Fervente admiratrice des films britanniques concernant les auteurs, les adaptations de romans du XVIIIè et XIXè (fine allusion à Jane Austen), j'envisageais d'aller voir Bright Satr, ce fameux film sur Keats.
Après vérification, je vois que c'est un film de Jane Campion, ayant adoré La Leçon de piano, je décide d'emmener mon specimen féminin préféré : celle qui fait des commentaires pendant les scènes de sexe pour cacher son embarras.
Chemin faisant vers mon cinéma, je me remémore l'image d'une robe au milieu d'un champs de violettes, je décide donc d'aborder le film avec l'âme sentimentale qui a vu à son palmarès les Sissi, Marie-Antoinette, et autres The Duchess former le gout des belles robes et de l'art cinématographique pronant le retour du "fleur bleu".
Mais voilà, le verdict est tombé, comme la guillotine.
Les poèmes de Keats font éclore ce film en un sublime papillon, malheureusement ephémère. La sensibilité des vers de Keats ne parvient pas à rendre aérien ce film moulé -semble-t-il- dans un plat à tourte.
L'histoire d'amour en elle-même conserve sa part de réel, l'idylle pourrait nous faire rêver, tous les clichés sont présents. Prenant le risque de passer pour cucu-la-praline, Jane Campion a choisi un décor floral, jouant la carte 'fleur bleue" dans tous les sens du terme.
De jolies images, on voit effectivement le rapprochement qui se voudrait discret entre le travail de la broderie et la Poésie. Mais voilà, cela ne prend pas.
On imagine devant l'affiche du filme, des personnages dont le flegme anglais laisserait entrevoir une intériorité des personnages. Mais il ne se passe rien.
Seul le desespoir se montre lorsque Fanny fait demander un couteau "pour se tuer", mais finalement on a plus envie de lui mettre un coup de pied quelque part entre ses jupons et ses dentelles pour la faire avancer.
Ben Wishaw, tout simplement magnifique incarne le poète maudit avec un naturel qui fait rêver. Le poète romantique par excellence, il passe son temps à ne rien faire, à penser sans partager ses songes. Peut-être à l'image de ce film, qui à l'inverse de la vie de Keats ne se termine pas trop tot.
Un rapide coup d'oeil à sa montre au cinéma (chose tout à fait impossible en principe). Ah, voilà une heure qu'on est là. C'est pas grave, maintenant que les amants sont ensemble, on peut toujours se raccrocher aux merveilleuses scènes d'amour.
Après tout, La Leçon de piano m'avait agréablement surprise, même contexte, un paysage boueux, pourquoi Keats n'irait-il pas inspecter les coutures de Fanny ?
Sauf que, en sortant du cinéma, j'attendais encore qu'il se passe quelquechose. Dommage.