Mon texte est très long pour une fois, mais il se lit plutôt vite.
Par contre il faut le lire avec
cette musique en accomagnement (
Sekhmet m'a donné l'idée de la bande-son pour texte - ouh la copiteuse
own
"Oh putain, il se rapproche!
- Il se rapproche mais genre beaucoup?
- Mais oui idiot, mets la gomme... Oh non, il sort le fusil! Alex, je t'en supplie, vas plus vite!"
Replaçons ce dialogue dans son contexte: Alex a volé de l'argent à son beau-père Bernard, mais beaucoup d'argent (10 000€ quoi), et il s'est enfui avec les sous avec sa meilleure amie Manouchka, ou Manny (parce qu'elle aime pas son nom), " mais cet argent, se justifie Alex, il était à ma mère, et il le lui a volé pour partir avec sa p..."
Enfin bref, son père n'est pas content du tout mais alors vraiment pas, et depuis il les pourchasse à travers toute l'Auvergne en voiture pour le récupérer avec sa p... , mais bon ça fait deux mois qu'il les cherche, et vu qu'il est très très énervé, il a sorti le fusil (comme Manny l'a souligné plus haut) et Alex et Manny doivent à tout prix éviter ses tirs.
Retournons à l'histoire, voulez-vous?
"Arrête-toi petit merdeux! crie Bernard.
- Alors ça tu peux toujours crever, murmure Alex.
Il appuie sur la pédale de l'accélérateur subitement; 90, 100, 110, 120 km/h... les vitesses défilent de plus en plus vite, toujours plus vite. Manny a les yeux rivés sur le rétroviseur arrière, prévenant Alex à chaque salve de tirs de son père. Soudain, Alex change de direction et s'engage sur une petite route de campagne; son père le suit à la trace, mimant chacun de ses gestes , tournant à chaque fois qu'il tourne, slalomant et dépassant les voitures à chaque fois qu'il slalome et dépasse une voiture.
***
Un camion, un très long camion apparaît à une intersection. Il ne va pas très vite à vrai dire, il se traîne, on pourrait croire de loin qu'il roule au ralenti. Il s'arrête au stop de cette intersection, et attend longueument, très longtemps avant de s'engager enfin sur la voie.
- Attention y'a un camion au stop, tu ferais mieux de ralentir un peu, non...
- Il est proche de nous? la coupe Alex.
- Euh quand même oui, indique Manny, mais fais attention Alex, y'a un camion juste devant...
- Combien de mètres environ?
- Euh... dix tout au plus, mais c'est pas le plus important, ya un cam... mais qu'est-ce que tu fous? Pourquoi t'accélères... mais arrête!
- T'inquiète, je sais ce que je fais.
Alors qu'il va de plus en plus vite et se rapproche dangereusement du très long véhicule, il tourne brusquement pour contourner le camion; son père n'a pas le même réflexe et fonce dedans. Manny regarde horrifiée la scène, et fait un signe de croix (parce qu'elle est très pieuse).
- Oh mon Dieu, merde, merde, PUTAIN DE MERDE... ton père vient juste de se manger un camion, il doit avoir besoin d'aide!
- Ouais sûrement, ouais.
- Non mais je rêve, tu t'en fous ou quoi?
- Euh non, non, mon père est... t'as dit qu'il a fait quoi déjà?!
- Ton père vient peut-être de mourir et t'en as rien à foutre?
- Hein?!
- Mais fais demi-tour, putain, et vas l'aider!
- Parce qu'il nous a aidé quand il nous tirait dessus avec son fusil?! T'as qu'à y aller toi, si tu l'aimes à ce point là!"
Alex n'est plus là, son corps est là, mais son esprit est parti, il est comme possédé par le sentiment de puissance que lui procure la vitesse supersonique de la voiture. Il a vaincu son père, il a vaincu tout le monde, il dépasse tout le monde, tantôt par la droite, tantôt par la gauche, roulant sur l'herbe puis sur le goudron de la route, le vent accompagne sa course, il est invincible, sa vitesse le protégeant de tout. Plus rien n'existe, pas même Manny qui semble voir La Faucheuse s'approcher d'eux à chaque seconde, ni la bande de voitures de gendarmes qui le suit, encore moins l'hélicoptère qui filme sa course poursuite sur une route perdue d'Auvergne sans but.
Manny est bien là, elle, le vent l'empêche de parler sans devoir crier, la vitesse, le regard d'Alex lui fait peur, il est animé d'une lueur de folie qui la terrorise. Elle l'implore, le supplie de ralentir, essaye de le raisonner, de lui faire remarquer que la police est à ses trousses, pleure, hurle à la mort, prie la Vierge Marie de les épargner et de ne pas les envoyer en enfer, puis crie à nouveau, l'implore, se met même à réciter le "Notre Père" et le "Je vous salue Marie" jusqu'à ce qu'il en ait marre d'elle et lui balance au visage: "Ta gueule, putain de merde!"
Il l'a regardé d'un regard à vous glacer le sang, on pourrait croire qu'il veut la tuer; c'est d'ailleurs ce que Manny a pensé, hypnotisée par la folie toujours plus grandissante du conducteur.
Passé le moment de choc, puis le moment d'angoisse, arrive le moment d'exaspération, où on en a marre de le voir faire n'importe quoi, et enfin le moment de colère, où on tente de reprendre le contrôle de la situation, même si cela implique qu'on perde toute sa raison, et qu'on fasse nous aussi n'importe quoi.
Manny tente alors de s'emparer du volant.
Ils se battent pour prendre le contrôle, et foncent tout droit dans un arbre.
***
Bilan des courses: 4 morts, et 10000€ couverts de sang.