Merci pour cet article. Je vis moi-même avec le TPL et je me reconnais dans beaucoup d’éléments cités, et particulièrement cette impression d’être sans cesse en lutte contre mes propres émotions et mes pensées, surtout contre les biais cognitifs qu’elles génèrent. Ce qui est fascinant c’est qu’on ne vit pas tous le TPL de la même manière, certains symptômes sont plus présents chez certaines personnes et sont inexistants chez d’autres.
De mon côté j’ai cette peur constante de perdre les personnes que j’aime; s’il s’agit de ma famille proche et particulièrement mes parents, je pense quasiment chaque jour de ma vie au moment où ils ne seront plus de ce monde et à chaque fois ça me met dans une tristesse vraiment intense. S’il s’agit de mon mec je vais avoir peur qu’il me trompe ou qu’il me quitte du jour au lendemain. Concernant mes meilleures amies j’ai toujours l’appréhension qu’elles finissent par s’éloigner de moi, et de perdre ce lien si fort qui nous unit. Quant à mes amitiés en construction, c’est comme si je cherchais constamment le moindre indice dans leurs comportements qui me montrera qu’ils ne sont pas intéressés par une amitié avec moi, que je les ennuie, qu’ils me trouvent bizarre (et le fait que je vive aussi avec de l’anxiété sociale aide encore moins à mettre ces perceptions de côté!).
Je pourrais parler aussi de cette sensation de ne pas exister aux yeux des autres, de ce combat acharné pour être prise en compte, et de ce vide que je peux ressentir souvent, qui bizarrement se manifeste surtout quand je vois que mon entourage vit des activités fun et enrichissantes pendant que je suis seule à ne rien faire chez moi. L’expression anglophone “fear of missing out” fait vraiment sens pour moi dans ces circonstances.
Au sujet de l’automutilation, il m’arrivait souvent de le faire quand j’étais ado. Maintenant il s’agit plus de gestes auto-agressifs, qui se manifestent surtout quand je vis une crise de colère mêlée à de la détresse. Dans les moments comme ça je peux me cogner fort la tête avec mon poing, me griffer jusqu’au sang. En parlant avec ma psy je réalise que lorsque je pose ces gestes sur moi-même, c’est parce que l’émotion que je ressens est tellement insoutenable que j’ai besoin de compenser ou de l’extérioriser en ressentant une douleur physique. Une stratégie pas si pire que j’ai trouvé pour contrer/détourner ces émotions fortes ou mon FOMO, c’est décider de me faire tatouer (à demi sur un coup de tête bien que je prenne quand même le temps de réfléchir à ce que je souhaites réaliser).
À cause de toutes ces insécurités et ces peurs il m’arrive d’avoir des comportements que je regrette plus tard, de soupçonner mon mec de choses qu’il n’a pas faites, en venir à faire des crises quand les choses ne vont pas dans mon sens ou quand je me sens incomprise, et encore une fois de chercher toujours des indices qui montreront qu’il ne m’aime pas vraiment, comme si je le testais. J’ai souvent l’impression d’être la personne toxique de mon couple à cause de tous ces comportements et ce n’est pas facile à vivre car je n’ose pas trop en parler autour de moi.
Désolée pour le long pavé, mais je me permets de poser mon témoignage en espérant qu’il permette à des personnes TPL de se sentir moins seules dans ce qu’elles vivent et d’aider le reste des lectrices à avoir une meilleure connaissance de ce trouble de la personnalité