Oh non non non Madmoizelle !
Moi qui dévore vos articles, et souvent ( à tort ?) je pars du fait que vous faites votre travail de journalistes indépendants et que vous croisez vos sources. Cet article vient de me montrer qu'en fait ... Non. Et que vous publiez un documentaire qui est réputé auprès des personnes compétentes (autre que Greenpeace et José Bové), pour être farci d'erreurs, d'omissions, de détournements d'images et de manipulations d'informations... Je ne m'amuserai pas à contester chacun des points de ce pseudo-reportage. Cependant, avant de proposer ce genre d'article, peut être est il intéressant de regarder ailleurs (Commission européenne travaillant sur ce sujet, rapport des observateurs danois, présentation des entreprises travaillant sur ces projets ...) et de fournir toutes les infos, et pas seulement celle d'un documentaire archi engagé.
Je me permet juste de souligner quelques points:
- Gasland se base sur ce qui se passe aux USA. Depuis quand les Etats Unis sont une référence en matière de respect de l'environnement? Cela revient à comparer les techniques agricoles aux USA et en Europe (et je sais de quoi je parle, je suis étudiante ingénieur agronome et j'étudie les questions environnementales dans ma formation). La législation est différente (les particuliers possèdent le sous-sol de leur terrain et peuvent l'exploiter comme bon leur semble) et leur rapport à l'environnement est différent également, du fait de l'immense surface que représente les USA.
- Les problèmes pertinents soulevés par la fracturation hydraulique sont connus (utilisation d'eau - et encore pour la formation d'un puit de fracturation, il faut utiliser autant d'eau que pour l'arrosage d'un golf en région tempéré ... -, produits lubrifiants injectés dans la roche pouvant possiblement passer dans les nappes phréatiques profondes ...). De ce fait, les entreprises recherchent activement des solutions pour faire disparaitre ces risques potentiels (utilisation d'eau de mer ou couplage à des industries demandeuses d'eau, récupération de l'eau injectée, utilisation de produits lubrifiants existant dans nos assiettes ...). N'oublions pas que la fracturation hydraulique est une technique relativement récente et qu'elle peut s'améliorer grandement, à condition de permettre aux entreprises investissant en R&D d'avoir des débouchés par la suite.
- Concernant la question des énergies: effectivement, cela pose le soucis de l'utilisation d'une énergie toujours fossile. Cependant, aujourd'hui, de plus en plus de pays se tournent vers le charbon, qui est bien plus polluant que le gaz ... Alors oui, il est nécessaire de préparer la transition énergétique et les grands groupes pétroliers le savent, et le prépare (en France, Total possède le n°1 de l'énergie solaire et investie activement sur la R&D pour la recherche de nouveaux biocarburants de 3ème génération ... Mais qui le sait ?). Cependant, pourquoi refuser une énergie permettant à la fois une relance économique (plus que nécessaire en France), pouvant permettre de favoriser la transition énergétique (car on a besoin de moyens, d'argent pour cela) et de limiter l'usage d'énergies fossiles plus polluantes ?
Et pour nous faire réfléchir: pourquoi le Danemark, l'un des pays les plus verts de l'Europe et l'un des plus précautionneux en matière environnemental, accepte l'exploitation des gaz de schistes?
Plutôt que de tout bloquer immédiatement, peut-être aurait-il été plus intéressant de porter le débat sur place publique équitablement (c'est à dire, sans que les débats soient systématiquement parasités par des anti-fracturations hurlant et empêchant toute discussion ...), afin de réfléchir à une législation européenne ou à de nouvelles normes pour les entreprises souhaitant développer cette technologie. Ainsi, un cadre précis aurait existé et pourrait permettre bien des progrès.
Voilà, je me doute bien que cela ne convaincra pas les purs et durs de la première guerre, mais j'espère que cela poussera certains à aller voir ailleurs et à se documenter de façon complémentaire !