dans ce cas il m'arrive de solliciter discrètement le/la délégué.e de classe / un.e élève particulièrement sympa pour lui demander si untel.le a l'air bien dans la classe, a des copains/copines etc, et si non alors je les encourage fortement à aller lui parler un peu plus, lui demander comment ça va, et essayer de l'intégrer au groupe pendant les récrés ou autres par exemple.
Si quelqu'un a d'autres idées / activités concrètes qui ont fait leurs preuves, je suis preneuse
Après y a pas de solution magique contre le harcèlement, y en a jamais eu. C'est pour ça que je pense que ce genre d'activité de groupe basé sur l'entraide marche surtout entre des élèves qui ne se connaissent pas, parce que l'effet de groupe n'est pas forcément positif effectivement, surtout si des clans sont déjà formés. Le but c'est surtout de retarder leur formation, ou plutôt de n'en exclure personne...
Et il faut aussi que tout le monde ait un rôle positif et essentiel à jouer, sans que ça puisse se retourner contre la personne si jamais le groupe "perd" une activité par exemple et qu'on dise que c'est de la faute de telle personne. Du coup il faut aussi éviter les trucs trop compétitifs. Pas facile mais je suis sûre que certaines activités peuvent s'y prêter.
En tout cas j'ai déjà pu voir que le fait de "mixer" les élèves avait de bons effets sur certains : par exemple un élève autiste très timide qui, à force d'être assis à côté d'un même élève sympa en classe et de faire certaines activités ensemble, ou même juste de se côtoyer, est devenu copain avec lui et s'est un peu plus ouvert aux autres. Je précise que c'est moi qui ai choisi les places et que je ne l'ai pas fait au hasard. Mais malheureusement ça ne peut pas marcher tout le temps ni dans toutes les situations. C'est juste une piste...
Quand j'étais au collège, j'allais me cacher dans les couloirs pendant les récrés. Ou alors j'allais au CDI. La dame du CDI n'a d'ailleurs jamais compris pourquoi j'y allais toujours pendant les récrés, et si jamais ce charmant prof de maths (qui avait le même nom qu'un célèbre auteur de Fables) passait par là, il me hurlait dessus en me disant que je n'avais rien à faire là pendant les récréations et que ma place était dans la cour. Alors j'allais me cacher ailleurs. Vous imaginez pas tout ce qu'on peut trouver comme endroit...
Moi aussi j'étais harcelée devant mes profs. Devant les surveillants. Un jour, je suis arrivée avec 30 minutes de retard, en larmes, escortée par une pionne. Elle a dit au prof qu'il y avait un problème. Il a dit "oui oui". À l'heure actuelle, il n'a toujours rien fait pour m'aider.
Il n'y a qu'une seule prof qui m'a dit aidée. Et elle était seule contre l'équipe pédagogique.
Ma prof principale avait consenti à un entretien entre un de mes harceleurs et moi. En lui disant "mais c'est pas bien ce que tu fais enfin". En partant elle a dit bien fort "Bon aller, j'ai autre chose à faire que m'occuper de ces conneries".
La même prof qui avait consenti à un entretien avec ma mère, après 15 demandes de ma mère. Cette prof m'avait dit "oui mais tu sais il faut te défendre aussi ! Regarde mon fils, il a été harcelé, il lui a fait une prise de judo et c'était terminé !". En sortant, j'étais derrière hein, je l'entends dire à ma mère "Il a jamais fait de judo mon fils mais j'espère que là elle a compris". EL FAMOSO "Apprends à te défendre".
Bah vous voyez, la semaine dernière, j'ai fait une journée de théâtre forum pour la journée des directeurs de l'animation. L'un des thèmes d'impro qui est revenu deux fois, c'est le harcèlement entre élèves. Le théâtre forum, c'est jouer une scène initiale qui doit obligatoirement finir en drame, pour faire réagir les gens, et leur demander comment améliorer la situation. Au premier rang, on avait une Mireille de 50 balais, qui avait réponse à tout, qui était chiante et ouvertement présomptueuse.
J'ai joué une animatrice abominable... Mais en fait j'ai juste repris ce qu'on m'a toujours dit.
