Je reste persuadé qu'il y a des problèmes de sensibilisation, et d’accès aux tests.
Je veux dire, d'accord, des fois, on est un peu fou-fou, on se laisse prendre dans le feu de l'action, mais quand même, c'est un gros chiffre. Et les gros chiffres, ça veut pas seulement dire que les étudiants sont inconscients, ça veux aussi dire qu'il y a un problème plus général de santé public et qu'il faut y remédier.
Déjà, on est une génération qui n'a plus vraiment peur des MST, parce qu'elle en sait pas trop ce que c'est. Et ça serait vraiment important de faire des compagnes spéciales en direction des étudiants et des lycéens, des campagnes qui seraient modernes, des campagnes qui pourraient jouer sur l'humour, et parler un langage proche du leur. Parce que celles qu'il y a actuellement, bah, c'est pas trop ça, quand même. C'est super abstrait.
Ensuite, faudrait faire intervenir des vrais modules de préventions dans les lycées, les centres d'apprentissages et les autres structures qui accueillent les jeunes. Pas juste un malheureux cours d'SVT dont 80% des élèves n'ont que faire.
Faudrait faire venir des assos avec des personnes jeunes, proches d'eux, ou diffuser des vidéos type Laci Green, enfin chercher vraiment à les sensibiliser, en passant par une forme de communication adéquate.
Je trouve ça fou que les seuls campagnes rigolotes qu'on est vus sur les capotes récemment, ce sont les marques qui les ont faites. C'est au gouvernement de s'inquiéter de la santé de ces jeunes, et de mettre en place les moyens adapté.
Et faudrait aussi arrêter de prendre les jeunes pour des idiots. C'est pas en disant aux jeunes : "Non, mais avec ou sans capote, c'est pareil niveau sensation" qu'on va avancer. Faut dire ce qui est vraiment : oui, les capotes, c'est cher, ça diminue les sensations, et ça coupe un peu le moment quand même. MAIS, ça va t'éviter de flipper grave le lendemain, ça va t'éviter l'angoisse, les prises de sang, les tests de grossesse ou la pilule du lendemain (tu sais, celle qui te fait tellement mal au bide que tu peux plus bouger de la journée) et la maladie ou l'avortement, dans le pire des cas.
Je pense aussi qu'il faudrait diffuser d'avancer davantage de documents artistiques : séries, films, BD, roman, musique...qui parlent de l'époque où le sida a fait des ravages. Parce que c'est aussi en jouant sur l'émotionnel et les phénomène d’identification qu'on fera réfléchir les jeunes gens. Et il y a plein de choses qui existent déjà, elles sont justes pas mises en valeur (par ex,
cette série, introuvable en France).
Et pour l'accès aux test de dépistage, il y a aussi du boulot à faire.
Parce que les horaires des services sont souvent mal foutus, parce que c'est souvent dans les CHU, et que c'est 1) compliqué d'y aller, 2) compliqué de s'y retrouver sur place, 3) intimidant pour plein de jeunes d'aller la bas. Je dis pas que c'est une raison pour ne pas en faire, j'énonce juste un fait.
Et j'ajoute que moi, jeune femme, je grince un peu les dents, parce qu'on est une culture manichéenne vierge/putain, et que je sais que j'ai une chance sur deux qu'on me regarde comme une trainée quand j'y vais (je cautionne pas ce mot, ni aucun qui utilise la sexualité féminine comme un insulte. Mais encore une fois, ce regard là, je vais le subir. Et ça me fatigue d'avance.).
Je pense qu'on devrait rendre les test beaucoup accessibles, proposer des sessions dans les maisons de quartiers, voir même dans les facs, comme on le fait pour le don du sang. Parce que les jeunes se sentiraient beaucoup plus à l'aise et en confiance.