Vivant moi-même en Egypte, je me sens fière que vous écriviez un article dans mon magasine online préféré sur un sujet qui nous touche toutes dans ce pays... et même ailleurs.
Même si je vis à Maadi, dans un quartier plutôt tranquille, je marche tous les jours pour aller au lycée, je marche tous les jours pour aller d'une rue à une autre, et quelles sont mes peurs, mes appréhensions quand je vois un groupe d'hommes sur mes côtés. Quelles n'ont pas été les fois où, passant près d'un homme, je n'ai pas entendu "moza" (sexy), "nice ass", "I love you", etc... Et ce type au autour du lycée qui m'envoie des bisous, qui s'obstinent à me lancer des choses obscènes, ces types qui passent en disant des choses en arabe que je comprends à moitié et qui sont insultantes, ces types qui lancent "I wanna fuck you". Si je veux être tranquille, je dois être entourée de ma bande d'amis qui ne sont que des gars. Dès qu'ils voient que j'appartiens à un homme, je suis alors laissée tranquille... et encore... il faut que l'homme en question leur demandent de se calmer, de leur prouver qu'elle est déjà prise.
Quelles n'ont pas été mes peurs quand je marche seule dans la rue, et que je vois un groupe d'étudiants qui me reluquent. Je marche alors plus vite, je baisse la tête. L'hiver, la nuit, je suis tellement contente d'avoir une grosse doudoune ; impossible à savoir si je suis un homme ou une femme. Quelles sont les histoires de certaines filles qui ont peur de prendre les taxis seules, qui ont eu un couteau sous la gorge, qui ont eu les seins ou les fesses touchées furtivement ? Ces filles qui empruntent seulement certains chemins pour éviter les rues trop risquées ?
Quelles sont ces filles qui depuis le règne de Morsi ont peur de sortir dans la rue ? Voilées ou non, elles sont font encore harceler. Et le pire, ce sont ces regards qui vous suivent, qui vous détaillent, qui vous dévorent goulûment, et vous ne vous sentez que comme un gros morceau de viande fraîche. Et je sais que dans certaines quartiers, comme Downtow, Dokki, ou même Zamalek, marcher seule, jour comme nuit, pour une femme, c'est impossible, c'est risqué, c'est trop dangereux. Étrangère, locale, voilée ou à découvert, nous subissons toutes la même chose, en Egypte comme ailleurs. Les frustrations sexuelles des hommes ici sont immenses et oppressantes.
http://www.huffingtonpost.com/2013/05/10/egyptian-man-disguised-harassed_n_3254935.html