"Bah quoi on va pas encore appeler ta mère ?! Tu peux pas te défendre tout seul ? T'arriveras jamais à rien dans ta vie si tu te défends pas !".
Ça a fait réagir. Mireille a dit que j'étais "une méchante animatrice". Je lui ai répondu que c'était du vécu.
On a rejoué la scène, j'ai fait une autre animatrice, et des gens ont relevé que j'avais dit à la harceleuse "j'ai vu ce que tu lui fais".
Réaction "Elle voit mais elle dit rien, c'est pire !".
Pire, mais la réalité c'est ça.
Mireille a dit que j'étais "trop dans l'affect, on ne défend pas un enfant comme ça, il y a des enfants qui aiment jouer les victimes, et puis on est sûr de rien, il ne faut pas croire les enfants".... Je l'aurais tapée.
Des gens ont réagi oui, mieux que Mireille, mais aucun d'entre eux n'est venu prendre mon rôle pour montrer comment agir efficacement.
Ce banc de l'amitié, c'est une énième connerie du gouvernement, on dirait Le Manège Enchanté "On va mettre un banc et ça ira mieux youpiiiiii".
Même en primaire, ça peut mal tourner. Même à la maternelle.
Ça va devenir le banc des trous du cul, le banc des sans-amis, le banc des cas sociaux, le banc des boloss ; et le remède sera pire que le mal.
Mais encore une fois, au lieu de proposer quelque chose du genre, une formation sur le harcèlement, comment gérer les situations de harcèlement, comment intervenir en tant qu'adulte... On met un putain de banc.
Emmanuelle Piquet, psychologue, (et j'ai l'impression que c'est la seule qui bouge concernant le harcelement) a dénoncé ce banc il y a plusieurs semaines comme étant une idée abominable qui pouvait empirer les choses.
Mais je crois que c'est comme les flyers sur le harcelement de rue. Le gouvernement vit dans une bulle, à l'extérieur de la société, où ils se disent "ooooh ben avec un petit papier et un banc, tout va s'arranger ! Ils vont voir que c'est pas bien, et ils vont s'arrêter ! On a enfin pris des mesures efficaces, soyons fiers de nous ! Aller, tous au Fouquet's !". Je ne sais pas dans quel monde, mais pas dans la réalité...
Moi aussi j'étais harcelée devant mes profs. Devant les surveillants. Un jour, je suis arrivée avec 30 minutes de retard, en larmes, escortée par une pionne. Elle a dit au prof qu'il y avait un problème. Il a dit "oui oui". À l'heure actuelle, il n'a toujours rien fait pour m'aider.
Il n'y a qu'une seule prof qui m'a dit aidée. Et elle était seule contre l'équipe pédagogique.
Ma prof principale avait consenti à un entretien entre un de mes harceleurs et moi. En lui disant "mais c'est pas bien ce que tu fais enfin". En partant elle a dit bien fort "Bon aller, j'ai autre chose à faire que m'occuper de ces conneries".
La même prof qui avait consenti à un entretien avec ma mère, après 15 demandes de ma mère. Cette prof m'avait dit "oui mais tu sais il faut te défendre aussi ! Regarde mon fils, il a été harcelé, il lui a fait une prise de judo et c'était terminé !". En sortant, j'étais derrière hein, je l'entends dire à ma mère "Il a jamais fait de judo mon fils mais j'espère que là elle a compris". EL FAMOSO "Apprends à te défendre".
Bah vous voyez, la semaine dernière, j'ai fait une journée de théâtre forum pour la journée des directeurs de l'animation. L'un des thèmes d'impro qui est revenu deux fois, c'est le harcèlement entre élèves. Le théâtre forum, c'est jouer une scène initiale qui doit obligatoirement finir en drame, pour faire réagir les gens, et leur demander comment améliorer la situation. Au premier rang, on avait une Mireille de 50 balais, qui avait réponse à tout, qui était chiante et ouvertement présomptueuse.
J'ai joué une animatrice abominable... Mais en fait j'ai juste repris ce qu'on m'a toujours dit.
