Kalindi à chaud - BlackKklansman, le (MEILLEUR) film antiraciste de l'année sur le Ku Klux Klan

23 Juin 2017
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Ce sujet est dédié aux réactions concernant ce post : BlackKklansman, le film antiraciste primé aux Oscars !
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6 Novembre 2014
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PARIS
Coucou !
Ce serait possible d'avoir la critique par vidéo ET par écrit ?
J'imagine que tout le monde ne peut pas se permettre de regarder une vidéo de plus de 5 minutes à chaque fois.
Par contre, prendre le temps de lire : oui (surtout au taff pendant l'heure de déj)
Ce serait top =) et je pourrais aussi, même sans regarder la vidéo, mettre un pouce bleu sur la vidéo, si j'ai aimé la version texte ?
Merci en tout cas pour cette critique, je vais aller voir ce film avec grand plaisir =)
Bises !!!
 
3 Novembre 2018
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@aliceindaplace L'article que tu as mis en lien est très intéressant. Il montre bien qu'il s'agit d'une fiction, réalisée dans un but sans doute louable, mais qui ne correspond pas à la réalité historique. C'est toujours drôle de voir comment un pays réécrit son histoire, essaye de s'arranger avec sa mémoire collective.
Parce qu'un film estampillé "inspiré de faits réels", quand la réalité est autant modifiée, au point qu'on en fait n'importe quoi, c'est confusant (c'est dur de parler de ces libertés prises avec la réalité sans spoiler, donc je reste évasive, mais vraiment le film conduit à une histoire qui est en fait à l'opposé des faits historiques).

Mais bon, on peut se dire que ça va dans le bon sens, ils sont quand même passés de Autant en emporte le vent à Blackkklansman. C'est encourageant pour l'imaginaire collectif de ce pays. Mais j'ai toujours un mouvement de méfiance quand on s'arrange autant avec le passé. Le procédé me met mal à l'aise, je vois pas pourquoi il faudrait en passer par là pour donner de l'écho aux idées progressistes.

Pour un film anti-raciste, j'avais, de trèèèèès loin, préféré Get out. Beaucoup plus fin dans l'analyse, et qui ne se permettait pas d'occulter la réalité historique de la collaboration de certains noirs au système raciste états-unien.

Edit : par ailleurs, Blackkklansman n'est pas désagréable à regarder. Juste, c'est une fiction pour l'essentiel. Le cadre était effectivement réel, mais les intentions des personnages, pas du tout.
 
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  • Big up !
Réactions : Asilentio et Nastasja
11 Janvier 2007
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Pour un film anti-raciste, j'avais, de trèèèèès loin, préféré Get out. Beaucoup plus fin dans l'analyse, et qui ne se permettait pas d'occulter la réalité historique de la collaboration de certains noirs au système raciste états-unien.

tu peux étayer ça stp ? Tu fais référence au mec du FBI sur qui le film est basé et qui avait pour mission de démanteler le black panther party ?
 
  • Big up !
Réactions : Evanesco
3 Novembre 2018
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@Ana-Esperanza Tu me demandes une dissertation complète, et je risque de franchement spoiler l'histoire.
Je vais essayer de résumer :)
Donc désolée pour le pavé,
et commentaire à passer si vous ne voulez pas de spoiler sur les deux films, je "spoile", c'est dit

DÉBUT DU SPOILER :

Sur Blackkklansman : l'article mis en lien ci-dessus par une autre madz explique très bien pourquoi ce film prend des libertés avec la réalité, donc je vais simplement le résumer, parce que l'auteur (très impliqué politiquement et noir états-unien donc concerné) me paraît très compétent sur la question (bien plus que moi, en tant que femme français blanche). Certes il y avait un homme noir engagé par la police pour infiltrer diverses organisations. Mais la cohérence historique s'arrête là. Si on lui avait demandé de s’infiltrer, c'était pour désorganiser le mouvement noir qu'il avait noyauté, et pour détruite le mouvement pour les droits des noirs. C'était son but, l'ordre qu'on lui avait donné.
Et en parallèle, l'infiltration au sein du Klan : historiquement, le but était de rendre plus efficace l'organisation raciste, pour en faire un outil contre les noirs organisés. En gros, de manipuler un groupe raciste pour qu'ils fassent plus efficacement le sale boulot (empêcher les noirs de s'organiser pour obtenir des droits), boulot que les policiers ne pouvaient plus faire directement. Et non pas, comme dans la fiction, de lutter contre. L'idée que la police luttait contre le racisme : ben en fait pas du tout.

