Cet article m'a beaucoup touchée, il tombe pour moi aussi pile au "bon" moment.
Ca a mis du temps pour moi avant que mes parents descendent de leur piédestal. Au départ, je n'ai pas voulu voir. C'étaient des gens bien, qui s'étaient bien occupés de moi enfant et ado, même s'ils étaient durs. Je pensais avoir eu une vie de rêve, et je mettais de côté leurs idées politiques et religieuses qui me dérangeaient de plus en plus. Je disais oui à tout, aussi, je ne remettais jamais rien en cause.
Et puis il y a quelques mois, j'ai déraillé, je suis sortie de la route toute construite qu'ils avaient voulue pour moi. J'étais mariée à un homme et j'ai un petit garçon de quatre ans, et j'annonce mon divorce en cours, et le fait que je suis tombée très amoureuse d'une femme.
Mes parents sont très traditionnalistes, très à droite, très catho. J'avais beaucoup fermé les yeux jusque là, même si je m'étais heurtée à eux sur plein de sujets - les "étrangers", les "Arabes" (j'utilise leurs termes, hein), les "homos", les "intellectuels de gauche" et les "féministes folles". J'en avais particulièrement soupé au moment du mariage pour tous, où ils prenaient fait et cause pour la manif pour tous, et où j'en ai eu par-dessus la tête d'entendre parler du "lobby gay" et de la théorie du genre (même si, à cette époque, je ne savais pas encore que je pouvais être attirée et tombée amoureuse d'une femme).
Quand j'ai commencé à me déchirer avec mon mari qui n'a pas compris mon départ, que j'ai ressenti le poids de l'angoisse, de la culpabilité immense vis à vis de mon mari, vis à vis de mon fils, vis à vis de tout le monde, ainsi que le poids des questionnements sur ma sexualité et tout ce qui allait avec - car j'ai beau être gay friendly depuis toujours, on a parfois du mal à oublier des années et des années de conditionnement et de discours homophobes serinés à vos oreilles -, quand j'ai commencé à me scarifier le bras et à avoir des pensées morbides, j'ai écrit une longue lettre à mes parents, où je leur ai ouvert mon coeur et dit tout ce que je pouvais de ce que je ressentais. Sans jamais les mettre face à leurs propres erreurs, sans rien leur reprocher - juste en leur parlant de ma souffrance. C'était une lettre de pure détresse, et d'appel au secours.
Depuis... il y a un très vague soutien, mais rempli de discours du genre "ton pauvre mari, qu'est-ce que tu lui en fais baver" ou "mets-toi à sa place, le pauvre", et "tu te rends compte de ce que tu fais vivre à ton fils?" ou encore "pourquoi avec une fille? tu as été agressée par un homme, récemment? On est en train de te perdre." C'est difficile, très difficile d'être dans une situation complexe, et de ne pas obtenir le soutien de ses parents. Les miens préfèrent soutenir mon futur ex-mari et seriner à tout le monde que c'est une catastrophe mes choix, et que je m'engage sur un mauvais chemin.
Alors oui, pour moi mes parents ont chuté au pied de leur piédestal... et pourtant, quelque part dans ma tête et dans mon coeur, ils sont encore tout en haut, m'écrasant du poids de leurs vérités, de leurs jugements, de tout ce qui est rentré dans ma tête à mesure que les années ont passées, et qui fait que j'ai tant, tant de mal à avancer sur la nouvelle voie que j'ai choisie. Je ne sais pas si c'est pour tout le monde comme ça... Moi, je n'ai pas encore trouvé le mode d'emploi pour réussir à prendre du recul, à couper les ponts même un peu, à les regarder tout en bas et à comprendre qu'ils sont là, en bas, et que je ne devrais plus me laisser souffrir autant.
Bon, c'était un très long message pour mon premier sur ce forum... Ca ne se fait peut-être pas vraiment, je suis désolée. L'article m'a attirée l'oeil, puis m'a touchée, puis m'a donné envie de parler.