Je suis tombée sur cet article par le plus grand des hasards. Je ne cherchais rien de particulier, juste à me changer les idées because l'actualité, because le vote, because Macron etc, je voulais juste lire autre chose que les élections. Ah ben j'ai pas choisi le bon article ma pov dame.
Mon grand-père est mort sous mes yeux d'une rupture d'anévrisme au mois de juillet. 20 minutes et terminé. Le temps que les secours arrive, et ils ont été vraiment super rapides (même pas 5 minutes à venir), super gentils, compréhensifs, à notre écoute... Mais j'ai vu tout de suite ce qu'il avait, c'est ça le grand problème quand on a une formation médicale. Il était fatigué ce jour-là. Très fatigué. Moi j'étais énervée parce que j'avais ma chienne malade à la maison (ostéosarcome vertébral), je ne pouvais pas la laisser seule, et ce jour-là je me suis agacée contre lui. Le pauvre. Je m'en veux tellement. Et quand je suis allée le voir le soir, ma mère venait juste de partir, y a même pas eu 5 minutes de battement...
Mon grand-père avait un gros anévrisme à l'Aorte. Il devait en avoir dans le cerveau aussi (le scanner a révélé une hémorragie cérébrale massive, ce n'est pas celui de l'Aorte qui a lâché).
Et maintenant tout ça m'angoisse. Ça m'angoisse parce que je me dis que ma mère peut en avoir aussi. Qu'elle peut mourir comme lui. Et que moi aussi, par la même occasion. À cause de ma vue de merde, je fais des migraines ophtalmiques. C'est une douleur puissante, avec des signes avant-coureurs, c'est toujours dans mon oeil droit, ça m'irradie dans la tempe droite et le temporal droit. Mais depuis juillet je me dis... Et si c'était pas des migraines ophtalmiques. Et si c'était une boule artérielle qui va péter un jour. Je suis habituée à soulever du poids, à travailler mon cardio, à faire du sport de façon intense. Autant de trucs qui font monter la pression artérielle. Et je ne parle pas de l'anxiété qui est mon quotidien.
Quand j'ai demandé à mon médecin traitant si je pouvais passer un scanner de dépistage, il a rigolé. "Poh ! Mais à votre âge enfin ! Et puis l'anévrisme hein, 3 secondes et c'est fini ! Alors hein !". Oh ben oui hein ! Et je finis hémiplégique ? J'ai connu une femme qui a fait ça un AVC à 20 ans, elle a plus de côté gauche. La rééducation des AVC en France, on en parle ?.. Considérer que le côté hémiplégique est mort et qu'il faut développer l'autre côté, au lieu de parler de plasticité cérébrale, et de faire travailler le côté malade, comme au Canada, aux États-Unis... Et qu'est-ce que je fais si c'est mon côté droit ? Je ne sais rien faire avec le côté gauche (
un comble pour une mélanchoniste, et issue d'une famille de socialistes convaincus).
Je pense que je vais prendre rdv en neurologie à l'hôpital, tant que l'hôpital existe. Peut-être qu'ils pourront m'aiguiller, m'aider, et enfin me dépister. Parce que c'est grave. Et je trouve pas ça drôle de dire "oh ben ça va, c'est une belle mort, tu vois rien". C'est pas une belle mort. Pour mon grand-père ça l'a été parce qu'il avait 95 ans et que ça faisait 10 ans qu'il ne voulait plus vivre, et 2 ans qu'il voulait absolument mourir. Il était triste, déprimé depuis la mort de sa femme. Je pense que ça a été une délivrance et je suis heureuse qu'il n'ait pas souffert. Mais moi j'ai 30 ans. Je peux pas partir comme ça, pas maintenant, je peux pas faire ça à mes parents, à mes amis ; je peux pas faire ça à mon cheval qui est encore jeune et qui va finir je ne sais où avec je ne sais qui, c'est ma responsabilité, c'est comme mon enfant. J'ai encore beaucoup de projets, beaucoup de choses à faire, j'ai envie d'avoir un homme, un enfant, j'ai envie de vivre quoi merde.
Alors oui, je sais, on peut mourir de pleins de façons différentes. Je peux glisser dans mes escaliers, me cogner la tronche chez moi, je peux avoir un crabe, je peux m'étouffer avec une chips ; quand l'Ankou arrive c'est que c'est l'heure. J'ai déjà failli mourir plusieurs fois, mais je suis encore là. Alors tout ça, maintenant je me dis que j'ai un terrain familial, et j'ai peur. Et forcément je somatise, là quand j'écris, j'ai très mal à mon oeil droit, forcément. Mais je refuse. Je veux aller me faire dépister, j'entends jamais parler de ce genre de dépistage, mais si c'est moi qui doit l'instaurer, je le ferai.