Et puis l'invention d'un collègue juif : ben là encore c'est une invention, certes louable (on s'allie contre le racisme), mais le gars n'a apparemment jamais eu de collègue juif.

En bref, Spike Lee a fait d'un policier noir qui collaborait avec les dominants (les blancs) un héros anti-raciste, alors que le gars en question faisait exactement l'inverse : il travaillait avant tout à détruire les mouvements de libération des noirs.

En fait j'ai l'impression qu'en respectant l'histoire du policier de Blackkklansman, l'histoire de la collaboration des noirs contre les noirs aurait pu être développée. Parce que ça existe, et que c'est un phénomène intéressant à comprendre (de la même façon qu'il est intéressant de comprendre pourquoi des femmes défendent le patriarcat).

Sur Get out :
- le racisme y est aussi traité, mais de manière beaucoup plus fine : dans Blackkklansman, le racisme est beaucoup plus affiché, assumé par les personnages (par ex les collègues blancs du policier noir sont ouvertement racistes avec lui, quand il travaille au service documentaire. C'est une des formes du racisme, mais il y en a d'autres, plus insidieuses, et plus difficilement saisissables par des non concernés).
Dans Get out, ce racisme grossier est lui aussi montré (le policier qui lors d'un contrôle véhicule demande les papiers de l'homme noir, alors qu'il n'était que passager et non conducteur), mais le film ne se limite pas à cette forme de racisme.
Par ex quand le personnage visite la maison de sa copine, l'un des parents lui dit, en lui montrant une pièce : "This is the cellar, we keep it close. There's some black mold in there" (traduction perso : "c'est la cave, on ne l'ouvre pas parce qu'il y a de la moisissure (champignons?) noire") = cette phrase, à double sens, souligne plusieurs choses : que les noirs sont vus comme des non-humains, invasifs, et néfastes, dans le Sud raciste ; et que ça remonte à loin (la cave, à mon avis, fait référence à l'histoire du pays, montre qu'ici on touche à un sujet tabou pour le pays).

Autre ex, qui fait appel à l'imaginaire collectif et à l'actualité du racisme aux États-unis, et qui à mon avis permet vraiment à des non-racisés de ressentir ce qu'est le racisme "en vrai", même sans l'avoir connu (le spectateur s'identifie au personnage, ce qui est moins bien fait dans Blackkklansman) : à la fin, quand la voiture de police vient s'interposer entre les deux protagonistes, la femme blanche et l'homme noir, c'est évident qu'il est attendu que les policiers prennent le parti de la femme blanche, peu importe la situation (surtout quand on connaît le contexte actuel aux États-unis, et le nombre de meurtre de jeunes hommes noirs par la police, sans conséquence notable). Le spectateur s'attend à ce que ça finisse mal, et que le héros se fasse tirer dessus. Et on est soulagé que ça n'arrive pas, même en tant que non-racisé. Donc le film réussit à faire ressentir la peur que peuvent ressentir les noirs confrontés aux agents. À faire ressentir le racisme, avec davantage de finesse qu'un blanc qui tient ouvertement des propos racistes.

Par ailleurs, j'avais d'autres impressions, mais pour le coup ça reste très hypothétique :
- l'analyse de l'auteur de Get out me paraît meilleure, parce que le sort réservé aux noirs dans Get out est davantage celui que leur réservait la société esclavagiste (contrôle du corps et de l'esprit). Blackkklansman reste, lui, dans le film d'action, assez binaire, avec une opposition de type guerrière, frontale, entre noirs et blancs. Ça ne permet pas de voir que les noirs étaient intégrés au sein des foyers à l'époque de l'esclavage, même si une méfiance énorme flottait entre blancs et noirs.
- il y a aussi, dans Get out, une critique de type "la ville crée davantage de mixité que la campagne profonde, et donc protège en partie du racisme", mais là j'avoue que c'est une simple hypothèse que je ne défendrais pas bec et ongles. Par ex quand on voit que les genTes en ville se mêlent et s'entendent bien, sans racisme (le fait que le couple des personnages principaux se forme à la ville, qui rend possible le non-racisme), et qu'à la campagne le poids du passé raciste demeure.
- On peut peut-être aussi le lire comme "la technologie protège du racisme" (donc être progressiste c'est être contre le racisme), parce que le personnage principal et son ami s'en sortent grâce à internet et aux téléphones, alors que les racistes utilisent des outils datés, une télé (qui s'oppose à l'ordinateur).
Pour ces deux dernières idées, je reste dans le domaine de l'hypothèse : ça m'est venu au visionnage, et ça me semble tenir debout. Mais j'ai pas plus creusé la question :)