"Bah quoi on va pas encore appeler ta mère ?! Tu peux pas te défendre tout seul ? T'arriveras jamais à rien dans ta vie si tu te défends pas !".
Ça a fait réagir. Mireille a dit que j'étais "une méchante animatrice". Je lui ai répondu que c'était du vécu.
On a rejoué la scène, j'ai fait une autre animatrice, et des gens ont relevé que j'avais dit à la harceleuse "j'ai vu ce que tu lui fais".
Réaction "Elle voit mais elle dit rien, c'est pire !".
Pire, mais la réalité c'est ça.
Mireille a dit que j'étais "trop dans l'affect, on ne défend pas un enfant comme ça, il y a des enfants qui aiment jouer les victimes, et puis on est sûr de rien, il ne faut pas croire les enfants".... Je l'aurais tapée.
Des gens ont réagi oui, mieux que Mireille, mais aucun d'entre eux n'est venu prendre mon rôle pour montrer comment agir efficacement.
Ce banc de l'amitié, c'est une énième connerie du gouvernement, on dirait Le Manège Enchanté "On va mettre un banc et ça ira mieux youpiiiiii".
Même en primaire, ça peut mal tourner. Même à la maternelle.
Ça va devenir le banc des trous du cul, le banc des sans-amis, le banc des cas sociaux, le banc des boloss ; et le remède sera pire que le mal.
Mais encore une fois, au lieu de proposer quelque chose du genre, une formation sur le harcèlement, comment gérer les situations de harcèlement, comment intervenir en tant qu'adulte... On met un putain de banc.
Emmanuelle Piquet, psychologue, (et j'ai l'impression que c'est la seule qui bouge concernant le harcelement) a dénoncé ce banc il y a plusieurs semaines comme étant une idée abominable qui pouvait empirer les choses.
Mais je crois que c'est comme les flyers sur le harcelement de rue. Le gouvernement vit dans une bulle, à l'extérieur de la société, où ils se disent "ooooh ben avec un petit papier et un banc, tout va s'arranger ! Ils vont voir que c'est pas bien, et ils vont s'arrêter ! On a enfin pris des mesures efficaces, soyons fiers de nous ! Aller, tous au Fouquet's !". Je ne sais pas dans quel monde, mais pas dans la réalité...
@RainyMood Je suis parfaitement d'accord avec toi concernant l'utilité de vraies sanctions. Malheureusement c'est devenu très difficile de virer des élèves, et de toute façon les établissements ne font que se refiler la patate chaude entre eux. C'est un vrai problème...
Sinon je suis d'accord qu'il faut éviter le forcing et les démarches trop visibles, ça ne fait qu'empirer les choses et stigmatiser les élèves.
Pour ma part je ne cherche à intégrer des élèves que si je sens qu'ils "subissent" de la solitude et recherchent de la compagnie mais sont timides par exemple. Et dans ce cas je le fais subtilement (enfin j'espère), pas de façon frontale genre dire fort devant tout le monde "oh ben il faut que vous parliez + à machin.e, regardez il/elle est tout.e seul.e !".
Je nuance quand même parce que de mon expérience il y a des élèves qui ne sont ni harcelés ni solitaires, mais qui ont du mal à aller vers les autres pour une raison ou pour une autre. J'ai eu une élève par exemple qui regroupait tous ces critères : très timide, très bonne élève, un an de plus que les autres, nouvellement arrivée en France et ne parlant pas encore bien la langue... Ben elle venait quasiment à chaque récré pour me parler, je pense qu'elle avait besoin d'attention (et je lui ai donnée) et qu'elle ne désirait pas être seule mais que c'était encore compliqué. Je ne pense pas qu'elle était harcelée, en tout cas je n'en ai vu aucun signe (et c'était une classe particulièrement choupi). Du coup là je me suis permis de suggérer discrètement à une élève très bienveillante d'aller lui parler et de lui proposer de se joindre à elle dans certaines occasions parce que j'étais sûre qu'elles s'entendraient bien et qu'elles auraient des choses à partager. Je ne sais pas ce que ça a donné mais j'espère que ça va mieux (c'était cette année, je suis partie en congé mat donc je n'ai pas pu voir d'évolution sur la fin de l'année).
