À toutes les Madz qui vivent ça, beaucoup de courage surtout.
Je vais raconter l'histoire de ma sœur, qui a fait un AVC (ou une fissure d'anévrisme) fin décembre 2015. Du coup je fais plutôt parti du côté éprouvant que la famille peut vivre.
Ma sœur a 35 ans, fin décembre, elle a commencé à avoir des maux de tête assez violents. Elle a été voir son médecin traitant, elle a pu avoir un RDV pour un IRM et scanner pour février. Tout le mois de janvier, ça s'est pas mal empiré, le côté droit de son visage s'engourdissait, beaucoup de fourmillements dans les membres droits. Elle a été mise sous morphine, etc. De mon côté, j'avais eu un mois de vacances en janvier donc j'étais présente, surtout que je suis très proche d'elle malgré nos 13 d'écart, mais comme je faisais mes études à Nantes, fin janvier j'ai du y retourner. Ma sœur évitait de m'en parler pour ne pas m'inquiéter (ça n'était pas du tout le cas évidemment x) ). Début février, elle a été aux urgences (une ou deux fois, je sais plus) mais bon, pour un mal de tête, on fait pas grand chose, et comme il n'y avait pas de place pour les examens, on lui a dit d'attendre les RDV qu'elle avait déjà pris en décembre.
Résultat en février : le lundi, on lui annonce une fissure d'anévrisme, elle, elle était soulagée d'enfin savoir. Moi, toute seule à Nantes, je m'effondre. En fait, elle a eu tellement d'émotions qu'elle avait pas tout suivi sur ce qu'on lui a dit, donc je n'ai pas tout de suite compris ce que c'était : juste qu'elle était en train de mourir. Ma meilleure amie m'a appelé toute la soirée pour éviter que je pleure toute la nuit.
(Je vous raconte de mon côté comment ça se passe, parce queeee bah c'est moi qui écrit
)
Mardi, impossible d'aller en cours le matin, je dois attendre des nouvelles de ma sœur toute la journée parce qu'elle voit des médecins. Crise de larmes toute la journée. Le soir, elle m'explique un peu mieux mais elle ne sait pas encore comment ça va se passer mais qu'elle doit se faire opérer (mais pas de date), du coup elle prépare sa valise au cas où.
Je décide de prendre un billet de train le jeudi pour rentrer sur Paris.
Le mercredi, elle a encore des RDV, on lui explique que ça ne sera que dans un mois pour l'opération.
Personnellement, je continue de pleurer toutes les deux heures, et quand je dis à mes parents que j'ai pris un billet de train, c'est le craquage quand ils me demandent pq : je crie et pleure que je suis toute seule ici sans me rendre compte de comment elle va, ... BREF, je rentre.
Jeudi, je la vois finalement, ça va mieux, j'arrête de me dire qu'elle est en train de mourir.
Vendredi (les ennuis re-commencent), RDV à l'hôpital sur Paris, car convocation de l'anesthésiste. On (ma sœur, mon père et moi) arrive à l'accueil, une de question "vous avez reçu la convocation pour votre intervention avec la date ?" Ma soeur "Non, j'attends toujours que la secrétaire me l'envoie par mail, j'actualise mes mails toutes les heures au cas où" le secrétaire "Ah c'est bizarre... bon allez voir la secrétaire de l'anesthésiste vous verrez bien"
Arrivés à l'accueil de l'anesthésiste "vous avez eu votre convocation ?"
Toujours non "Ah bon, parce que là, c'est écrit que vous serez opérés lundi qui vient" WHAT ?! "Bon allez voir la secrétaire pour prendre votre convocation directement"
On va la voir "Ah oui, j'étais débordée" (pas de desolée au passage) euh oui enfin, juste elle doit retourner à l'hôpital le dimanche, alors qu'on nous avait annoncé que ce ne serait que dans UN MOIS, tout le monde est au courant sauf nous, juste ton travail c'est d'envoyer un mail ? Bref, on ne s'énerve pas, on dit merci et on re-part.
Donc le dimanche, on l'accompagne à l'hôpital pour son opération le lendemain.
Lundi : à 7h elle nous envoie un message pour dire qu'elle descend au bloc. 8h : elle nous renvoie un message pour finalement nous dire qu'elle ne passe pas tout de suite. 9h : on lui dit qu'elle passera peut être cet après-midi - ça jusqu'à midi.
À 14h on lui dit qu'ils ne savent pas quand elle pourra passer finalement.
