Oh, la publication de cet article tombe à pic. Je viens de finir de bosser (un mois, job d'été) en tant qu'ASH en Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD, une maison de retraite quoi).
J'étais principalement en psycho-gériatrie, et j'ai vraiment adoré travailler au près de ce public. Même si en tant qu'ASH au bio nettoyage les contacts avec les résidents sont malheureusement très minces et surtout très courts... Vue le nombre de chambre à faire, difficile de passer du temps avec les personnes, même si certaines aimeraient bien que l'on reste pour discuter.
La psycho-gériatrie est un service fermé aussi, par des portes avec codes d'accès. Les résidents sont libres dans l'unité, mais ne peuvent en sortir sans être accompagnés. La plupart sont atteint de la maladie d'Alzheimer.
Mon premier jour à été... étrange. Je me suis demandée où j'avais bien pû mettre les pieds. Entre la dame que je retrouve couchée par terre, sous son lit face contre terre et qui ne répond pas lorsque je lui demande si ça va ("oh mais non ahah c'est normal, elle aime bien se coucher comme ça, demandes lui de se relever" qu'elle m'a dit l'aide soignante quand j'ai accourue vers elle un peu paniquée) ou celui, avec la couche qui déborde qui propose à l'aide soignante venu le changer d'aller "faire un petit tour dans une chambre juste tous les deux, aller viens on s'en fout on le dira pas".
Et puis je m'y suis attachée à ces résidents. Quand j'avais quelques minutes, je discutais avec eux, ou je les regardais. Parfois, certains m'ont serré mon petit cœur. Comme cette dame, à qui je nettoie la chambre, pleine de miettes et de graines jusqu'à ce que j'aperçoive la mangeoire à oiseau sur le rebord de sa fenêtre, et qu'elle me dise d'une toute petite voix "nourrir les oiseaux, c'est la seule chose de bien ici".
Ou alors celui qui me demandait quand est-ce que sa femme (en réalité décédé) allait venir pour le ramener chez eux.
Certains m'ont fait rire, comme celui qui le matin fait le loup garou en arpentant le couloir et en grognant "GGGGRRRRRRRR" puis s'arrête en faisant "AAAAOUUUUUUUUU".
Ou celle qui enfonce un bout de bois dans la serrure de sa salle de bain, et à qui je demande gentiment "mais qu'est ce que vous faites madame Machin ?" et qui me répond en m'engueulant "Bha si j'le savais, j'vous le dirai !
Mon expérience est pleine d'anecdote comme ça. Certaines tristes, certaines drôles, et certaines drôles et tristes à la fois.
La blague préféré des ASH avec qui je travaillais était de dire "bon, avec tout le caca qu'on touche, on devrait jouer au loto".
Au début je rentrais dans certains endroits en bloquant ma respiration, et j'évitais de regarder ce que je nettoyais. Et puis on finit par s'y habituer. Et par en rire. Comme le jour où en rentrant du boulot j'ai dit à mon mec "Après plusieurs semaines d'observation et d'analyse, j'ai enfin compris comment ils faisaient pour ne JAMAIS faire caca au milieu. C'est simple : quand tu deviens vieux tu as l'anus qui se décentre. C'est la seule explication".
Bref, j'ai vraiment apprécié travailler avec ce public, à tel point que je pense axé mon travail de recherche universitaire dessus. En revanche le boulot au bio nettoyage, comme dit dans l'article est répétitif, fatiguant et physique. Et effectivement, les produits utilisés pour le nettoyage des sols et des surfaces sont ultra agressifs, malgré les gants... Direction le médecin qui après quelques jours m'a prescrit une crème aux corticoïdes au vue des cloques rouges que j'avais...