Je rebondis aussi sur "l'affaire débardeur" parce que c'est un exemple qui me parle beaucoup (j'ai vécu quelques moi à Chennai)
Tout en évitant les robes ras la salle de jeu et un open-nénés en haut, j'avais quand même pris quelques fringues un peu plus légères dans mes valises, histoire de...(en fait, en boîte, ça passe totalement bien)
Et c'est vrai qu'au début, j'adoptais le point de vue "Je suis étrangère, si je mets un débardeur tout le monde comprendras. Lâchez moi, je fais ce que je veux, je suis un esprit libre".
Et je pense que dans ma tête, inconsciemment, le sous-titre était : "Ouvrez un peu votre esprit à la norme européenne, il est grand temps bande de coincés rétrogrades".
Sauf que ça ne marche pas comme ça.
J'ai vite changé d'avis en réalisant que me couvrir, ce n'était pas seulement pour éviter de me faire violer par 15 mecs dans une ruelle sombre, c'était aussi accepter qu'en Inde, les gens sont quand même maxi méga over pudiques et que je mettais ces personnes vraiment mal à l'aise en exposant ma peau (ou en variante "en embrassant un mec dans la rue").
Pour essayer de me mettre à la place des Indiens, je me disais que c'est grosso modo comme si quelqu'un débarquait en pleine supérette en France en sous-vêtements ou à peine plus couvert. Indécent.
Débarquer d'ailleurs et imposer ma vision du monde, surtout quand on ne connait pas grand chose au fonctionnement et à la culture du pays, je ne sais pas si c'est la meilleure idée pour faire changer les mentalités en profondeur (ce qui ne m'a pas empêché d'avoir des débats enflammés sur le mariage arrangé et la place de la femme en Inde avec un paquet de gens, d'ailleurs). Mais choquer pour choquer, sans explication derrière, voilà quoi.
Bon, je sais que les cyniques de la Grèce antique avaient la charmante habitude de faire "réfléchir les gens" en faisant crac-boum-hue sur la place publique et en prenant la défense des tabous les plus profonds type inceste, viol et compagnie, mais ces mecs avaient pour idéal de vie l'autarcie, je crois que ça n'est pas pour rien.
(D'ailleurs, avec nos beaux discours de Français -moi incluse- si prompts à s'enflammer sur l'égalité des sexes, on oublie que l'Inde a déjà eu une femme à la tête de l'Etat, elle.)