@totolamouche je vais me permettre un petit
a parte evidence based medicine etc...
s'il y a bien une chose que j'ai appris au cours de ces dernières années, c'est que l'enseignement de la médecine n'est pas parfait, et qu'il est à mon sens discutable voire dangereux de prendre ses cours pour argent comptant. la science (et par extension la médecine) est ainsi faite qu'elle est en constante évolution, et qu'elle est tous les jours remise en question. les enseignements qu'on reçoit sur les bancs de la fac sont une chose... et les observations qu'on fait tous les jours en sont une autre.
j'ai appris un nombre incalculable de liste de symptômes, de facteurs de risques, d'examens à réaliser dans différents cas de figures... et depuis que je suis diplômée, j'ai aussi appris que ce que je croyais immuable car enseigné par mes pairs ces grands pontes ne l'était pas. la vérité n'est pas ce qu'on apprend du plus ancien... la vérité évolue, la vérité n'est pas forcément la même au cours du temps, et la vérité n'est parfois pas enseignée dans les facs.
à titre d'exemple, il ne m'a pas fallu très très longtemps ce matin pour trouver plusieurs études, publiées dans des journaux reconnus à peer reviewing (JAMA, european heart journal pour ne citer qu'eux...), rapportaient qu'un plus grand nombre d'infarctus s'exprimaient sous une forme atypique chez les femmes. dans l'étude de torbal, c'est en moyenne 54% des infarctus des femmes contre 33% pour les hommes qui ne sont pas identifiés comme tels..!!! ok, l'étude date un peu, mais wtf! je n'irai pas plus loin dans les études, parce qu'il y a moyen d'y passer des heures, et que c'est vraiment pas le propos de ce message de faire une revue exhaustive de la littérature.
alors oui, c'est vrai, il y aura des femmes qui feront des infarctus comme dans les livres. et puis il y aura toutes les autres... et on en fait quoi de celles là? on fait quoi d'une femme qui se présente en consultation avec un profond sentiment de malaise, et qui se voit renvoyée chez elle parce qu'elle n'a pas la chance d'être "malade comme il faut"? on fait quoi d'une femme qui ne s'autorise pas à écouter son sentiment de malaise parce que ça ne ressemble pas à un truc grave? tu le sais que le pronostic des infarctus est très dépendant de la prise en charge réalisées dans les premières heures...
les gens qui impriment les pages doctissimo et qui viennent en disant au médecin "j'ai ça", oui c'est pénible, non c'est pas normal, et non il ne faut pas leur donner raison. mais il faut aussi arrêter d'infantiliser les patients! ne pas faire de la sensibilisation, c'est laisser le champ libre à toutes les croyances les plus débiles. tu parles de personnes qui ne s'impliquent pas dans leur prise en charge... mais ne pas les informer c'est déjà leur enlever un moyen de s'impliquer.
je suis peut être utopiste. c'est jamais facile de jongler entre les gens, leurs croyances, nos croyances, le consentement éclairé et internet... et il n'y a surement pas de bonne réponse à ça. moi je suis persuadée que ce n'est pas en muselant les informations qu'on arrivera à soigner les gens. parce que c'est quand même ça le but au final... c'est de prendre soin des autres.
pour celles que ça intéresse, le blog de Martin Winckler est très instructif sur les relations médecin-patient :
https://ecoledessoignants.blogspot.fr/
peut être un peu dérangeant quand on est professionnel et santé. mais ça fait du bien aussi, des fois, d'être remis en cause dans ses convictions.