Pour ce qui est du délai de l'IVG, c'est vrai qu'augmenter de quelques semaines, ça pourrait être pas mal, ne serait-ce que pour éviter à des femmes de devoir courir à travers l'Europe parce qu'à une semaine près, c'est trop tard en France, et que 12 semaines, c'est vraiment court...
D'un autre côté, quand on entre dans le deuxième trimestre, il y a moyen de connaître le sexe du fœtus...ce qui pour le coup, me gêne pas mal. Ça me semble un peu la porte ouverte aux avortements sélectifs en fonction du sexe. (Quand je vois des gens capables de mon entourage lointain capables de faire six enfants dans l'espoir d'avoir une fille (résultat, ils ont eu six garçons) et de regretter vingt ans plus tard d'avoir fait, je cite, "autant d'essais ratés", je ne pense pas qu'ils auraient hésité une seule seconde à avorter tant que ce n'était pas une fille... et sans forcément être dans ce cas assez particulier, ça me semble assez étrangement répandu, cette volonté d'avoir absooolument une fille/un garçon, donc bon, je pense que ça en tenterait clairement certain(e)s). Après j'imagine qu'on pourrait autoriser l'avortement après douze semaines avec une attestation du médecin comme quoi les parents ne connaissent pas le sexe du fœtus...
Très honnêtement, avorter après trois-quatre mois de grossesse, cela me pose personnellement un problème éthique/moral (mais c'est pas en fonction de mon éthique personnelle qu'on fait les lois, et je ne m'indignerai certainement pas que ce soit autoriser, ça me chiffonnerait et je n'opterais très probablement pas pour cette option moi-même, mais ce serait bien tout
). Après tout, il me semble que c'est durant le quatrième mois que le fœtus construit ses cinq sens, le sens du toucher, notamment...donc pour moi, il risquerait bien trop de souffrir. Alors certes il est possible d'arrêter son cœur avant l'avortement, comme lors d'une IMG il me semble, mais étant donné ses cinq sens développés, je ne peux pas m'empêcher d'avoir de l'empathie avec lui aussi, d'avoir peur qu'il ait peur ou mal, qu'il mette trop de temps à mourir et souffre quand même...à tort ou à raison, je n'en sais rien. Mais bon, techniquement, je ne serais pas contre cette possibilité, je ne serais pas pour, mais je ne serais pas contre parce qu'il ne s'agit pas que de ma pomme, et si ça peut être important pour ne serait-ce qu'une autre femme, et bien soit, je n'ai pas mon mot à dire. Surtout que bon, les IMG sont autorisées à tout stade de la grossesse, donc c'est vrai que pourquoi pas les IVG ? Pourquoi ce serait autorisé uniquement en cas de handicap, la vie d'une personne porteuse de handicap n'a moins de valeur qu'une autre, donc c'est vrai que c'est absurde. Techniquement, les IMG me chiffonnent aussi dans certains cas, mais encore une fois, on s'en branle que ça me chiffonne parce que c'est extra subjectif, donc autant laisser chacun(e) décider pour soi-même et son foetus.
En revanche, l'accouchement prématuré volontaire, pour moi, c'est un non catégorique et ça me choquerait profondément que ce soit autorisé. Surtout aussi tôt que cinq mois et demi, mon dieu. A ce stade, certes, peut-être que le fœtus est considéré comme viable ex-utero, mais je pense que le mot "viable" est pas mal à prendre avec des pincettes parce que le risque de décès est quand même très élevé, et s'il y a survie...dans quelles conditions ce sera ?
La prématurité entraîne un risque de séquelles qui peuvent être lourdes (déficiences motrices, cognitives ou sensorielles) et plus l'enfant est prématuré plus le risque est élevé... Sans compter que euh c'est pas juste "hop, on met le bébé en couveuse", peut-être qu'il devra être réanimé, une ou plusieurs fois, peut-être qu'il devra subir une trachéotomie, être intubé, être perfusé, nourri par sonde, être aidé pour respirer parce qu'il ne peut pas le faire seul, être opéré du cœur, etc. Il a plus de risque qu'un bébé né moins tôt d'être anémié, de choper des infections, de faire des hémorragies cérébrales, etc.
