C'est vraiment chouette que vous en parliez, merci !! J'ai suivi la polémique dimanche via une petite communauté de lecteurs/auteurs sur facebook mais je ne savais pas que ça avait pris une telle ampleur sur twitter.
Selon moi, le problème vient :
1) du mépris généralisé envers la fanfiction, comme c'est très bien expliqué dans l'article
2) du flou/vide juridique autour de la fanfiction, qui a longtemps poussé les auteurs à acquitter du fameux "disclaimer" (que je vois beaucoup moins depuis quelques temps). A une époque, certains avaient réellement peur de se faire poursuivre en justice pour leurs écrits fanfictionnels
3) de la méconnaissance autour de la notion de propriété intellectuelle et de droit d'auteur. Encore une fois, c'est très bien expliqué dans l'article. La législation est vraiment très favorable aux auteurs en France. Le problème, c'est qu'il a certes les principes mais il y a surtout la manière dont on les applique ... Je comprends Nina Hazel, je ne sais pas si j'aurai le courage d'intenter une action à sa place. Surtout que l'univers de la fanfiction est un microcosme où on se copie en permanence, où des "modes", des "clichés" sont repris par tout le monde et dont on serait bien en peine de retrouver le créateur originel (les fics Alpha/Beta/Omega, très populaires chez les anglophones par exemple)
Au final, l'effet Fifty Shades a fait beaucoup de mal au milieu, je trouve. Déjà parce que ça nous amène encore plus de mépris généralisé. Je me souviens d'une sorte de graphique que j'avais vu un jour sur internet et qui développait une sorte d'échelle de valeur des "pratiques" geek. Devinez ce qui se trouvait tout en bas? Évidemment les "fanfictions romantiques" !
Et puis aussi, le succès de Fifty Shades a fait prendre conscience à beaucoup d'éditeur de l'existence du marché bien juteux qui peut être exploité avec ces zozos qui écrivent gratos juste pour la gloire sur internet (quelle idée, franchement !). Par exemple, je n'ai pas été surprise la dernière fois en découvrant sur le site internet des éditions Harlequin qu'il ont ouvert tout un département que j'ai envie d'appeler "ebooks cheap" (des oeuvres publiées uniquement sous format epub et vendus pour quelques cents sur internet) où les bras sont grands ouverts aux auteurs de fanfic. C'est vrai que la tentation de se faire de la tune facile avec un bon vieux mommy porn est compréhensible ...
Une anecdote pour finir : je n'ai jamais eu une grande audience, mais quand je publiais régulièrement, j'avais une petite communauté de lecteurs qui me laissaient des reviews toutes les semaines et avec qui s'engageait généralement un dialogue et des échanges souvent intéressants. Un jour, une de mes lectrices m'a demandé en toute innocence si elle pouvait publier mon texte sur un site, sous son nom à elle. Elle ne semblait pas penser à mal, elle voulait juste partager cette histoire qu'elle aimait bien avec les lecteurs de ce site. Je lui ai expliqué gentiment que si je voulais publier ailleurs que sur fanfiction.net, je pouvais très bien le faire moi-même. Ca m'a montré à quel point certaines personnes sont éloignées de toute conception du droit d'auteur sur le net. La fanfiction est pour eux une sorte d'open bar : on se pique les idées aux uns, aux autres sans penser à mal et pourquoi le texte tout entier après tout?
Ce serait bien que les plateformes comme fanfiction.net ou Archives of Our Own essaient de faire un peu de prévention sur le sujet. Nous, auteurs, on peut aussi ! Il commence à y avoir des initiatives de podcast sur la fanfiction (
un exemple de chaîne youtube), ce serait bien d'essayer d'en parler !