Cet article m'a fait penser à moi-même quand j'étais adolescente (attention, je vais raconter ma vie). J'ai eu une grande soeur qui m'a initiée très tôt au hard rock et au metal ( vers mes six ou sept ans), ce qui fait qu'arrivée au collège, j'avais déjà une culture rock et metal assez étendue, mais bon, j'étais dans le privé et à part deux filles métalleuses (qui justement ne m'aimaient pas beaucoup et venaient me voir simplement pour me montrer leur t shirts, j'invente pas, je crois qu'elles me prenaient un peu beaucoup pour une conne
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) et une amie que j'ai initiée au metal je n'ai pas rencontré grand monde qui avait les mêmes gouts que moi. Et puis j'ai commencé à aller à des concerts, j'avais d'ailleurs parlé de mon premier concert dans un autre topic du forum, et je me souviens encore des regards noirs que je m'étais pris de la part de sales beaufs bourrés qui préféraient beugler "merci Jacquie et Micheeeeeeeeel !" ou "à poil ! " plutôt que d'écouter véritablement le concert.
C'est ce concert et le regard des métalleux que je croisais dans la rue qui m'a donné un sentiment d'illégitimité pendant toute mon adolescence. Avant je m'en fichait d'être une fille et d'écouter du metal, j'étais enfant, et ça me faisais plaisir d'entendre les amis de ma soeur me dire "ouah, t'as bon gout, enfin une fillette qui écoute pas du [entrez le nom de toute musique honteuse à vos oreilles ou votre amour propre]". Mais malheureusement ça changé, j'avais des périodes pendant lesquelles j'avait la phobie des métalleux, j'écoutais du metal mais je me persuadais qu'une gamine de douze ans ne ferai jamais parti du monde du metal, et puis j'avais d'autre périodes où je voyais sur internet des gens dire que tant qu'on aimait le metal, le genre ne comptait pas, et ce sont ces gens qui m'ont permis d'avancer de l'avant. Quelques années plus tard, je quittais la province pour vivre avec ma mère et mon grand-père à Paris dans le seizième, du coup ma mère avait été indulgente, je suis allée dans un lycée publique, là-bas j'ai rencontré pleins de métalleux et tous étaient des garçons, souvent je leur disais que j'aimerais voir plus du filles dans le metal, tous approuvaient, c'est à cette période que ma conscience féministe à vraiment commencé à s'étoffer. Mais en terminale je me suis rendue compte que je m'étais moi-même trahie, sans m'en rendre compte, et malgré mes revendications féministes, j'étais une fille qui n'aime pas les filles, je ne détestais pas toutes les filles évidemment, j'adulais les femmes comme Louise Bourgeois, Benoite Groult et aussi les femmes de ma famille et mes amies d'enfance, mais le problème avait commencé au collège, je veux pas faire de la com anti-collège catho, mais j'ai jamais vu autant de sexisme et d'homophobie ordinaire (même mon père était plus ouvert qu'eux et c'est dire, puisqu'on s'est pris la tête de nombreuses fois sur le sujet), les filles étaient les premières à me juger de haut parce que j'osais (haha) me ramener en cours avec des doc et un t shirt Iron Maiden, j'ai subi la haine de ces filles pendant tout le collège et les garçons qui trainaient avec des go étaient amis avec les plus populaires. Inconsciemment je pensais "il y a des filles biens dans le monde, elle ne font juste pas parti de ton entourage" et ça m'a suivi tout le lycée, il n'y avait aucune métalleuse dans mon lycée, j'étais la seule et j'étais trop différentes des autres filles pour qu'elles me jugent digne d'intérêt du coup je suis restée amie avec des mecs pendants trois longues années et j'ai méprisé farouchement et inconsciemment le genre féminin. Le déclic m'est arrivé quinze jours avant le bac, je sortais du lycée et j'attendais le métro, sur le quai d'en face un métro allait dans l'autre sens et j'ai aperçu une fille d'à peu près quinze ans avec une veste à patch, un casque sur les oreilles, pas de doute sur la musique qu'elle écoutait, et je me souviens m'être dit : "ah mais elle écoute pas du metal en vrai, c'est juste qu'une fois elle s'est ramenée en cours avec la veste de son copain et elle s'est dit "oooooh c'est bizarre quand j'ai cette veste à patch il y a pleins de garçons qui veulent coucher avec moiiiiii" et là, mes longues heures de lectures d'articles écrits par des militantes féministes m'ont resurgi dans la mémoire et je me suis dit "putain t'es conne ou quoi ? Toi aussi t'es une fille et t'écoutes du metal, si ça se trouve la fille était contente de croiser une métalleuse" ça m'a pris plusieurs années de virer ces pensées intempestives de ma tête, le pire c'est que des femmes comme Alissa White-Gluz ou encore les Girlschool me paraissaient tout à fait légitimes, parce qu'elles avaient "fait leur preuves" alors que je prenais les métalleuses que je croisais en vrai pour des "fake metal chicks".
Donc pour conclure, j'ai rencontré des filles qui pensaient comme mon moi ado et qui m'ignoraient totalement et j'en ai rencontré d'autres qui sont devenues des meilleures amies, avec qui l'entente s'est tout de suite faite et beaucoup plus rapidement qu'avec mes amis de lycée, qui, tout compte fait, étaient un peu méfiants au début. En bref, écoutez du metal que vous soyez une fille, un garçon ou aucun des deux, et n'ayez pas peur d'écouter des groupes de femmes (j'ai beaucoup entendu des trucs du genre "oh machin, il écoute tel groupe, mais c'est un groupe de nanas, donc c'est pas hyper sérieux")
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