Le dernier paragraphe de l'article m'a particulièrement plu, parce qu'il y a en effet un nombre infini de façons de vivre une relation quelle qu'elle soit
J'ai passé une nuit avec l'un de mes meilleurs potes de Licence, durant laquelle nous n'avons pas fait que dormir ou discuter, et ça a plus renforcé notre amitié qu'autre chose.
Entre lui et moi, ça a été spécial dès le début: au premier cours magistral, je lui ai demandé si je pouvais m'asseoir à côté de lui sans trop savoir pourquoi; je crois que quelque chose dans son regard m'a attirée. Il se trouve qu'il avait déjà échangé quelques mots avec une fille dont j'ai fait la connaissance l'après-midi même. Dès la première semaine, notre groupe de potes s'était formé, et bien qu'il y ait eu des départs et des arrivées depuis, nous sommes encore soudé-es comme une famille aujourd'hui.
Peu de temps après la rentrée, ma vie a volé en éclats et je suis tombée dans ma troisième dépression; "la meute", comme je nous appelle (je suis fascinée par les loups), était ma seule raison de vivre. Mais un soir, ça n'a pas suffi, et je me suis éclipsée du bar dans lequel nous étions pour me mettre au milieu de la chaussée, dans l'espoir qu'une voiture mette fin à ma souffrance. Or "mon loup" (appelons-le comme ça) est sorti fumer une clope à ce moment-là, et m'a trouvée comme ça. Il m'a appelée, j'ai tourné les yeux vers lui et lui ai fait "non" de la tête, mais il est quand même venu et m'a ramenée manu militari sur le trottoir. J'ai fondu en larmes dans ses bras, je lui ai dit que je n'en pouvais plus et que je voulais que ça s'arrête. Il m'a emmenée marcher sur les quais de Seine puis nous avons passé la nuit dans un café à nous raconter nos vies et à discuter de tout et de rien. Et je me suis accrochée.
Depuis, nous avons toujours été là l'un pour l'autre, envers et contre tout, et je pense que nous n'en serions pas là où nous en sommes respectivement sans ce soutien et ces secouages de puces mutuels. Et puis il y a un peu plus de deux ans, nous étions tous les deux perdu-es dans nos vies et angoissé-es par l'avenir. J'avais fait une soirée à la maison et à cinq heures du matin, alors que les autres étaient soit rentré-es, soit parti-es se coucher, nous nous sommes retrouvé-es sur mon canapé avec un dernier verre et une (avant) dernière clope. On était seul-es, on était tristes et on avait besoin de se réconforter l'un-e l'autre. Au moment d'aller se coucher, les choses se sont enchaînées sans que je sache trop comment: j'avais prévu qu'il dorme dans la chambre de mon frère mais il a voulu se brosser les dents avant, puis il est allé dans ma chambre pendant que je me démaquillais et quand je suis arrivée, il avait enlevé tout le fatras que j'avais entassé sur mon lit pour empêcher ma lapine d'y monter; je me suis dit "OK, on dort ensemble, après tout on a déjà passé une semaine dans la même chambre à deux reprises", et je me suis couchée à côté de lui. Et là encore, je ne sais pas comment cela s'est fait, mais il a commencé à m'embrasser. Et on a "fait l'amour d'amitié", comme je le dis aujourd'hui; ce n'était pas le meilleur coup que j'aie eu sur le plan purement sexuel, mais c'est, encore aujourd'hui, la meilleure nuit que j'aie passée avec un homme. Le lendemain, bien sûr qu'il y a eu de la gêne (d'autant qu'une de nos pote nous a cramé-es en entrant dans ma chambre pour me demander comment préparer le café), mais elle s'est très vite estompée et notre amitié a repris son cours tout de suite.
Peu de temps après, il m'est arrivé une sale histoire avec un mec, qui m'a harcelée pendant deux mois ensuite; c'est à lui que j'en ai parlé, et c'est lui qui a fait en sorte que ça s'arrête. Lorsqu'il y a bientôt deux ans, j'ai été rapatriée de Belgique après être retombée - gravement - malade, il a été là. Lorsqu'en octobre dernier, toujours en dépression, j'ai voulu mourir, il a été là. Lorsque j'ai été internée en hôpital psychiatrique, il a été là. Lorsque j'ai appris fin mars que ce que j'avais vécu avec le mec dont j'ai parlé plus haut était un viol, il a été là. Et récemment, après que je sois partie de mes parents pour emménager seule, il est venu (avec trois heures de retard et deux canettes de bière), et m'a dit qu'il était heureux de me voir en forme et qu'il me trouvait mieux maintenant que j'avais repris du poids (chose qui est difficile à accepter pour moi, ce qu'il sait). Et sans rentrer dans les détails parce qu'il ne m'appartient pas d'en parler, j'ai été là pour lui aussi durant ces bientôt six années.
Aujourd'hui, nous ne sommes certainement pas des amant-es, d'autant que lui est en couple depuis plus d'un an et que j'ai eu d'autres relations (infructueuses) entre temps, mais nous ne sommes pas non plus de "simples" ami-es; je dirais que nous sommes des âmes soeurs, deux personnes dont les liens sont indéfinissables mais aussi indissolubles (j'espère). Et qui sait? Peut-être qu'un jour, notre relation évoluera.
En tout cas... C'est un beau roman, c'est une belle histoire. Loulou, je sais que tu ne liras jamais ce message, mais merci et je t'aime