Son double maléfique comme dirait Florence, mais beaucoup moins drôle çelui ci.
Il pesait 45 kg le mien. Obésité morbide, TCA, ingurgiter pour se remplir de ce vide intérieur, nuit et jour, à chaque instant de la journée puisqu'il n'y a plus de notion de repas. La bouffe. Encore. Toujours. À se demander mais Quand est ce que Ca va s'arrêter ? Comme cette musique de film d'épouvante ou de thriller qui tient en haleine et s'intensifie, on sait qu'il va surgir le méchant, qu'il va se passer un truc, cet état de stress permanent qui dure et dure. Car la musique ne s'arrete pas...
10 années d'humiliation pour ma part. Je me suis noyée volontairement dans tout cet amas de graisse pour me détruire de ma nullité. Je venais d'obtenir une thèse et je n'étais pas foutue de trouver du boulot ? La société ne voulait pas de moi ? Alors mes journées se sont enchaînées à ne faire que "bouffer". Seul'terme adequat. On ne parle pas de repas, ni d'aliments. C'est de la bouffe, répugnante, inutile, nocive, dangereuse, sans goût, juste du dégoût et de l'écœurerement.
Un long parcours psy pour s'accepter. Mais je n'ai pas été en mesure de le faire avec ce corps là. Mon esprit le refusait. Je voulais m'aimer, après, sans tous ces kilos. Dans l'ordre j'ai mené mon combat à moi, avec une équipe médicale derrière moi, à mon rythme :
- me réconcilier avec ce que j'ingérais. La pleine conscience, un déclic. Exercice de la faim, comprendre et ressentir mes besoins, les dissocier ces besoins nutritionnels de ces nécessités émotionnelles. Comprendre que se remplir pour oublier, pour penser exister, pour s'accepter c'est des foutaises ouais ! 10 kg de plus, merci ma diététicienne... j'ai pleuré de ce cheminement, le but était d'être en harmonie avec mes prises alimentaires et au final je me suis sentie encore plus mal. "Écoutez vous" m'a t elle sussurée a l'oreille. Elle avait raison... j'aime manger et me faire du bien désormais.
- trouver la faille de ce vide intérieur, pourquoi vouloir le remplir, l'accepter ? Le comprendre, le laisser vivre, le chérir, la paix retrouvée à savoir l'écouter cette détresse. Le temps au temps Comme on dit.
- la béquille chirurgicale pour la transformation finale. Mes repas n'étaient pas copieux, je mangeais peu et ces kilos s'accrochaient. J'avais besoin de cet aide moi. Je suis admirative de Toi Navie. D'avoir pu les perdre sans ce coup de pouce médical. Je l'assume désormais et c'est mon garde fou quotidien mon pot de yaourt Comme j'aime à l'appeler mon by pass.
- et une fois l'euphorie des premiers chiffres envolés sur la balance, la réalité : Ca aurait été trop simple de croire qu'avec un 65kg affichés tous les problèmes d'estime, de confiance disparaissent. Commence la dure épreuve de se parler. De s'écouter. De se comprendre. De se dire je t'aime oui. La route est longue, arrêtons de se détruire et avançons ensemble corps et esprit. On est indissociable. Autant aller dans le même sens, à trop se haïr, on en perd tellement du temps...
Et la spirale inverse se met en place, un nombre qui baisse, des envies qui apparaissent, se les autoriser, croire en soi, des petites victoires et chercher encore plus loin, ne plus se reconnaître, découvrir une autre. Son autre. Mais n'était elle pas deja là cette personne, bien dissimulée ?
A l'aube de mes 40 balais, je peux enfin dire : je m'aime. Je viens de vivre mes 2 plus belles années. Et pourtant j'ai vécu des choses belles, de la naissance de mes enfants, à la construction de mon couple, de ma vie pro.
Mais réellement, qu'il est bon de vivre sans toutes ces barrières qu'on se construit inutilement.
Aimez-vous oui. Et Si vous n'y arrivez pas ? Parce que la tête dans le guidon, c'est ce qu'on se dit avec un sourire en coin en lisant ce que j'ai pu écrire moi et tous ces témoignages de personnes qui ont passé ce cap. Et en pleurant de douleur à l'idée qu'on y arrive pas justement nous, s'en sentant incapable. Et retombant dans l'engrenage de perte de confiance, de nullitude absolue genre "ils y arrivent eux et pas moi !". Vous y arriverez, Quand votre chemin sera tracé à votre guise. C'est vous le moteur. Pas les médecins, pas les magasins et diktats de la normalité. Yourself. Faites vous confiance. Elle est en vous cette force. Pour vous et personne d'autre.
Et qu'il est bon de s'aimer, pour aimer l'autre.