Je te souhaite moi aussi beaucoup de courage, tu vas en avoir besoin.
Je suis tombée malade il y a un peu plus de deux ans, un dysfonctionnement du système nerveux qui causait une douleur permanente, récalcitrante aux antalgiques. Je suis restée comme ça pendant six mois parce que personne ne savait dire d'où ça venait, finalement j'ai trouvé un traitement un peu expérimental qui a marché mais bref, ça a mis du temps, la douleur a disparu progressivement, et tout le temps que j'avais mal je ne savais pas combien de temps j'allais devoir rester comme ça, je me disais que ça n'allait peut être jamais partir.
Je l'ai très mal vécu. J'étais épuisée, à bout de nerfs. Je pense qu'il y avait aussi le fait que je ne comprenais pas ce qui m'arrivait, tous les médecins que j'allais voir me trouvaient en bonne santé, on m'a diagnostiqué mille trucs improbables au hasard et les traitements ne marchaient pas, donc c'était peut être de l'épuisement psychologique. Chaque matin j'espérais me réveiller et être guérie, que ce soit partie comme c'est arrivé, par magie.
Au début, les premiers jours, je paniquais un peu, j'avais une peur superficielle, je courais dans tous les sens, je combattais la douleur mais au fond j'étais terrifée. Les semaines suivantes, j'étais véritablement inquiète, ça me touchait profondément. La douleur ne devenait pas moins insupportable avec le temps. Je m'effondrais en larmes en cours, je m'enfermais des journées entières dans ma chambre, je tapais dans le vide, j'étais déprimée, abattue, j'avais vraiment peur. Impossible de me concentrer sur autre chose que cette douleur aigue et acide.
Malgré cela je m'accrochais, je me poussais à aller voir des amis, à aller en cours, à continuer à chercher un médecin qui saurait me dire ce que j'avais. A penser à autre chose, à regarder des films, lire, faire des choses automatiques. A chercher un stage, commencer à bosser, dépasser la léthargie subséquente à la douleur. C'est vraiment ce qui m'a aidée. Me pousser à faire des choses positives, à sortir de la douleur qui m'enfermait et m'écrasait, m'accrocher à quelque chose qui ressemblait à de l'espoir, pas forcément de guérison mais d'amélioration. Me regarder dans la glace et me dire que je suis forte et que je n'ai pas le droit d'abandonner.
Au bout de quelques mois, la douleur était devenue une partie de moi. C'était normal, je m'y attendais. C'était toujours insupportable mais je l'avais acceptée. J'avais moins souvent envie de mourir. Et en même temps je ne savais plus si ça valait vraiment la peine que je continue à me battre, après tout j'étais capable de vivre comme ça. J'ai continué par habitude et par ego, et ça a payé. Finalement, c'était l'enfer mais je me suis prouvé que je pouvais être plus forte que l'enfer et ça, ça vaut tout. Accroche toi.
Je suis consciente que ce n'est pas la même chose puisque c'était limité dans le temps, mais tous les médecins que je voyais me disaient que ça pourrait ne jamais partir, et je me suis souvent demandé comment j'allais faire pour vivre avec ça le reste de ma vie. A vrai dire quand j'ai commencé à aller mieux, ma kiné m'a dit que ce genre de symptôme ça pouvait réapparaitre à tout moment, je ne saurai jamais si je suis vraiment guérie. Finalement je pense que ça se vit jour après jour, tu auras des phases où tu craqueras et c'est normal, mais l'important c'est d'avoir suffisamment de choses dans ta vie pour t'y accrocher et continuer à avancer. Courage.