Ces témoignages mettent une seule chose en exergue : la forme de notre système scolaire. Nous avons une école cloisonnée qui se contente de dispenser des savoirs sans former des individus, de futurs citoyens et adultes bien dans leurs baskets. De fait, il n'existe que très peu de proximité entre élèves et équipe pédagogique, ce qui n'invite bien sûr pas du tout au dialogue. C'est ce qui amène à ce sentiment de plus en plus prégnant d'une école de consommation. (pour faire un schéma court)
J'ai eu le plaisir d'étudier en Scandinavie (c'est aussi valable pour des amis qui ont étudié dans certains pays de culture protestante majoritairement) et je fus très surprise de la relation de proximité entre les élèves et les enseignants. Déjà, le tutoiement est de rigueur. Les enseignants considèrent les élèves comme de futurs adultes qui forgeront la société et aussi, accessoirement, comme de futurs potentiels collègues. De fait, il existe un grand respect et une relation de confiance inexistante chez nous (à l'université, il est aussi commun d'inviter ses professeurs dans les soirées de la classe). Les élèves parlent librement, se confient et les situations délicates sont traitées collectivement, et non pas dans un bureau en catimini avec le/la principal(e), les parents, la victime et les bourreaux. En effet, les cas de harcèlement sont la conséquence d'un dysfonctionnement du groupe : ceux qui agissent, ceux qui se taisent, ceux qui refusent de dire, ceux qui ne stoppent pas etc. Bref, plus qu'une sensibilisation, il s'agit, à mon sens, de refonder notre modèle scolaire (et social tant que nous y sommes, peut-on un peu rêver) et cette refondation, elle passe avant et d'abord par les acteurs de terrain ! Et je leur souhaite bon courage !