FIN DU SPOILER

Si tu veux, j'ai lu avec beaucoup d'intérêt cette page, où des genTes commentent Get Out sur différents points, j'ai trouvé ça très éclairant.

edit : orthographe et lien
 
15 Juin 2015
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@grenouilleau après je sais pas si c'est à des personnes blanches de juger à quel point l'un ou l'autre des films est pertinent d'un point de vue antiraciste, ou de regretter qu'on ne charge pas assez les Noirs qui ont collaboré avec l'Etat raciste, et je ne sais pas si @Ana-Esperanza demandait effectivement une dissertation.

Ça ne permet pas de voir que les noirs étaient intégrés au sein des foyers à l'époque de l'esclavage, même si une méfiance énorme flottait entre blancs et noirs
Je ne comprends pas du tout cette phrase : pendant l'esclavage, il y avait une méfiance entre les noirs et les blancs ? Je trouve ça vraiment maladroit comme formulation, ça implique qu'il y avait un rapport égalitaire entre noirs et blancs et que bon chaque côté avait du mal à faire confiance à l'autre. Dans un contexte où les premiers étaient possédés comme des objets par les seconds, cette formulation me choque un peu. Et par ailleurs même "intégrés au sein des foyers", ils restaient esclaves, objets, donc là aussi il y a quelque chose qui m'échappe.

Le spectateur s'attend à ce que ça finisse mal, et que le héros se fasse tirer dessus. Et on est soulagé que ça n'arrive pas, même en tant que non-racisé.
Ici aussi la formulation me choque : ça veut dire quoi, que parce qu'on est Blanc-he c'est anormal d'avoir de l'empathie pour un personnage Noir ? Je pense que tu veux expliquer que Get Out permet de confronter les Blancs à l'expérience du racisme de façon très fine, mais dire ça comme ça revient pour moi à dire que c'est exceptionnel qu'on soit choqué par l'injustice raciste de la différence de traitement policier. Et que sans le film de Get Out, on verrait pas vraiment le problème.
 
13 Janvier 2011
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Je suis perplexe de voir comparer Blackkklansman et Get out à longueur de temps, comme si le genre de ces films n'était pas une comédie dramatique inspirée de faits réels pour le premier et une film d'horreur mâtiné de fantastique pour le deuxième, mais tous les deux "uniquement" des films anti-racistes, comme si c'était un genre en soi, et que ce genre devait suivre un certain cahier des charges et aborder obligatoirement certains thèmes :hesite:

Je trouve que ça se voit dans l'analyse que tu en fais @grenouilleau : ce sont des clés de lecture intéressantes de Get out mais est-ce bien pertinent de les comparer à Blackkklansman, qui n'aborde pas les mêmes thèmes (le thème principal étant le Ku Klux Klan et pas l'infiltration de policiers noirs dans les mouvements militants noirs, on peut reprocher le traitement de ce dernier thème mais je suis perplexe de voir que ça devrait être plus développé comme si un film anti-raciste se devait de traiter uniquement de tel ou tel thème :hesite: enfin c'est l'effet que ça me fait :hesite:) ni avec le même ton et les mêmes outils (la symbolique de la moisissure noire marche bien dans Get out parce que ce film joue beaucoup avec les métaphores et les allégories, son pitch horrifique de base est une métaphore des rapports entre noirs et blancs au USA, c'est pas forcément ni simple ni pertinent d'intégrer ce type de métaphores dans un film comme Blackkklansman, qui lui j'ai l'impression fonctionne plus avec des symboles, je pense là au montage alterné entre le récit d'un lynchage fait par le personnage joué par Belafonte et la projection de "Naissance d'une nation" à un public de membres du Ku Klux Klan hilares).

Enfin je ne sais pas :hesite: c'est normal de préférer un film à l'autre, un type d'anti-racisme à l'autre mais je trouve pas que de les comparer tous les deux soit très pertinent :hesite:
Et si c'est normal et sain de critiquer la manière dont est abordée l'anti-racisme dans un film je trouve que ça devient un peu gênant quand, par le biais d'une comparaison avec un film qui ne relève ni du même genre ni du même thème, ça se transforme implicitement en cahier des charges que devrait respecter Spike Lee en faisant un film anti-raciste (je parle pas de ton post en particulier @grenouilleau , j'ai lu plusieurs fois sur internet des comparaisons entre ces deux films et ça finit souvent par donner ce genre de chose, en gros ça explique à Spike Lee comment il devrait militer...)
 
