Je suis également dans le même cas (mais originaire du fin fond de la France profonde) ... Sauf que je n'ai jamais pu partir de chez mes parents, et m'enfonce dans la précarité, si je puis-dire ... et à 27 piges ...
J'ai terminé mes études universitaires (master) il y a deux ans et n'ai toujours pas réussi à trouver de job, malgré le fait que je passe mes journées et nuits entières à fouiller sans relâche.
Je suis issue d'une famille ouvrière sous le seuil de pauvreté, et me suis toujours battue contre les clichés de classes sociales en argumentant que OUI on pouvait venir d'un milieu très défavorisé et accéder au monde des études supérieures et réussir avec brio. Mais c'est tout l'inverse qui me revient en pleine poire tel un boomerang aujourd'hui ! Une fois qu'on a terminé les études, que reste-t-il ? La même précarité qu'avant, avec un diplôme et des compétences qui ne servent strictement à rien dans le milieu où l'on vit.
Pas de possibilités de quitter le logement familial, car sans ressources financières, pas de possibilités de s'exporter ailleurs, car aucun revenu(s), pas de contacts ni de coup de pouces des parents, qui ne connaissent personne de socialement "bien placé" sur l'échelle hiérarchique, pas de coups de pouces des amis, qui sont exactement dans le même cas ...
Il ne reste que l'oppression des institutions qui, lorsque vous osez exposer avec honte vos difficultés, utilisent leur ton condescendant et vous humilient bien plus que nécessaire, en vous disant que vous ne devriez pas rester chez vos parents toute votre vie et aller prendre votre indépendance ("POURQUOI SUIS-JE ICI, AU FAIT ?"), en vous suggérant des solutions absurdes et ahurissantes et sans lien avec votre parcours et compétences ("ah, on a un poste pour vous pour fabriquer des cagettes à 1400 km pour un stage de 2 mois non-rémunéré ! Vous ne le voulez pas ? Ben c'est de votre faute votre situation actuelle alors, hein, bon.") soulignant votre statut de "Tanguy" (ce qui n'est point le cas car vous n'avez pas un rond et ne demandez qu'à partir), bref, en mettant le doigt là où ça fait mal en riant d'un air psychopathe.
Vraiment, je fais du mieux que je peux pour m'en sortir, mais plus le temps avance, et plus la situation me semble être un puits sans fond !
Le seul point positif est le soutien sans failles de mes parents, des vieux de la vieille, l'ancienne génération, des durs à cuire, toujours positifs et optimistes, toujours bosseurs et accrochés aux opportunités, toujours prêts à me soutenir, quoi que je fasse, quoi que je décide, ils ont toujours été présents, tout en acceptant de me laisser un petit espace vital personnel, sans m'accabler de la tournure de la situation actuelle. Je ne sais pas où je serais sans eux. Enfin si, je le sais pertinemment, SDF, tout simplement, mais j'essaie de ne pas trop y penser.
Lorsque j'étais plus jeune, l'un de mes grand-pères me répétait souvent "ouvrier tu es, ouvrier tu restes ! Les études ça sert à rien !", et ça avait le don de me mettre gentiment en rogne, je sortais tout un tas d'arguments prouvant que ses croyances étaient fausses. J'en ris moins aujourd'hui.
"Quand on veut, on peut", et l'égalité des chances ... Une bien belle blague ...