Pour moi la réflexion de l'article n'est pas assez poussée. Il manque vraiment beaucoup d'informations pour se rendre compte des problèmes et des enjeux.
Je ne dis pas qu'il n'y a pas de problème ; je suis bien placée pour savoir que le milieu des télécoms n'est pas net...
Attention, pavé :
C'est pas Orange, SFR, Free et Bouygtel. Ces quatre-là sont les plus gros en France, mais le principe de ces décisions là, c'était de parvenir à un modèle européen (donc, même si Orange est présent presque partout, ce ne sont pas les seuls : le seul opérateur cité dans l'article est Deutsche Telekom). Modèle qui ne réunit d'ailleurs pas que des opérateurs : on y trouve aussi Vivendi, fournisseur de contenu (TF1, ça vous dit quelque chose ?) - même si Vivendi est aussi actionnaire majoritaire de SFR ; et Alcatel-Lucent, qui est un constructeur.
La demande initiale vient de Bruxelles, et elle est tout à fait louable : il faut que les opérateurs s'organisent pour pouvoir fournir à tous les habitants de l'Europe un accès à Internet haut débit. Car un opérateur seul ne peut pas le faire (un opérateur comme Bouygtel, par exemple, qui n'est en fait pas très gros, n'a absolument pas les moyens de déployer de la fibre optique pour couvrir ne serait-ce que le dixième des grandes villes de France).
Evidemment, vu de France, le côté positif (accès répandu à Internet) ne se voit pas beaucoup car l'accès au haut débit est déjà très largement répandu, même dans les campagnes grâce à des programmes de réduction de la fracture numérique. Il y a encore du boulot mais globalement pratiquement tout le monde a accès à l'ADSL, à la fibre ou au Wimax. Et cet accès est très bon marché : vous connaissez tous les offres triple play à 30?/mois... bon courage pour trouver mieux ailleurs dans le monde.
En gros, leur réseau ne sont pas capables d'absorber la hausse de trafic. Le modèle actuel n'est pas viable si on donne un accès haut débit à l'Europe entière. (c'est l'excuse, mais en vrai, il n'est pas viable à court terme, tout simplement : le trafic de données volumineuses telles que les vidéos a tellement augmenté qu'ils saturent déjà).
Donc ils cherchent un nouveau modèle. Qui leur permettent de compenser les coûts supplémentaires dûs à cette hausse de trafic.
Leur idée, qui vous semble choquante mais est pourtant plutôt logique, c'est de demander à ceux qui consomment le plus de bande passante de payer plus. En gros, demander aux fournisseurs de contenu (You tube, Google et autres) de payer l'accès à leur service. C'est à dire que pour que Orange, par exemple, augmente encore la taille du tuyau qui va de Youtube au réseau Orange, eh bien Youtube devra payer. Et les fournisseurs de contenu ont refusé (et il me semble, pour rééquilibrer les choses, qu'eux aussi ont leur part de bénéfices, et eux aussi ont refusé de toucher à leurs marges).
Du coup ils ont décidé de répercuter le coût sur le consommateur (toujours le même qui trinque). Ce n'est pas complètement illogique, même si c'est injuste. Prenons un exemple : Si je veux être relié au réseau d'électricité, avec une puissance plus élevée, je paye un abonnement plus cher, ça ne choque personne ? C'est pareil.
Et si quelqu'un n'est pas intéressé par les vidéos et la télé par internet (qui sont grosso modo ce qui prend le plus de place), pourquoi ne paierait-il pas moins cher ? Personnellement je refuse les offres à 30? parce que la télé, je m'en bats les coucougnettes. Je serais bien contente que quelqu'un propose une offre sans télé.
Le problème là dedans, c'est ce qu'ils appellent "neutralité du net". C'est à dire qu'aucun contenu n'est privilégié par rapport à un autre. Et c'est là que le bât blesse : le raisonnement premier des opérateurs était "si Youtube refuse de payer pour augmenter son débit, eh bien on bridera son débit". Donc en gros le contenu de Youtube serait défavorisé. D'ailleurs c'est arrivé il y a quelques mois, bien qu'ils l'aient fermement démenti...
Je ne dis pas qui sont les gentils et qui sont les méchants, je dis juste qu'il faut nuancer un peu.