Dernière édition :
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merci @Eclise, en effet ma demande c'était pas tant d'avoir l'analyse frame by frame des deux films que de comprendre pourquoi c'est si important pour toi (@grenouilleau) que ces films expliquent en quoi les noirs participent au racisme... Non pas que ce soit pas le cas, mais pourquoi tu retiens ça comme un point crucial à développer dans un film, en premier lieu et en mettant ça devant l'importance de dépeindre une photographie crédible du racisme en tant que structure de notre société.

edit : ajout de tag
 
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@grenouilleau après je sais pas si c'est à des personnes blanches de juger à quel point l'un ou l'autre des films est pertinent d'un point de vue antiraciste, ou de regretter qu'on ne charge pas assez les Noirs qui ont collaboré avec l'Etat raciste,
Hum. Je ne suis pas sûre que cet argument soit pertinent ici, parce que pour Blackkklansman je n'ai fait que résumer le propos d'un états-unien noir (en ajoutant par ailleurs mon avis, mais l'essentiel c'est le sien, et j'ai mis la source, donc tout le monde peut aller vérifier pour faire la part des choses). Donc en fait j'ai dit d'où je parlais, quel était mon point de vue, et j'ai donné aussi celui d'une personne concernée par ailleurs. Mais si tu es concernée, rien ne t'empêche de donner ton point de vue pour nuancer des trucs que j'aurais mal exprimés ou qui seraient inadaptés. N'hésite pas :)

et je ne sais pas si @Ana-Esperanza demandait effectivement une dissertation.
Moi non plus, c'était pas clair, donc dans le doute j'ai répondu comme j'ai compris la demande. Après si ça ne t'intéresse pas libre à toi de ne pas la lire, j'ai prévenu en début de commentaire que ce serait un pavé :)

Je ne comprends pas du tout cette phrase : pendant l'esclavage, il y avait une méfiance entre les noirs et les blancs ? Je trouve ça vraiment maladroit comme formulation, ça implique qu'il y avait un rapport égalitaire entre noirs et blancs et que bon chaque côté avait du mal à faire confiance à l'autre. Dans un contexte où les premiers étaient possédés comme des objets par les seconds, cette formulation me choque un peu.
Je voulais dire que les propriétaires blancs ne pouvaient pas dormir sur leurs deux oreilles avec les esclaves à la maison, parce qu'il y avait des cas d'empoisonnement par ex (ce qui n'a rien que de très logique). Désolée si j'ai mal formulé l'idée, bien sûr que du côté des esclaves ce n'était pas simplement de la méfiance. En résumé, dans une société esclavagiste, les rapports humains étaient fondés sur une violence généralisée, et être propriétaire n'était pas le signe qu'on était "tranquille", on vivait dans la méfiance de ses esclaves-serviteurs. Et là encore je précise, je ne mets pas sur un pied d'égalité la souffrance des uns et des autres, évidemment qu'être esclave n'a rien à voir avec le fait de regarder tous les matins son déjeuner avec suspicion. Bref, je mets cet article en lien pour que tu vois peut-être mieux ce que je veux dire, c'est à partir de ça que j'ai fait le lien entre les deux idées (film + article = idée). J'espère que ma formulation est moins blessante, si elle l'était auparavant.

Et par ailleurs même "intégrés au sein des foyers", ils restaient esclaves, objets, donc là aussi il y a quelque chose qui m'échappe.
Par cette phrase je voulais dire qu'ils faisaient partie intégrante de la domesticité, pour celleux qui ne travaillaient pas dans les plantations, ou aux travaux des champs (extérieurs, de manière générale) : je parlais du cas des esclaves nourrices, ou majordome par exemple. C'est vrai que ce n'était pas précisé expressément (mais bon, j'ai dis que je m'essayais à la dissertation sur film, pas que j'étais payée pour en faire une parfaite).