L'avortement sauve la femme d'une grossesse/maternité non désirée, mais quelque part, ça évite de mettre au monde un enfant qui sera potentiellement abandonné/mal aimé/maltraité, bref ça lui évite également de souffrir plus tard. Donc au final "tout le monde y gagne", il y a assez peu de contreparties négatives possibles. Là, provoquer un accouchement à cinq mois et demi, six mois de grossesse, c'est sauver la femme de quoi, deux/trois mois de grossesse (parce que bon, à la limite, un accouchement à huit mois de grossesse, ça me parait bien moins terrible et risqué, la plupart des bébés qui naissent à ce stade n'ont pas de problèmes ou de séquelles il me semble), et potentiellement offrir au gamin une super vie d'enfant abandonné polyhandicapé qui ne sera peut-être jamais adopté parce que les gens préfèrent adopter des enfants valides, généralement (ce que je ne juge pas, hein, je ne me sentirais moi-même pas capable d'adopter un enfant lourdement handicapé). Youpi. Genre le gamin, il est certainement passé à deux-trois mois près d'être valide et d'avoir une famille. Donc quoi, juste "tant pis pour lui, épargner deux mois de plus de grossesse à sa mère c'était plus important" ? Moui, ça me convainc que très moyennement, désolée...
pourtant, j'ai bien conscience qu'une grossesse non désirée peut être très éprouvante, mais je n'arrive pas à comprendre que s'épargner deux ou trois moins de grossesse de plus vaille des semaines, voire des mois, voire une vie de souffrance. Je veux dire, le gosse qui apprend que la personne qui n'a pas voulu de lui a grandement contribué à ce qu'il soit handicapé faisant par là qu'aucune famille n'a voulu l'adopter...euh, bah, il l'a un peu mauvaise, je pense, merci du cadeau... ça me parait assez difficile de se construire là-dessus, quoi...
@AntiopéBagheera , à propos de ta question sur si c'est l'eugénisme d'avoir recours à une IMG si le fœtus est porteur d'un handicap, je ne pense pas qu'il y ait de réponse universelle, je pense que ça dépend vraiment du ressenti personnel, certains handicaps paraissent insurmontables à certaines personnes et pas à d'autres. Personnellement, je raisonne en me demandant quelle qualité de vie pourra avoir cet enfant s'il nait...mais encore une fois, c'est très arbitraire, c'est selon mes critères et ma vision des choses, et ce que je trouve insurmontable et qui me pousserait éventuellement à une IMG (là, comme ça, je ne saura pas citer une situation qui m'y pousserait), et bien il y a tout de même des gens qui le vivent, qui s'en sortent et y'en a bien parmi eux qui sont heureux. Après, pour donner un exemple précis, à mes yeux, une personne porteuse de trisomie 21 peut avoir une vie tout à fait chouette, très très très proche de celle que peut avoir une personne qui a un nombre lambda de chromosomes. J'ai donc beaucoup de mal à comprendre qu'on puisse recourir à une IMG dans ce cas, parce que selon mon point de vue, je vois pas le problème. J'espère pouvoir un jour adopter un enfant porteur de trisomie 21, ça fait partie de mes projets d'avenir, donc il est vrai que si je venais à être enceinte d'un enfant dans ce cas, ben, c'est cool, ça fera toujours la démarche d'agrément en moins à faire.
Mais je me doute bien que pour untel, cette idée est complètement absurde, et que pour cet untel-là, un handicap moteur est plus facile à surmonter selon lui. Et unetelle pensera autrement.
Je pense que ce n'est pas de l'eugénisme tant qu'on pense au bien du futur bébé, de la famille, de la mère, ça n'en est pas tant que c'est une décision purement personnelle et que l'on sait applicable uniquement à soi-même. En gros, c'est pas au médecin de partir du principe que puisque le fœtus n'est pas "conforme" alors on doit forcément avorter, c'est pas à l'entourage de faire pression sur les parents, c'est pas à une autorité quelconque de le faire non plus.
N'hésitez pas à me faire remarquer si je suis blessante, ou à me reprendre si je dis des bêtises, je peux être très maladroite quand je m'exprime...