Totalement old school, mais l'héroïne qui m'a suivi de l'enfance à l'adolescence, c'était la Laura Ingalls des livres (plus "vache" et moins manichéenne que celle de la série).
Je ne sais pas si c'est la série qui a marqué le livre du sceau de la guimauve, mais les bouquins sont plus durs, les dénouements pas forcément "justes", et finalement on y apprend beaucoup de choses.
Par ex, la mère de Laura était raciste au dernier degré, les gamines étaient traitées différemment par les commerçants selon leur conformité aux standards de beauté du temps, les profs abusaient de leur pouvoir, ou au contraire étaient harcelés physiquement et moralement par leurs élèves (sujet rare). Et puis l'héroïne grandit, et elle devient prof elle-même, doit se former sur le tas, et passe du doute à la déprime... bon à la fin ça finit bien, on est quand même sur du livre pour enfant. Quoique, le dernier tome est assez sombre, ses premières années de mariage semblent avoir été assez difficiles à traverser (et je ne parle pas de la suite, qui elle n'est pas décrite, sans doute inadaptée pour un public jeunesse).
À cet intérêt s'ajoutait l'aspect historique du livre, modulé par l'autrice, qui s'arrangeait avec la réalité : la colonisation du territoire américain par les enfants d'émigrés européens, lancés sans protection ou presque en plein territoire indien durant les conflits avec les tribus, les confrontations culturelles entre les divers peuples de ce nouveau pays, le racisme (au sens plein du terme) jugé normal envers les Indiens et les Noirs, la violence des rapports sociaux sur les chantiers du chemin de fer, les conditions de vie des femmes en creux...