En revanche j'ai eu un élève une fois qui était clairement solitaire et qui ne cherchait pas la compagnie des autres. Il avait tendance à être agressif et il mettait la misère à ceux qui étaient à côté de lui, en leur parlant mal, en les poussant ou autre (du coup je le mettais seul quand c'était possible). Dans son cas je me suis contentée de lui conseiller, avec ses parents, de faire du théâtre pour apprendre à mieux gérer ses émotions et s'ouvrir un peu aux autres en passant des moments sympa (il était enfant unique en plus, donc il ne devait pas côtoyer beaucoup de gens de son âge). Dans son cas je ne me voyais pas trop tenter de l'intégrer à des travaux de groupe ou envoyer un.e élève en "ambassadeur". Après la déléguée de classe (une élève top et engagée dans tout un tas de projets) l'a fait quand même, et elle nous a dit qu'en ayant appris à le connaître ce n'était pas quelqu'un de méchant mais un peu bourru. Je ne dirais pas qu'ils sont devenus meilleurs potes mais je l'ai vue lui parler régulièrement, elle arrivait à communiquer avec lui. Je ne sais pas si c'est le mieux qu'on a pu faire mais c'est un début.
Enfin bref, tout ça pour dire que ça dépend des élèves, c'est difficile de généraliser. Ce qui marche pour un.e ne marchera pas forcément pour l'autre, les approches doivent être différentes et tous les élèves n'ont pas les mêmes besoins et envies. Mais ça se "sent" un peu quand un.e élève veut avoir la paix, dans ce cas on évite vraiment le forcing.
Sinon je suis d'accord qu'il faut éviter le forcing et les démarches trop visibles, ça ne fait qu'empirer les choses et stigmatiser les élèves.
Pour ma part je ne cherche à intégrer des élèves que si je sens qu'ils "subissent" de la solitude et recherchent de la compagnie mais sont timides par exemple. Et dans ce cas je le fais subtilement (enfin j'espère), pas de façon frontale genre dire fort devant tout le monde "oh ben il faut que vous parliez + à machin.e, regardez il/elle est tout.e seul.e !".
Je nuance quand même parce que de mon expérience il y a des élèves qui ne sont ni harcelés ni solitaires, mais qui ont du mal à aller vers les autres pour une raison ou pour une autre. J'ai eu une élève par exemple qui regroupait tous ces critères : très timide, très bonne élève, un an de plus que les autres, nouvellement arrivée en France et ne parlant pas encore bien la langue... Ben elle venait quasiment à chaque récré pour me parler, je pense qu'elle avait besoin d'attention (et je lui ai donnée) et qu'elle ne désirait pas être seule mais que c'était encore compliqué. Je ne pense pas qu'elle était harcelée, en tout cas je n'en ai vu aucun signe (et c'était une classe particulièrement choupi). Du coup là je me suis permis de suggérer discrètement à une élève très bienveillante d'aller lui parler et de lui proposer de se joindre à elle dans certaines occasions parce que j'étais sûre qu'elles s'entendraient bien et qu'elles auraient des choses à partager. Je ne sais pas ce que ça a donné mais j'espère que ça va mieux (c'était cette année, je suis partie en congé mat donc je n'ai pas pu voir d'évolution sur la fin de l'année).
En revanche j'ai eu un élève une fois qui était clairement solitaire et qui ne cherchait pas la compagnie des autres. Il avait tendance à être agressif et il mettait la misère à ceux qui étaient à côté de lui, en leur parlant mal, en les poussant ou autre (du coup je le mettais seul quand c'était possible). Dans son cas je me suis contentée de lui conseiller, avec ses parents, de faire du théâtre pour apprendre à mieux gérer ses émotions et s'ouvrir un peu aux autres en passant des moments sympa (il était enfant unique en plus, donc il ne devait pas côtoyer beaucoup de gens de son âge). Dans son cas je ne me voyais pas trop tenter de l'intégrer à des travaux de groupe ou envoyer un.e élève en "ambassadeur". Après la déléguée de classe (une élève top et engagée dans tout un tas de projets) l'a fait quand même, et elle nous a dit qu'en ayant appris à le connaître ce n'était pas quelqu'un de méchant mais un peu bourru. Je ne dirais pas qu'ils sont devenus meilleurs potes mais je l'ai vue lui parler régulièrement, elle arrivait à communiquer avec lui. Je ne sais pas si c'est le mieux qu'on a pu faire mais c'est un début.