Ma sœur nous appelle en larmes parce qu'elle veut rentrer chez elle, et qu'on ne lui dit rien (bref, c'était une angoisse). De notre côté, mon père appelle la secrétaire pour lui demander des explications, elle n'est même pas au courant que ma sœur n'est pas passée, j'avoue, on a pas été cool avec elle, on a beaucoup crié, parce qu'elle ne voulait pas nous dire ce qui se passait (parce qu'elle même ne savait pas), sachant qu'elle avait déjà fait de la merde avec la convocation, on s'est défoulé. Ma mère (qui pleure au téléphone) pour dire à ma sœur (qui pleure aussi) de rester à l'hôpital au cas où, c'est plus sur pour elle, entourés de médecins etc, mais ma sœur est juste désespérée à ce moment là. Finalement vers 16h les médecins l'autorisent à partir et mes parents vont la chercher. (On saura plus tard que le lundi, ce sont les urgences neurologiques qui passent, donc que les autres passent quand ils ont le temps)
Finalement, elle retourne à l'hôpital le mercredi pour une opération le jeudi : tout se passe bien. Mais il y a toujours les fourmillements dans le visage et les membres droits.
Mais, ayant un arrêt de travail que jusqu'à fin février par le neuro-chirurgien, elle doit reprendre le travail en Mars.... mes parents (parce que j'étais retournée à Nantes) ont voulu la convaincre d'aller voir le médecin traitant avant la reprise mais elle a préféré essayer d'aller travailler. Résultat : elle a tenu une journée, elle est arrêté par le médecin traitant. Elle voir finalement le neurologue qui lui dit qu'elle ne DOIT PAS aller travailler parce qu'elle doit se reposer et justement ne pas se pousser à bout (on a mis plusieurs mois à lui faire comprendre, deux je pense, parce qu'elle voulait absolument reprendre le travail) quand elle se sentait fatiguée elle allait finalement se recoucher, elle ne forçait pas trop, etc.)
Le pb, c'est qu'à force de rester enfermer à ne rien faire, c'est la dépression qui a pris place...
Je suis vraiment vraiment proche de ma sœur, et j'essayais de la rebooster un peu, de lui dire de sortir un peu tous les jours, bref...
En septembre, je suis retournée chez mes parents pour mes études, du coup, je me suis dit que ça allait aider un peu... mais la dépression c'était déjà installé, et aujourd'hui, elle y est toujours, même si elle voit un psy depuis quelques semaines.
Elle était devenue irritable, triste et nerveuse, et des que je disais un truc (ou même son copain, c'est dispute sur dispute) elle le prenait mal, et je lui ai dit un jour parce qu'elle m'avait énervé... (oui bon c'était debile) C'est la première fois que je m'engueulais avec ma sœur, ça a fini en larmes et un câlin heureusement... mais elle m'a dit qu'elle regrettait d'être là, qu'elle ne devrait pas être là...
Elle vient de le redire aujourd'hui à mes parents parce qu'elle angoissait de reprendre le travail et elle a craqué (la sécu lui a dit qu'elle devait y retourner, elle doit aller voir le medecin du travail pour savoir ce qu'il en pense, et le psy n'est pas pour la reprise).
Bref, c'était un GROS résumé de ce qui se passe. Je suis un peu dépassée parce que, j'aimerais l'aider et que je suis complètement inutile... en plus, quand elle dit des trucs méchants à ma mère je ne peux pas m'empêcher de lui en vouloir alors que je sais qu'elle n'est pas dans son état normal, du coup je m'en veux aussi. J'aimais tellement aller la voir, maintenant c'est limite si j'y vais à reculons, et je m'en veux de ressentir ça...
Bon voilà un peu l'histoire, je ne suis pas celle qui a fait l'AVC, mais j'en vois les conséquences...
Je ne sais pas si quelqu'un aura le courage de lire ce que j'ai écrit mais, à toutes les Madz qui l'ont vécu, beaucoup beaucoup de courage, aux Madz qui soutiennent, pleins de courage aussi. Ca m'a rassuré de voir que la personne qui l'a vécu s'en sort, même si ça prend du temps, il y a une lumière au fond du tunnel. J'ai tellement peur du pire (et j'ai aussi vu que cela pouvait arriver, et ça, ça m'a beaucoup moins rassuré x) ) mais j'espère que ma sœur s'en sortira...
Big up à toutes !