Le problème autant pour les sanctions économiques que pour le fonctionnement de l'ONU en général, c'est qu'il faut systématiquement l'accord des Etats. En l'occurrence, sur le Soudan, je pense que jamais la Chine n'acceptera des sanctions économiques gelant les exportations de pétrole par exemple... Et puis on a vu l'efficacité des sanctions économiques en Irak aussi
Ca pénalise avant tout les populations civiles sans rien changer au gouvernement en place ! Si l'Irak avait été une démocratie, bien sûr que ça aurait pu faire quelque chose. Mais par définition, on n'applique pas ces sanctions dans les régimes modèles. Donc le peuple, censé souffrir tellement que ça devient insupportable et qu'il renverse le régime, ne peut absolument rien faire. Et puis on a vu à quel point Saddam Hussein a réussi à utiliser les sanctions pour être le martyr de la communauté internationale, protégeant son peuple jusuq'au dernier souffle, blablabla.
Pour les niveaux de sortie de crise, je pense que si ça ne fonctionne pas sur le terrain, c'est parce que les mandats sont votés non en fonction de la situation (situation A = il faut du peace enforcement = on vote un mandat de peace enforcement) mais en fonction des forces que les pays acceptent de mettre à disposition et les risques qu'ils sont prêts à leur faire prendre (situation A = il faut du peace enforcement mais non, on veut pas se faire chier = on vote du peace keeping pour être tranquille).
L'autre truc qui montre vite ses limites, ce sont les casques bleus eux-mêmes, qui sont à 99% des soldats d'armées de pays en développement, pas formés, pas équipés et qui ne savent tout simplement pas comment agir
Et là, c'est plus la responsabilité des Etats développés qui refusent d'envoyer leurs soldats formés et équipés que le problème de l'ONU en elle-même. Il faut que ce soit le Liban pour que la France (réticente) accepte de mettre les mains dans le cambouis...
Sur la bureaucratie en revanche, je ne peux que te suivre. Mais des choses qui apparaissent parfois totalement dérisoire (rédiger des rapports annuels sur le trafic de drogue par exemple) sont en fait des instruments très importants. Ca n'a l'air d'être que du papier, mais c'est ensuite une "arme" pour le naming and shaming d'avoir des chiffres établis par l'ONU, que les pays hésitent quand même à remettre en cause publiquement.
Pour la réforme, oui à 100%. Le problème, ce sont toujours les Etats. Je crois que c'est d'ailleurs le problème principal de l'ONU. Et je crois qu'il faut bien différencier les actions de l'ONU (réalisées avec les fonctionnaires internationaux de l'ONU) et les actions menées par l'ONU au nom des Etats (avec l'accord nécessaire des Etats et du personnel mis à disposition par les Etats). En l'occurrence, la première partie (ce dont je parlais pour la rédaction de rapports par exemple) me semble fonctionner nettement mieux que la deuxième, justement parce qu'il n'y a pas de blocages de la Russie ("ah non, je ne veux pas qu'on dise qu'il y a des drogués et des malades du SIDA dans mon pays"), de la Chine ("ah non, je ne veux pas qu'on dise qu'il y a des atteintes aux droits de l'Homme chez moi") ou de la France ("ah non, je ne veux pas que mes soldats meurent"). Ce sont deux parties distinctes, pas en droit, mais dans les faits, de l'activité de l'ONU, et ça ne fonctionne pas du tout de la même façon.
Je trouve ça bien aussi de ne pas être d'accord, c'est enrichissant