Cet article soulève des questions intéressantes, mais il est à mon avis très compliqué de parler de ce phénomène tout seul, le matérialisme, tant pour moi il est lié à de nombreux autres domaines ou facteurs. La vision du travail par exemple, celle forcément de l'argent, mais aussi une certaine vision du "progrès" qui me semble aussi liée à cela (puisqu'elle entraîne du "nouveau", du "plus performant" sans arrêt), et bien sûr du marketing, l'art de persuader que tout ce cycle est vertueux, normal et nécessaire.
Je pense que nous vivons, nous "monde occidental" pour le dire grossièrement, dans un confort très important qui augmente avec les nouveautés technologiques, vues comme des progrès pour le confort de vie justement (selon les différentes machines, je peux faire du café, un plat, une photo ou vidéo, en appuyant sur un seul bouton). Je peux aussi acheter toutes ces machines en appuyant sur un bouton, puisqu'on peut maintenant mémoriser les cartes bleues pour acheter "en un clic".
Je pense que tout ce confort est devenu une habitude pour beaucoup d'entre nous, et qu'il serait très compliqué de faire sans: ce n'est pas un jugement car chacun aurait des difficultés avec certaines choses selon moi. Avoir ses mails en 1 seconde, aller sur internet sans attente, aller d'un pays à l'autre en quelques heures, avoir des fruits et légumes hors saison...
Or ce confort nécessite une production énorme et surdimensionnée, ce qui entraîne un besoin de productivité (rapport entre résultat produit et temps de production) et d'efficacité. Pour satisfaire les chiffres de rendement attendus, les conditions de travail sont revues, en pire (un article du Monde Diplomatique parle des conditions de travail chez Amazon qui font froid dans le dos). On a besoin d'employer moins cher, que tout soit rapide au moindre coût.
C'est en cela que pour moi le matérialisme s'insère dans le cadre: il est la façon de réagir à tout ce système: puisque je travaille comme une bête, que je donne tout, ce qui n'est parfois pas suffisant, que je rentre épuisé et sans force pour réfléchir à quoi que ce soit, il faut bien qu'il y ait un aspect positif: au moins je peux acheter.
La notion de "pouvoir d'achat" arrive donc dans la conception du matérialisme pour masquer ce qui me semble être au contraire une grande impuissance: j'achète parce que c'est tout ce que je trouve de bon dans la société, je me fais plaisir car j'ai besoin de mettre un sens dans ce que je fais, j'y mets donc le sens de l'achat, de la possession de biens.
[j'essaye de faire des liens clairs pour approfondir la question, mais je ne parle pas de tout: le travail peut ne pas être un travail d'acharné, on consommera quand même, car nos sociétés sont matérialistes au sens philosophique du terme, éloignées du spirituel au sens large (pas forcément religieux mais dans l'idée de cultiver son esprit) et centrées sur la matière.]
Pour conclure, selon moi il faut regarder cela de plus haut, et j'ai encore l'impression d'avoir omis plein de points...