On m'a également enlevé la moitié du poumon gauche (et regreffé l'autre moitié) à la suite d'un cancer. J'ai donc probablement la même cicatrice que toi. Au debut j'ai également eu du mal a la toucher (ce bourrelet de cher dégueulasse) pourtant j'avais l'habitude, c'est presque ma 10e cicatrice. D'autant plus qu'il est conseillé de la masser pour aider à la faire partir. Finalement, aujourd'hui elle est toute mimi, toute fine, et je l'oublie. Mais je suis contente qu'elle soit là pour me rappeler le chemin parcouru.
Je suis pas du genre à me morfondre, j'ai vite repris du poil de la bête. J'ai révisé mes concours à l’hôpital. Puis je suis sortie rapidement et partie un peu partout pour passer ces fameux concours. J'ai même trouvé un job saisonnier quelques semaines après l'opération. Puis emménager à Nantes à la rentrée car j'avais eu ce fichus concours.
Puis je me suis effondrée. Trop de chose. J'en ai trop demandé à mon corps. Je suis entré en dépression car ma tumeur sécretait de la sérotonine, et quand on me l'a enlevé mon cerveau n'était plus capable d'en produire lui-même. Je me sentait sale, l'impression d'être pourrie de l’intérieur, mon corps n'étant plus capable de rien faire, à part aller d'un point A à un point B. Et encore, même ca s'était pas évident. J'avais l'impression d'être juste un sac à merde (j'avais l'impression que c'était la seule fonction qui marchait encore). Je me suis retrouvée en hopital psy, qui m'a remis sur pied, et qui a tout fait pour que je continu mes études en parallèle (il était à 50m de mon école)
Puis j'ai remonté (une 2e fois) la pente. Comme toi j'ai cru que je n'aurais jamais les mêmes capacités physiques qu'avant. Mais le poumon a un énorme capacité d'extension. Maintenant sur mes radios, mon demi poumon fait la taille d'un poumon entier. Ca prend du temps, mais aujourd'hui j'ai la même capacité physique qu'avant.
Tout ça pour dire, que j'ai voulu aller trop vite. Reprendre ma vie d'avant, pour faire comme tout ça n'avait jamais eu lieu. J'ai tout mené de front et j'ai fini par me prendre les pieds dans le tapis et me faire encore plus mal dans la chute. La 2e fois j'ai pris mon temps pour ne pas tomber au premier coup de vent. Et maintenant je peux le dire, j'ai l'impression que tout ça n'a jamais eu lieu. Les seuls choses qu'ils me restent sont ma maturité, ma joie de vivre et mon grain de folie, car mon caractère a radicalement changé après tout ça, comme un déclic.