Enfin bref, tout ça pour dire que ça dépend des élèves, c'est difficile de généraliser. Ce qui marche pour un.e ne marchera pas forcément pour l'autre, les approches doivent être différentes et tous les élèves n'ont pas les mêmes besoins et envies. Mais ça se "sent" un peu quand un.e élève veut avoir la paix, dans ce cas on évite vraiment le forcing.
L'élève de CM1 qui a eu cette idée est géniale, mais son idée, euh, beaucoup moins. ET les adultes qui se sont dit que c'était une bonne idée sont complètement déconnectés.
Même en primaire j'ai vu des enfants se liguer contre un autre qui était à part et venir le chercher où qu'il soit pour se défouler sur lui. Avec lebanc de l'amitié au moins ils savent où chercher directement, c'est cool (non)
Et au collège où j'ai moi même subit le harcèlement, JAMAIS je ne me serais assise sur ce banc. C'est comme porter une pancarte disant : "JE SUIS SEUL(E) ET VULNÉRABLE VENEZ ME VICTIMISER! "
Comme l'ont dit plus tôt d'autre Madz, un jeune harcelé va se faire discret, pas afficher sa détresse aux yeux de tous.
Je ne dit pas qu'il est facile de trouver des solutions, mais je ne pense pas que ce soit aux enfants de trouver des solutions entre eux.
Déjà si les équipes enseignantes se sentaient un peu concernées et avaient les moyens d'intervenir quand un élève se fait visiblement maltraiter ce serait un premier pas.
Combien de fois je me suis faite réprimander pour m'être "battue" alors que je ne faisais que me défendre contre mes agresseurs. Et dans ce cas, les pions, les CPE, les enseignants n'ont rien à faire de ce qui s'est vraiment passé: tolérance zéro, tout le monde en colle, et l'un d'eux m'a même dit une fois: "si vous avez des comptes à régler, faites le dehors, pas au collège". Rien à foutre, quoi.
Même en primaire j'ai vu des enfants se liguer contre un autre qui était à part et venir le chercher où qu'il soit pour se défouler sur lui. Avec lebanc de l'amitié au moins ils savent où chercher directement, c'est cool (non)
Et au collège où j'ai moi même subit le harcèlement, JAMAIS je ne me serais assise sur ce banc. C'est comme porter une pancarte disant : "JE SUIS SEUL(E) ET VULNÉRABLE VENEZ ME VICTIMISER! "
Comme l'ont dit plus tôt d'autre Madz, un jeune harcelé va se faire discret, pas afficher sa détresse aux yeux de tous.
Je ne dit pas qu'il est facile de trouver des solutions, mais je ne pense pas que ce soit aux enfants de trouver des solutions entre eux.
Déjà si les équipes enseignantes se sentaient un peu concernées et avaient les moyens d'intervenir quand un élève se fait visiblement maltraiter ce serait un premier pas.
Combien de fois je me suis faite réprimander pour m'être "battue" alors que je ne faisais que me défendre contre mes agresseurs. Et dans ce cas, les pions, les CPE, les enseignants n'ont rien à faire de ce qui s'est vraiment passé: tolérance zéro, tout le monde en colle, et l'un d'eux m'a même dit une fois: "si vous avez des comptes à régler, faites le dehors, pas au collège". Rien à foutre, quoi.
L'élève qui a eu cette idée est trop mignonne, mais c'est clairement une idée naïve d'enfant. Pour la maternelle et le début primaire pourquoi pas, mais à mon avis ça ne peut pas aller au-delà du CE1, et SURTOUT PAS au collège. Si je m'étais assise sur ce banc à 12 ans, je n'aurais plus jamais pu mettre les pieds dans le collège après. (J'exagère à peine). Je ne donne même pas trois jours avant que le banc ne soit rebaptisé "banc des cassos", "banc des sans-amis" ou pire.