Ici aussi la formulation me choque : ça veut dire quoi, que parce qu'on est Blanc-he c'est anormal d'avoir de l'empathie pour un personnage Noir ? Je pense que tu veux expliquer que Get Out permet de confronter les Blancs à l'expérience du racisme de façon très fine, mais dire ça comme ça revient pour moi à dire que c'est exceptionnel qu'on soit choqué par l'injustice raciste de la différence de traitement policier. Et que sans le film de Get Out, on verrait pas vraiment le problème
Je comprends que ça te choque. Mais pour le coup c'est une réalité : les non-concernés qui n'ont pas grandit dans des milieux sociaux mêlés peuvent ne pas voir le racisme alors qu'il est présent. C'est la même chose que les hommes qui ne voient pas la misogynie d'un comportement alors qu'une femme le leur signale. Ben là c'est pareil. Je trouve que Get out permet à des blancs qui ne sont pas sensibilisés au racisme de le percevoir directement, dans leur chair, le temps d'un film, et en ça je trouve que c'est bien fait, mieux que quand on expose une personne blanche à une scène de racisme "grossière" (type insulte), parce que cette forme de racisme est habituellement dénoncée socialement. Donc celui-là paraît évident à tous. Et pourtant il y a toujours du racisme social, qui lui, est plus subtil. C'est cette forme que Get out permet de ressentir.

Edit : désolée pour les problèmes de mise en forme

Edit : @Lady Stardust
Je me permets de comparer Get out et Blckm entre eux sous le prisme de l'anti-racisme parce que l'article sous lequel je commente est titré "meilleur film anti-raciste sur le KKK". Donc j'ai comparé avec un autre film anti-raciste, Get out était le film récent qui me venait à l'esprit, et que j'ai adoré. Donc je me suis dis que c'était une bonne idée de donner la référence pour celleux qui voudraient creuser sur le sujet des films anti-racistes. Si tu as d'autres références, je suis preneuse.

Pour entrer encore davantage dans le détail de pourquoi j'ai fait cette comparaison : bien sûr qu'un film diffère d'un autre. Mais il me semble qu'il y a bien des liens entre les deux :
- le racisme social ;
- la manière dont l'institution policière prend position face à ce racisme (douanier et policiers pour Get out, métier du personnage principal dans Blckm).

Et puis aussi, de manière plus générale, je trouve que la comparaison est une bonne démarche pour trouver des idées, des analyses, pour comprendre les choses. Donc c'est un outil que j'utilise souvent :)

Ensuite, je n'ai pas dit le thème de la collaboration des noirs contre les autres noirs devrait absolument être développé. J'ai dit que l'histoire aurait pu être utilisée pour ça. Pas que je juge ce qu'en a fait Spike Lee, il peut bien en faire ce qu'il veut. J'ai donné mon opinion, je n'ai pas dit que je regrettais qu'elle n'ait pas été celle de Spike Lee.

Et effectivement, ce qui me gêne dans Blckm, ce n'est pas le film en lui-même. C'est le fait que l'auteur laisse penser aux genTes que les faits se sont déroulés comme il le décrit, avec la mention "inspiré de faits réels". Pour la plupart des genTes qui ne creuseront pas le sujet, blancs comme noirs, ça fera office de seule information sur la question. Ça biaisera leur vision de l'histoire (et comment bien comprendre l'actualité, et y réagir, avec une vision biaisée de la situation ?).

En bref, j'ai l'impression que le message idéologique de Spike Lee ici, avec cette mention "inspiré de faits réels", c'est : "tous les policiers n'étaient pas racistes, regardez, il y en a qui luttaient contre et qui ont réussi, avec leurs petits bras musclés, à changer la police, à entraîner avec eux leurs supérieurs dans la lutte contre le KKK". Ben non. Plusieurs idées me paraissent ici mises en avant, avec lesquelles je suis en désaccord :
- l'idée que la hiérarchie policière aurait toléré les actions de quelques uns de ses membres contre le KKK : non, l'institution était raciste. Son action entière était exclusivement tournée contre les mouvements des noirs.
- l'idée très états-unienne que l'individu (ici, 2 policiers) peuvent faire bouger toute une institution. Dans le film Blckm, c'est bien ce qui se passe : les 2 co-équipiers (vaguement soutenus par un 3e larron) font la révolution au bureau. Ben désolée, je veux bien qu'on me cite (preuve à l'appui, of course) un fait historique où 3 individus, situés en bas de l'échelle institutionnelle, ont fait bouger une institution. J'en connais pas pour ma part. Cette idée de "l'individu peut tout" me gêne énormément, parce qu'au final elle finit par faire reposer la responsabilité de la situation sociale d'une personne sur ses actes privés, en gommant complètement la puissance des institutions, des déterminismes sociaux. En bref, si je la pousse jusqu'au bout, je me dis que si les noirs sont victimes de racisme actuellement, n'ont pas accès à des boulots socialement élevés, c'est de leur faute, parce qu'ils n'ont pas été assez actifs pour améliorer leur situation. Ce qui est bien sûr grotesque.
 
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