Je rejoins l'avis de
@Gia_Juliet . Aimer les mélodies et arrangements catchy de la pop, ok. Noter que des nanas comme Beyoncé ou Ariana Grande ont une certaine sensibilité féministe, ok aussi. Mais de là à faire passer la pop pour un bastion féministe qui lutte contre le patriarcat, faut pas déconner non plus. Même si on est encore loin du compte, la société évolue concernant la place octroyée aux femmes et cette évolution transparaît logiquement dans la musique pop. Sans oublier que se revendiquer féministe est devenu bankable auprès de pas mal de gens... tant que tu continues d'obéir aux injonctions à la beauté et de plaire aux mecs, ne remets pas en cause les structures profondes du patriarcat et ne gueules pas trop fort non plus (faudrait quand même veiller à ne pas virer féminazi hystérique castratrice).
Alors désolée mais non, je ne pense pas que le patriarcat sera mis à mal par des femmes qui répondent à ses injonctions tout en précisant que personne de mérite d'être violé-e et qu'on peut être célibataire sans être incomplète. Il en faudra tout de même un peu plus... Et n'oublions pas qu'au-delà de ces quelques messages positifs quoique pas révolutionnaires non plus, ce milieu musical contribue largement à promouvoir une idée de la réussite basée sur le succès mercantile, l'accumulation de biens matériels et la correspondance à des critères de beauté atteignables par seulement une minorité de femmes, moyennant temps, argent, et gros efforts. C'est un peu comme si une nana venait m'expliquer qu'il faut assumer ses bourrelets tout en promouvant sur Instagram une vie faite de régimes et de fitness en quête de cuissot ferme et de ventre plat. C'est bien beau d'inciter à ne pas suivre telle ou telle injonction avec des jolies phrases inspirantes, mais montrer l'exemple, c'est encore mieux.
Attention, je ne dis pas qu'il est interdit de correspondre à certains critères traditionnels de la féminité. Je dis simplement qu'il existe des interlocutrices plus pertinentes en matière de lutte contre le patriarcat, et que si l'on fait passer le féminisme à la Miley Cyrus pour le pinacle en la matière, on brouille le message d'activistes autrement plus engagées. Au passage, le mouvement "girl power" qui a émergé au début des années 2000 (voire milieu 1990) est avant tout une récupération capitaliste du riot grrrl des années 90. On reprend la mise en avant des femmes et de leur libération, mais on remplace les grosses lesbiennes gueulardes hystériques par des petites minettes bandantes qui se contentent de dire les choses gentiment en restant à la surface. De fait, remettre profondément en cause des structures culturelles telles que le patriarcat tout en répondant aux exigences mercantiles de cette autre structure majeure qu'est le capitalisme ne peut être qu'une entreprise très limitée. Applaudir les sorties anti slut-shaming d'Ariana Grande, c'est bien, mais en faire un moteur majeur d'évolution de notre société, non, je ne suis clairement pas d'accord.
Et concernant la conclusion selon laquelle les terroristes de l'EI en ont après notre belle liberté teintée d'amour de son prochain, cette lecture des évènements me semble un peu simpliste. Il me semble que les inégalités économiques, le zbeul géopolitique foutu au Moyen-Orient et dans une bonne partie de l'Afrique par l'occident ainsi que l'exploitation du Sud par le Nord sont des explications plus satisfaisantes à la vague de terrorisme que les positions féministes d'Ariana Grande ou nos pratiques festives du genre concert ou verre en terrasse entre potes. Les méchants islamistes coincés du cul qui jalousent la vie foisonnante des gentils occidentaux représente plus une interprétation superficielle des symptômes qu'une explication des causes profondes.