Merci Madmoizelle et merci à la Mad qui à écrit et à celles qui ont commenté... Au moment de la fête des pères, quand internet redouble d'articles sur "pourquoi mon père est génial", ça fait vraiment du bien de voir qu'on est pas seul.e.s...
Un peu différent pour ma part, puisque mon père se cachait très bien et tout le monde était dans le déni. C'est à dire que déjà en temps normal il a un tempérament exécrable, c'est juste que c'est encore pire (beaucoup) quand il a bu. Et comme il se cachait, et que ma mère n'achetait que de la bière pour lui, on pensait juste que parfois il buvait juste trop de bière. Pourtant les signes étaient là : se cacher pour boire, pas de permis de conduire parce que perdu il y a plusieurs années à force de faire des accidents bourré, et au final, souvent bourré.
C'est quand j'ai commencé à sortir avec mon copain, un amateur de bière (pour la dégustation), que je l'ai découvert. Cette fois où il avait ramené de la bière qu'il avait faite lui-même, ou cette autre fois une bouteille de bonne bière pour lui pour la semaine. Et surprise, elle disparaît à chaque fois au bout d'une après-midi (un litre) ! Ma mère, persuadée que mon père ne savait pas, non il ne l'a pas bu, non elle doit être quelque part. Et bien sûr quand mon copain et moi on va voir la poubelle, une montagne de bouteilles de bière vides, dont celle de mon copain.
Et un jour, mon père a un nouveau patron. Un gars horrible, harcèlement moral, tentative de suicide d'un collègue et nombreuses démissions d'autres. Forcément, mon père pète un plomb et bois de plus en plus, pour que finalement des collègues disent enfin à ma mère qu'il faut faire quelque chose, il fait n'importe quoi, il comprend plus rien, il a des trous de mémoire, il arrive bourré au travail... Résultat médecin, qui l'envoie à l'hôpital, qui l'envoient à l'hôpital psychiatrique. Dépression + alcoolisme. Ma mère qui s'en veut de n'avoir jamais réalisé. Elle se demande pourquoi les bonnes bouteilles d'alcool fort (Whisky, Scotch) offertes et mises en présentation pour décoration (qu'on ne m'avait jamais laissé emmener chez des amis etc) n'avaient pas été touchées, si il est alcoolique. Elle les ouvre, eh bien si, ouvertes et remplacées avec de l'eau et du vinaigre pour donner la couleur.
Il se fait soigner et revient à la maison (ça fait longtemps que je n'y habite plus). Il va un peu mieux, il est cohérent, réagit de façon normale aux choses. Même si il a toujours un caractère pas facile, on voit qu'avant il était éméché en permanence, puisque des fois on ne comprenait même pas ce qu'il disait. Puis il retourne au travail et se fait virer au bout d'un mois, à un an de la retraite, parce qu'il a bu au travail. Maintenant il est chômage et au moins il ne boit plus. C'est ce que les gens disent "c'est bon maintenant il ne boit plus", et c'est vrai c'est bien, et j'me sens horrible de penser ça... mais je le trouve tellement faible, il faut qu'il soit à la maison, sans aucune pression aucune contrainte parce que sinon il rechute et il boit. Putain d'addict. Et en attendant, ben mes parents ont pas beaucoup d'argent, vu qu'ils vivent sur un seul salaire à plus de 60 ans !
Depuis, je déteste les dimanches puisque c'était le jour où il était à la maison tout la journée quand j'y étais aussi, et donc qu'il fallait supporter ses cris incessants. Il n'était pas violent physiquement en général (deux baffes quand j'étais plus jeune), mais verbalement oui. Le nombre de fois où il m'a traitée de salope ou connasse... et ça ne choquait personne, sauf moi. Dieu merci, même si elle était clairement en déni et cherchait le plus possible à éviter les conflits avec lui, ma mère est une mère formidable donc je n'ai pas eu d'enfance si malheureuse, si ce n'est que moi aussi je me suis dit plus d'une fois "ah ben en fait j'aime pas mon père". Et plus petite je m'imaginais que j'avais un père différent, cultivé et intelligent, qui ne me faisait pas honte, et avec qui j'aurais une super relation. Quand j'entendais des gens dire que les petites filles voulaient se marier avec leur père et trouvaient des copains qui lui ressemblait, j'arrivais même pas à imaginer comment ça pouvait être possible. Même maintenant, je ne sais pas quoi lui dire, on n'a rien en commun et on n'a jamais eu de vraie relation père fille. C'est juste cet homme, qui vit chez ma mère, un étranger.
Et puis il y a aussi un peu la peur de se dire que si il a une personnalité d'addict, peut-être que c'est aussi mon cas ?
Et oui, bon courage à toutes celles qui vivent ça, c'est pas facile dans les moments de fête comme ça, mais il y a le maigre réconfort de savoir qu'on est pas les seul.e.s a vivre ou avoir vécu ça !