Article sympa. Pour une fois, on parle d'être grosse versus être gros. Parce que oui, dans cette société, c'est pas pareil. Les deux ont la vie dure mais vraiment pas de la même façon.
En parlant de personnages dans les films et séries, le gros a toujours une place, une vraie place, souvent légitime. Il est gros mais c'est un mec bien. Il est gros mais il a un talent. Il est gros mais il bosse dur. Et puis parfois il est gros mais on s'en fout, parce que c'est pas ça qui fait le personnage mais bien son rôle d'homme qui a une autre particularité.
Une grosse ? Oh bah une grosse c'est juste une grosse, hein. Pourquoi aller plus loin après tout, vu que ça s'arrête à ça l'existence d'une grosse : être grosse.
Je crois que le film qui m'a vraiment faite sauter au plafond (pas pour le film mais pour l'image qu'il renvoyait) c'était Couples Retreat, avec Jason Bateman, Vince Vaughn et d'autres acteurs dont j'ai oublié le nom. Dans ce film, plusieurs couples vont sur une île paradisiaque pour suivre une sorte de thérapie de couple et se rabibocher. Le ton plutôt comique est ce qui m'avait poussée à regarder ce film qui sort normalement de tout ce que j'aime. Si le film est plutôt sympa, je n'ai pas manqué de noter la présence d'un acteur obèse, très obèse, marié dans le film à une femme très mince. Une bombe, quoi. En temps normal, ça devrait anecdotique mais la grosse que j'étais à l'époque avait vraiment mal pris que dans les médias, quand on en vient aux gros, il n'y en a que pour les hommes (une fois de plus ?
). Un gros marié à une bombe, super amoureuse de lui. Alors ils ont des problèmes de couple, comme tout le monde, mais elle l'aime, lui, pour ce qu'il est.
Les grosses, elles ont quoi ? Jusqu'à récemment, on avait que des moqueries, des parodies, des insultes, des "elle était grosse et moche et BAM transformation, elle est devenue mince et belle", des bonnes copines, des grosses du 2nd plan qui sont jalouses de la belle et mince héroïne, des grosses qui bouffent comme des porcs, des grosses nerds dont personne ne veut, des grosses stalkers, des grosses d'un certain âge qui forcent le respect parce qu'elles sont grandes gueules (aka la gérante du resto en bord de route, qui a connu tous les routiers qui passaient). Bref, de la grosse dont on ne se préoccupe pas, dont on se fout. Des rôles qui pourraient tout à fait être tenus par n'importe quel physique mais vous comprenez, la grosse a tout de suite beaucoup plus d'impact. La noire on y touche plus, la naine on hésite toujours un peu, la rousse c'est trop sexy (quand "bien castée"). Reste plus que la grosse dont personne ne prend la défense et sur laquelle il est encore tout à fait politiquement correct de taper.
Heureusement, on a Rebel Wilson, on a My Mad Fat Diary (cette série c'est ma vie, littéralement, ayant été grosse ado dans les 90's et ayant vécu 90% des choses qu'elle a vécues), on a Drop Dead Diva. Mais quand t'es quelqu'un en surpoids, obèse, et que t'es une fille, t'es encore plus grosse, nulle, inutile. En fait, tu ne devrais pas exister, le monde s'en porterait mieux, apparemment.
Le gros, lui, a du mal aussi dans la vie. Cela dit, on le juge sur son poids mais il a des poignées d'amour là où nous on a des bourrelets. Il a des abdos kro (hoho trop comique, ma couille !) là où nous on est juste grosses avec tout ce qui a de péjoratif. Ils sont "carrés" là où nous on est rondes. Grosses.
Et j'ajouterai un merci à l'auteure de l'article pour avoir mentionné le fait que "grosse" n'est jamais qu'un terme décrivant un physique. Je suis grosse, c'est un fait, c'est pas un critère dévalorisant. Je suis grosse et brune. Pour moi, ce sont des critères au même niveau. Une grande rousse c'est pareil qu'une petite blonde ou qu'une brune handicapée, ou qu'une fille rasée de taille moyenne. Y'a aucune insulte quand il s'agit de vérités, et être gros-se c'est comme être mince, ou noir-e, ou sourd-e. C'est pas un jugement, c'est juste ce qu'on est, et ça ne devrait jamais constituer une insulte.