:exclaim: Attention, on ne dit pas "artiste" tout court mais "net-artist". C'est à prendre avec de la distance : sous-entendu, si art il y a sur Internet, ceci en serait. Habituellement, tout a une utilité sur Internet. Ces sites n'en ont pas, si ce n'est qu'ils ont été crées pour être appréciés tels qu'ils sont. Voilà le rapprochement avec l'art en général - sa gratuité.
Pour extrapoler un peu comme j'aime tant le faire :
Avec la pérennisation d'Internet, esthétique, concept et technique se sont pas mal mélangés. C'est ce qui brouille les différences entre artiste ("numérique"), directeur artistique, communiquant, graphiste (pour le compte de quelqu'un ou non) et codeur (celui qui met vraiment la main à la pâte). Et c'est aussi ce qui fait que l'on a tant de mal à envisager certaines prouesses du web comme créations artistiques à part entière.
Rafaël Rozendaal, à l'instar des premiers artistes du mouvement net.art (aujourd'hui mort) en 1995, se définit en tout cas comme artiste : il parle de "toile" quand il évoque une page html.
Évidemment, certains lèveront les yeux au ciel (comme pour les surréalistes à l'époque : "exposer un bidet, c'est de l'art ?") - je comprend que la tentation d'y voir une supercherie est grande.
Mais sa démarche revendiquée ("l'Internet comme anarchie"), son concept ("une toile, une page, une oeuvre"), la gratuité de ce qu'il fait (la différence avec le graphiste qui fait du beau pour servir la com' de l'utile, pas du beau pour la contemplation du beau), sa volonté de faire réagir (par l'absurdité, la curiosité, l'énervement, l'incompréhension, l'enthousiasme pour les couleurs)... arrivent à me convaincre.
J'y vois un concept numérique donc j'y vois un net-artiste.
Mais c'est subjectif et je suis ravie de voir que l'art peut encore susciter des suspicions. Pouvoir dire "c'est de la merde" reste à mon sens le seul vrai rempart contre la marchandisation de l'art.
Quant à la question de savoir s'il est un artiste hype : pour le moment, je ne le vois cité que par des étudiants en arts numériques, des graphistes ou des codeurs de chambre. Il n'a pas l'air d'être dans une démarche d'autopromotion agressive. C'est déjà ça.