Ton passage plus haut sur la pédagogie directive et non-directive est très intéressante, tu me fais réfléchir sur la façon dont mes profs, dans la mesure du possible, l'ont été ou non.
La pédagogie dans l'Education Nationale est un looong sujet de discordes et de théories successives !
Je considère que selon la matière enseignée, les professeurs sont plus ou moins disposés à être pédagogues. Par exemple, pour l'Histoire ou les Sciences, c'est une discipline qui est enseignée, au contraire du Français. L'enseignement est donc d'abord composé de quelque chose de factuel, des choses prouvées que l'élève doit juste... admettre. Cela réclame une pédagogie différente de celle induite par des matières telles que la Philosophie, parce que la manière dont est conçue la matière et son enseignement n'est pas la même. Par contre je n'ai pas de sources sous la main pour rendre cela plus clair (me tapez pas
).
Idem, je trouve que la pédagogie ne revêt pas le même sens que l'on soit en maternelle/primaire, qu'au collège/lycée. Pour les plus petits, la pédagogie me fait beaucoup plus penser à l'enjeu de la sociabilisation et de l'appropriation du monde extérieur. Plus grands, l'enjeu est d'acquérir un savoir brut. Mais de côté-là, l'opposition entre
pédagogie traditionnelle et active peut éventuellement t'intéresser, et puis cela catégorise plutôt bien les différentes positions que l'on adopte dans un débat vis-à-vis de nos interlocuteurs, à savoir si l'on est actif ou passif dans la réception des connaissances, etc.
c'est qu'à partir du moment où on perd patience dans un débat, la forme peut devenir subjective, dans le sens où on va justement avoir tendance à prendre moins de pincettes, comme tu l'as mentionné aussi. Et c'est là que l'échec pointe le bout de son nez...
On en doit pas traîner dans les mêmes recoins d'Internet
car la majorité des gens dont je lis les débats ou les commentaires n'ont pas tellement l'envie et la patience de réellement débattre de manière argumenté et posé. J'ai plutôt l'impression que la tendance est plutôt au message ironique ou un peu drôle, à celui qui en écrasera le plus par son semblant de confiance en soi inébranlable et de sa pseudo-répartie (souvent peu pertinente). Par exemple, Rue89 est devenu un vrai repère de ce genre de personnes. Au contraire, si on laisse un message avec plein d'arguments (peu importe qu'on considère être en accord avec ou pas, là n'est pas la question), celui-ci peut sembler long et ennuyeux et les gens vont se tourner vers d'autres commentaires plus courts et peut-être plus proche de leur avis limité. (ça fait très paternaliste ce que je dis mais je ne vois pas trop comment le formuler autrement
)
Bien sûr, au bout d'un moment il devient difficile de garder son calme. Tant que l'on ne nous agresse pas, inutilement, dès la première parole ou le premier message, c'est déjà un bon point, non ? Et je comprends qu'on puisse avoir envie d'élever la voix, ou de durcir ses propos, dans un tel cas... cela me semble même inévitable ! Mais cela signifie que le débat tourne en rond, et qu'il est temps de le terminer. "échec", comme tu l'as mentionné.
Je suis tout à fait d'accord, sur internet une personne qui répond sérieusement à un sujet, au milieu d'une dizaine d'autres pour qui ce n'est pas le cas, n'arrivera pas à se faire entendre. Les messages longs ou argumentés n'obtiennent pas toujours l'écho qu'ils devraient : au mieux, ils sont passés sous silence, au pire, ils sont "attaqués" ou dénigrés. D'ailleurs, pourquoi t'as répondu à mon post, ça a dû être looong et fatigant
T'aurais pu faire comme ces gens, ne pas l'avoir lu et répondre simplement un "Ok." antipathique et plein de condescendance.
Après, ce n'est pas parce qu'un message est long ou dont la forme semble correcte, qu'il est forcément sensé... On peut être pédagogue en étant concis et allant droit au but, mais on risque également de laisser une part d’ambiguïté si l'on n'étaye pas un minimum ses propos. C'est au choix de chacun !
Mais qu'en est-il si on est face à une personne qui débarque avec ses gros sabots et qui veut tout écraser sur son passage ? Parce qu'elle est convaincue d'avoir raison ou peut-être aussi parce qu'elle aime bien s'imposer, d'une manière ou d'une autre... Pour en revenir à celleux qui essaient de réveiller les consciences sur des sujets tels que le féminisme, que peuvent-elles faire ?
J'ai envie de dire... ne pas lâcher le morceau ? Savoir que même si une personne nous tient tête, nos arguments ne tournent pas en rond ?
Je suis consciente que ce n'est pas ma petite pomme qui va faire changer les mentalités de bien des personnes (et dans un sens, nous ne pouvons forcer personne à adopter notre point de vue). Et dans un débat, face à des personnes, disons, on ne peut plus orchidoclastes
(peut-on confirmer que présenter les choses ainsi est un euphémisme ?), si on a l'assurance d'avoir défendu ses propos, tout en ayant fait preuve des qualités nécessaires à un tel échange, alors on peut partir sans baisser la tête. Dans ton 1er post, tu disais que tu voulais "convaincre". Tu m'as l'air d'avoir compris tous les enjeux d'un débat, de la manière dont on doit appréhender les propos d'autrui (tu en aurais presque ma reconnaissance, tiens
). Défends tes idées, informe les personnes qui sont aussi réceptives que toi, mais peut-être moins peut-être moins bien renseignées ! Et oui, elles sont une minorité, ces personnes curieuses, prêtes à écouter, à se remettre en question, mais elles existent ! Ce serait mentir que de dire le contraire ; mais sur internet, surtout, toutes ces personnes se noient parmi les autres profils que tu as décrit.
