C'est compliqué d'aborder la situation des femmes en Inde en un article si court sans sombrer dans la caricature, quand bien même l'auteure tente de faire preuve de nuance.
Tout d'abord, le problème lié aux femmes en Inde reste largement dépendant de celui des castes. Dans le cas du viol cité en début d'article, la jeune femme est une dalit, et elle a été agressée par des hommes de caste plus élevée. Le viol des femmes dalits - sur lesquels les hommes de caste plus élevée pensent encore trop souvent avoir un droit de cuissage- ne peut pas être considéré de la même façon que celui des autres femmes car il entre dans le cadre d'une domination de classe. De même, les filles qui subissent violences et/ou négligences sont souvent issues de familles pauvres, qui vivent elles-mêmes continuellement la violence sociale. (Lire à ce propos les romans de la romancière dalit tamoule Bama, tel Sangati). Dans les classes moyennes et surtout dans les classes supérieures, les choses sont souvent différentes.
Enfin, tout dépend des états. Dans les états riches, qui ont mené des politiques d'éducation et de planning familial ambitieuses comme le Kerala, les violences envers les femmes sont moindres que dans les états pauvres, qui ont moins de moyens à mettre au service de l'éducation ou de la contraception (comme le Bihar ou l'Uttar Pradesh).
Tout cela pour dire qu'on ne peut pas contester le fond patriarcal de la culture hindoue (et encore, là aussi les choses seraient à nuancer, quand on voit l'importance qu'on accorde au culte des différentes formes de la Déesse dans plusieurs régions, où la prépondérance que de nombreux auteurs ont accordé aux figures d'héroïnes dans la littérature du XXe siècle). Et qu'il y en a un peu ras le bol des articles qui ne présentent le rapport aux femmes en Inde que par le biais de la violence, et ce sans aucune nuance.
On pourrait presque (et je ne dis pas que c'est le cas de l'auteure de l'article) soupçonner une forme de néo-colonialisme : après tout, on retrouve la même thématique dans de nombreux romans orientalistes depuis le XVIIIe siècle. La belle Indienne maltraitée finit par être sauvée par le Blanc qui, lui, sait tellement mieux que les Indiens comment traiter les femmes...