Je trouve que ton plan ne s'axe pas nécessairement assez sur ce que l'enfance a d'important en elle-même, de façon particulière, pour chacun. Je ne sais pas si c'est ce que tu veux développer dans tes sous-parties et si c'est le cas je m'excuse de répéter ce que tu dis, mais je trouve qu'il serait intéressant de tourner autour de (même si ça semble assez évident) la nécessaire construction qui se fait dans l'enfance, le fait qu'à travers l'autobiographie l'écrivain recherche les épisodes centraux à partir desquels son moi s'est élaboré ou plus simplement son rapport à l'écriture. Je sais que tu parles des moments heureux et des expériences marquantes, mais pour moi il y a une distinction à faire entre les expériences marquantes qui peuvent être traumatisantes, comme l'expérience de la fessée chez Rousseau que tout le monde connaît, et les expériences anecdotiques mais qui au fil de l'enfance construisent tout un rapport au monde et aux mots comme dans Les Mots de Sartre par exemple. Quelque part pour moi, même si au fil de ta première partie tu impliques que l'enfance est constructrice, il serait intéressant de faire une sous-partie réellement centrée sur ce qui peut ne sembler qu'anecdotique etc, enfin ça me semble peut-être même plus en phase avec le sujet que l'hommage aux parents disons. Je ne sais pas, ce n'est que mon opinion.
Pour ta deuxième partie, le petit b, puisque tu parles d'exemples, je pense à L'Ecriture ou la Vie de Jorge Semprun, parce que c'est l'occasion d'aborder à la fois les camps de la 2GM et la réflexion sur l'écriture qu'est l'autobiographie. Je veux dire par là que, quel que soit l'époque de sa vie qu'on relate, l'écriture autobiographique, notamment pour un écrivain, est également et presque avant tout une réflexion sur l'écriture elle-même, le pacte autobiographique, la narration, etc. Jorge Semprun écrit quelque chose de très juste, lorsqu'il dit la difficulté de raconter les camps : "Seul l'artifice d'un récit maîtrisé parviendra à transmettre partiellement la vérité du témoignage". Dans ce type d'autobiographies, en parlant simplement des camps cette fois-ci et non pas de la question de l'écriture, le noyau créateur n'est plus individuel, c'est un fait historique, un événement qui surgit, et l'autobiographie ne se situe plus tant dans l'introspection que dans le besoin de témoigner. Dès lors effectivement l'intérêt de l'autobiographie ne se situe pas dans l'enfance puisque l'autobiographie n'est pas dans la même démarche, ce n'est pas une recherche individuelle mais collective, humaine, ce que je veux dire c'est que ce n'est pas simplement que les événements importants se situent plus tard c'est qu'on a changé d'angle, ce n'est pas le même type d'écriture autobiographique et cette distinction me semble intéréssante à souligner. Ce que je veux dire c'est qu'on s'éloigne de la volonté d'être écrivain, d'écrire sur soi, dans ce type d'autobiographies à travers le moi on confronte l'ineffable au dicible, c'est le même genre mais la démarche est différente et cette distinction me semble importante. On n'aborde pas du Primo Levi de la même façon que les Mémoires d'Outre-Tombe de Chateaubriand (personnellement j'aborde pas du tout Chateaubriand tant qu'à faire ahah).
Pour revenir à ce que je disais sur la question de l'écriture pour moi il est possible de faire dans ton grand II une partie dans laquelle tu expliques que les souvenirs d'enfance ne sont finalement que la matière, que cette matière pourrait être remplacée par d'autres souvenirs car la véritable démarche autobiographique se situe bien plus dans la façon dont l'auteur aborde, écrit et saisit les souvenirs, véritables ou fictifs, qu'il a choisis, que dans le catalogue de souvenirs qui en ressort. A travers l'écriture autobiographique c'est avant tout l'élaboration d'une poétique du moi qui apparaît, à mon sens, et le matériau utilisé passe au second plan. Est-ce qu'il est plus autobiographique d'écrire ses souvenirs comme le fait Rousseau, ou en partant du "Je n'ai pas de souvenirs d'enfance" de Pérec ? Bon Pérec c'est particulier, je le cite juste parce que je n'ai pas d'autre exemple précis en tête mais.. C'est l'idée que finalement la particularité de l'écriture autobiographique ne se situe pas dans le fait qu'elle narre des souvenirs, mais dans le fait que c'est une écriture centré sur soi, sur le ressenti, une écriture qui tourne autour de sa propre écriture en quelques sortes. Enfin là je ne sais pas si je suis très claire mais bon voilà, ce serait plus simple si j'avais un exemple précis sous la main ahah.
Michel Leiris écrit quelque chose qui peut peut-être t'intéresser dans La Règle du jeu : "Après avoir cité mon homonyme partiel Michel Bréal, m'être référé au dictionnaire Larousse, avoir rapporté une partie des propos que m'a tenus un quidam, je ne suis pas plus avancé qu'avant : les mêmes écrans me séparent de la réalité et l'on dirait que ces phrases dans lesquelles je m'embarasse - tantôt en y ajoutant des mots, tantôt y remplaçant des mots par d'autres mots - sont l'image du difficile commerce que je m'efforce de nouer avec le réel, paralysé que je suis par les mouvements les plus contradictoires et m'attardant en maints détours, justifiés seulement par la répugnance irraisonnée que j'éprouve à aller droit au fait, quel que soit mon désir d'établir entre la réalité et moi le contact le plus direct."
Après personnellement j'inverserai peut-être le I et le III, mais ce n'est que mon opinion, et tout dépend de ce que tu comptes développer dans tes différentes parties. Disons que le III me semble accorder une "portée pratique" aux souvenirs d'enfance tandis que le I s'axe plus sur la démarche de l'écrivain, du moins dans mon interprétation.
Bref, bref, je parle trop, je me tais.