Et après, j'entends souvent dire que c'est pas leur rôle d'être pédagogues et de les sensibiliser... Mais alors, pourquoi se battre contre les oppressions si on ne l'est pas ?
On sait très bien que les gens vont se braquer encore plus... Je suis perdue quant à la façon dont on doit aborder la chose et j'ai un peu l'impression de tourner en rond.
Je trouve dommage que cela se passe comme ça. Il y aura toujours des "ultras" pour pleeeein de mouvances différentes, il y en a toujours eu. Mais comme tu le dis, l'idée ici c'est de se battre contre les oppressions. On ne fait pas ça seul, non ? Alors comment sensibiliser les gens, si on s'enferme dans sa propre opinion ? Si on veut la rendre "élitiste", "supérieure", en ne la divulguant pas ?
Parfois, j'aurais simplement envie de dire qu'être pédagogue, ce n'est pas pour autant se rabaisser. Non, expliquer les choses clairement dans un débat et vouloir expliquer le pourquoi du comment de notre pensée ne rend pas une personne moins intéressante. Et à l'inverse, ce n'est pas parce qu'on affirme ses opinions haut et fort, que l'on se targue d'avoir des principes inébranlables, que l'on rejoint une meilleure position sociale, que l'on gagne en prestige ou en respect de la part d'autrui. Écouter les autres, ce n'est pas être faible d'esprit vindieu. Rendre quelque chose accessible à tout le monde ne lui fait pas perdre de sa valeur (et ne le rend pas non plus "populaire", "populiste", dans le sens péjoratif du terme).
Cela me fait penser au métier de journaliste.
je m'explique hmhm. Est-ce que le travail même d'un journaliste est de vulgariser ses propos pour les rendre accessibles au plus grand nombre ? Là, il serait désigné comme un pédagogue, non ? Mais le journaliste peut tout aussi bien décider qu'il détient l'information (avec un grand I, siouplaît), et que son rôle est simplement de la relayer dans ses papiers, tant pis si cela est incompréhensible, tant pis si cela le coupe d'une partie de la population qui doit faire des efforts pour comprendre ce dont il est question.
Parfois, je me demande si rappeler à la personne en face que bousculer ses préjugés demande un gros travail sur soi ne serait pas un rappel nécessaire au bon déroulement d'un débat. Car, comme tu le dis, il faut se parler d'égal à égal, mais il arrive assez souvent qu'une personne veuille juste montrer à quel point son raisonnement est supérieure. Faire en sorte de partir sur une base saine peut peut-être éviter l'enlisement d'un débat vers des postures plus agressives. J'essaie de garder en tête que j'ai été une noob sur ses sujets, ça me permet d'être plus clémente en lisant des opinions qui me paraissent aberrantes aujourd'hui.
Car même si on n'arrive pas à convaincre la personne en face, il y a d'autres lecteurs-rices ! Les personnes qu'on appelle la majorité silencieuse, en somme. Et dans ce tas hétérogène de gens, il peut y avoir des personnes en accord avec la personne "récalcitrante" et je me dis qu'un message sec, voire agressif peut tout aussi bien les rebuter, car elles se sentiront concernées et visées.
Quand on y songe, c'est pas tant la personne avec qui on débat qu'on veut convaincre (même si c'est un bonus appréciable
), mais les autres. qu'ils soient déjà plus ou moins sensibles à la question abordée ou pas.
Je ne peux que te suivre sur ce chemin-là... Dans un sens, cette idée me paraît indissociable d'un débat. Ou alors, la personne l'ignorant ignorerait-elle aussi le concept même d'un débat ? Il faut trouver des personnes à même de débattre, ou d'approfondir des sujets, tout simplement ! La "majorité silencieuse" est un joli concept, je trouve. Et cela résume plutôt bien la dualité qu'il existe à l'heure actuelle : une minorité de personnes monopolise les débats et est sur le devant de la scène ; toutes les autres n'arrivent pas à se faire entendre, intégrer le débat, s'identifier à des propos (voire les comprendre ?), et finalement, penser de manière autonome et construire un raisonnement. Pas qu'elles en soient incapables, mais l'attention est monopolisée autour de ces tensions, et le débat perd en intérêt...
Ouais, hein, je ne te remercie pas.
Mais ton message était très intéressant, je suis d'ailleurs fondamentalement d'accord avec toi, donc j'ai dû sûrement répéter ce que t'as dit d'une manière différente.
Tttt, que nenni ! Je trouve ce sujet intéressant, même si à force de remuer tous les arguments possibles et inimaginables, je me rends compte qu'il faudra toujours se résigner. Cela ne nous empêche pas de donner notre avis, de le défendre, ce n'est pas un vilain mot que d'avoir des opinions quand on sait entendre celle de quelqu'un d'autre ! Mais on se heurtera toujours à quelque chose, quelqu'un... malgré tout.