J’étais tout le temps toute seule au collège et je pense que ce qui m’aurait aidée, plus qu’un banc de l’amitié ou des tentatives forcées pour que les autres m’incluent dans leurs groupes, ça aurait été un “espace calme” où j’aurais pu lire, écrire, faire mes trucs toute seule confortablement, un espace ouvert pendant les récrés et supervise de loin par un adulte. Ça ça m’aurait bien plu, parce que de toutes façons les jeux et trucs des autres ne m’intéressaient pas et j’étais bien toute seule.
Après, les généralités du type “les profs se sentent pas concernés”… bon y en a certainement mais c’est pas du tout la majorité. Les profs sont débordés oui surtout et ont zéro minutes à consacrer aux élèves en particulier. J’ai été prof dans des classes à 35… faire le programme c’est déjà un exploit… tu connais les nom des élèves en janvier, vu qu’avec 6 classes à 35 ça te fais genre 200 élèves… aujourd’hui je suis à l’étranger en école privée avec des classes à 15 et oui, je fais de la gestion relationnelle, avant c’était juste impossible.
Après, les généralités du type “les profs se sentent pas concernés”… bon y en a certainement mais c’est pas du tout la majorité. Les profs sont débordés oui surtout et ont zéro minutes à consacrer aux élèves en particulier. J’ai été prof dans des classes à 35… faire le programme c’est déjà un exploit… tu connais les nom des élèves en janvier, vu qu’avec 6 classes à 35 ça te fais genre 200 élèves… aujourd’hui je suis à l’étranger en école privée avec des classes à 15 et oui, je fais de la gestion relationnelle, avant c’était juste impossible.
Les profs qui sont pas impliqué... C'est surtout qu'on ne peut pas faire grand chose. J'ai un élève qui a harcelé une élève cette année. Elle m'en a parlé, on en a parlé plusieurs fois dans l'année. L'élève a été convoqué, on a reçu les parents (qui s'en foutent), sanctionné le dit élève... Concrètement on peut faire quoi de plus ? Le collège est relié au dispositif phare et tout ce que ça a donné c'est "attention un élève harceleur est en souffrance et il risque de devenir harcelé". Super merci, ça nous aide pas... L'élève harceleur a déjà un suivi médical car il présente des troubles. Mais du coup on fait quoi de plus ? Car malgré tout ça la vie de la jeune fille n'a pas été agréable du tout cette année (et pas que elle car il harcèle plusieurs élèves...). Donc malgré la bonne volonté de toute l'équipe éducative vu qu'on n'avait pas avec nous la famille du harceleur, rien n'a bougé.
Les gens me font rire (jaune) : ils croient toujours que tout est de la faute des profs (le Covid, la drogue, le terrorisme, etc.) et qu'on a tous les pouvoirs comme superman, par contre quand on râle ou fait grève là "de toutes les façons on sert à rien, on n'est pas du tout utile à la société" ! LOL quoi... Pour en revenir au problème du harcèlement, c'est drôle comme les parents se mettent toujours dans la peau de leurs enfants pauvres victimes qu'on ne fait rien pour protéger, mais par contre dès qu'on les convoque pour dire que c'est leur enfant le harceleur là y'a plus personne, "mais enfin, jamais mon enfant n'a harcelé qui que ce soit, bon d'accord parfois il insulte et frappe mais en vrai il est pas méchant, vous comprenez, il a été traumatisé par la mort de son poisson rouge il y a 5 ans, mais en vrai c'est un ange...". Bref les parents veulent toujours de très fortes sanctions pour les enfants des autres, mais jamais pour les leurs qui sont toujours de petits anges parfaits !! Et surtout ils ne connaissent jamais le fonctionnement complexe d'un établissement scolaire ni s'imaginent que les profs ont parfois 180 élèves à gérer (mon cas cette année) et beaucoup, beaucoup beaucoup de travail !
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