L'expérience a en réalité été reproduite plusieurs fois, pas nécessairement à l'identique (les "voltages" étaient plus faibles par exemple) mais dans un contexte très semblable. Il y avait même eu un documentaire sur France 2 mettant en scène un faux jeu télévisé qui était simplement l'expérience de Milgram légèrement déguisée. Les cobayes ne savaient bien évidemment pas que c'était faux, par contre le public, l'animatrice et la personne qui "subissait" les "décharges" étaient dans le coup. D'ailleurs le pourcentage de personnes qui allaient jusqu'au bout était bien plus élevé (autour de 80%, alors que l'expérience originale affichait 62%). Je précise que les cobayes savaient qu'il n'y avait pas d'argent en jeu car c'était une émission pilote de "test" (juste un dédommagement de quelques dizaines d'euros), donc ce n'est pas l'appât du gain qui a poussé à aller jusqu'au bout. De cette façon, on peut admettre que le contexte de l'émission télé constitue une forme d'autorité.
C'est un phénomène classique, on se détache de la réalité, je présume que les cobayes se disaient "si quelqu'un me dit de le faire, alors c'est leur choix", d'une certaine manière c'est réconfortant puisqu'on ne prend pas position, c'est l'autorité qui s'en charge, elle doit avoir raison. Dans leur logique, c'est plus simple d'accepter afin d'éviter les représailles, mais c'est aussi égoïste (on prend le risque de sacrifier une vie pour son bien-être, ne pas risquer d'ennuis, mais c'est pas la nôtre donc tant pis).
Et en effet, on peut élargir ça à bien plus de choses, même des activités passives comme regarder des humiliations (pornographie, télé-réalité...) : si on voyait ça dans la rue, ça serait révoltant. Mais si la puissante télé se le permet, d'un seul coup ça passe mieux, les gens se disent que c'est justifié alors qu'au fond ça reste tout aussi horrible. Sans ce phénomène la pornographie n'aurait pas un tel succès.