J'ai pas réagi tout de suite à l'article, parce que je savais pas trop quoi dire. Mais voilà, j'ai travaillé presque deux mois chez Ippudo et c'était L'ENFER (bon je sais que des gens vivent des choses bien pires au travail, mais quand même).
Mon récit (un peu long, je ne sais pas faire de spoilers, désolée):
Déjà, avant l'ouverture du restaurant, il y a eu deux mois d'entrainement (je suis arrivé au bout d'un mois) pour les serveurs et la cuisine. DEUX MOIS. A porter des bols vides avec des réflexion du style "tu portes ton bol trop haut" "fais glisser légèrement ta main sur la droite quand tu poses le bol". Bon, on pourrait se dire que les cuisiniers avaient besoin d'une véritable formation mais en fait, pendant ces deux mois, ils n'ont quasiment pas touché un seul aliment, ils s’entraînaient avec de l'air! (genre "donc là fictivement je remue les nouilles"). L'absurdité. Bref, le service, pendant ce temps là, faisait un contrôle de connaissances chaque matin, noté, et rendu avec des commentaires publics rappelant tristement mes années de lycée, voire de prépa.
Après cet entrainement totalement vide de sens selon moi, le restaurant a ouvert. Et là, c'était le pire. On devait nettoyer le restaurant de fond en comble le matin, entre les services et le soir. Donc par exemple nettoyer les vitres trois fois par jour, et littéralement tout lessiver du sol au plafond à chaque fois. Je parle japonais depuis des années, mais je n'ai toujours pas compris non plus pourquoi, entre nous, on devait se parler en japonais pour s'annoncer par exemple, le numéro des tables (la plupart du staff n'était pas du tout japonophone, et ça compliquait énormément les commandes). On nous engageait fortement à ne pas prendre nos pauses. Un jour, j'ai toussé (bronchite) et j'ai reçu un "tais-toi!" de la part de mon boss. C'est ce que je n'ai vraiment pas supporté, l'attitude des supérieurs.
Déjà, encore une fois le matin, le soir et entre les services, il y avait ce que j'appelle une réunion d'auto-critique à la japonaise. On se mettait tous en rond, on faisait des salutations en japonais (il faut imaginer le ton japonais pour dire des choses très formelles comme "tenez-vous droit!" "je m'en remets à vous, encore pour aujourd'hui!" "pour aujourd'hui, merci!!") et on s'inclinait, puis chacun leur tour, les managers et parfois les serveurs (souvent les "favoris", ceux qui prenaient le plus la parole pour critiquer les autres) récitaient les erreurs de chacun, en nous demandant de faire mieux, la prochaine fois. C'était dit sur un ton très dur, accusateur, et je ne suis pas la seule à avoir pleuré lors de ces réunions.
De manière générale, les managers (pas tous japonais) nous traitaient mal. Ils me faisaient, personnellement, beaucoup de remarques, et allaient même jusqu'à me pincer pour me faire comprendre leur point. Quand j'ai démissionné, personne n'a semblé en avoir grand chose à faire.
Je précise que j'avais déjà travaillé dans une cantine japonaise et la différence était très nette. Mais, globalement, j'ai décidé de ne plus travailler avec des japonais. J'ai eu des boss japonais plus sympa, et des boss français très durs. Mais les séances d'auto-critique m'ont un peu dégoûtée des pratiques japonaises traditionnelles au travail.