Je suis prof dans le 2d degré, et j'ai suivi cette année la formation pour travailler avec les élèves sur l'éducation à la sexualité. J'ai été surprise de voir que les notions de plaisir (notamment féminin) et de consentement étaient au cœur de ces journées de formation : j'avais vu passer un certain nombre d'articles de presse portant sur le retard de l'Éducation nationale sur ces questions, et j'y étais allée en pensant entendre du blabla centré sur la biologie et l'anatomie (ce qui ne suffit évidemment pas). Les formateurs étaient géniaux, on a eu de très nombreux débats, parfois vifs, mais toujours très intéressants sur des thèmes différents : l'homosexualité, la représentation du corps humain et des organes génitaux (parmi nous, certains ont découvert à quoi ressemblait le clitoris), l'hypersexualisation du corps féminin, les peurs et fausses croyances sur le vagin, la première fois... C'était passionnant, mais trop court (6 journées, sur deux années scolaires). Surtout, on se rend compte de la difficulté à parler éducation à la sexualité avec des élèves, à se confronter à leurs préjugés (et en premier lieu, à ceux des parents), veiller au respect de leur intimité, faire évoluer leurs représentations, etc. Le plus difficile, c'est aussi de comprendre que nous-mêmes sommes pétris de préjugés, qu'il faut réussir à en prendre conscience pour s'en détacher. Je n'ai pas encore eu l'occasion d'aborder ces thèmes avec mes élèves, mais j'appréhende certaines réactions, de me retrouver à faire la leçon et être contre-productive (d'où la nécessité d'un travail en équipe à l'échelle de l'établissement, et une excellente connaissance des élèves).
Ce que je regrette, c'est qu'il y a trop peu d'offres de formation à destination des personnels d'établissement scolaire. Certains profs attendent plusieurs années avant d'en obtenir une. Faire appel à des associations agréées par l'État, c'est bien, mais il faut que ce soit en complément des professeurs. Ce sont eux qui sont au contact des ados au quotidien, et les élèves se confieront peut-être plus facilement à un professeur en qui ils ont confiance qu'avec par exemple l'infirmier scolaire (qu'ils voient plus occasionnellement).