Ma grand mère était atteinte.
Au début ça a été très insidieux, on se rendait compte qu'elle oubliait des choses, elle cherchait ses mots, mais c'était vraiment quasi imperceptible. On s'en rendait compte quand on ne l'avait pas vue depuis un moment, genre aux retours de vacances, là on notait des changements qu'au quotidien on ne remarquait pas.
Ensuite une anorexie c'est installée, elle a progressivement commencé à trier les aliments dans son assiette, à haïr les gens gros dans la rue. Elle a maigri à une vitesse vertigineuse. 1er signal d'alarme. Le second a été ses crises, parce qu'elle se rendait compte qu'elle cherchait ses mots, tentait de nous expliquer pendant de longues minutes et finissait par piquer des colères monstres. Je crois que dans la maladie c'est le moment le plus horrible, celui où la personne se rend compte qu'elle perd ses capacités. C'est là qu'on a commencé à se dire que quelque chose clochait vraiment
Suite à ça on lui fait passer scanner, irm. On nous dit qu'elle a peut être fait une sorte d'avc, on lui prescrit des séances d’orthophonie auquelles elle refusera d'aller, et des antidépresseur... et elle rentre chez elle, tout simplement.
La suite est allée crescendo et est parfois à peine racontable.
Sa mère meurt, gros choc émotionnel.Elle commence a rentrer dans des délires, voit des choses, pense qu'il y a des voleurs chez elle (le carreau était cassé de l’intérieur), se met à parler aux photos dans son salon, leur fait des offrandes. Parle aux miroirs. Passe le balais à minuit et se fait cuire des saucisses à dix heures du matin. Elle devient violente, même très violente dès que quelque chose la contrarie. On se relais pour aller lui donner à manger dans la semaine, mais c'est très dur. Elle commence à faire des choses dangereuses, on a peur quelle mette le feu.
Au moment où ça n'est plus gérable, une aide ménagère et des infirmières sont chargées de prendre le relais. Elle en fait fuir plusieurs de par ses crises, elles viennent tellement peu d'heures dans la semaine, alors qu'il en faudrait le double pour bien s'occuper d'elle. Ses crises de violences sont de plus en plus ingérable.
Viennent les fugues, trois en tout dont une qui se termine à l'hopital. Son hygiène devient aléatoire, impossible de lui faire prendre un bain ou une douche et encore une fois les aides ménagères sont tellement short niveau temps que c'est un challenge d'arriver à lui faire une toilette convenable.
On craque. Devant notre impuissance, la seule solution qui s'offre à nous ce sont les urgences psychiatriques. Une grosse, grosse erreur. Un médecin décide en attente d'une place en maison médicalisée, de la placer dans un hopital psychiatrique loin de chez elle. Ca a duré 2 semaine. Shootée au téralène elle tombe et se casse le col du fémur. C'est horrible à dire mais il valait mieux ça que rester dans cet endroit .
Ensuite le placement, la dépendance qui s'installe, jusqu'à la fin. Peut être les moments les plus doux pour elle, les plus cruels pour nous. Mais elle ne semble pas souffrir, écoute Fool garden en tapant du pied, mange tous les kinders qu'on lui a offert à Paques, parle à son nounours comme une enfant. Elle ri, souvent.
On l'a perdue en 2008.
Voila, personne ne sort indemne de ce genre d'expériences.