J'ajoute ma pierre à l'édifice des orientations "difficiles", je ne sais pas si tous les chemins mènent à Rome mais je veux croire que, aussi tortueuses et obscures soient-elles, ces routes atypiques recèlent leur lot de leçons et d'apprentissages, de rencontres
[SPOILER="Lost in orientation" ou un gros pavé]Depuis le primaire je voulais faire de la mode, parce que les paillettes, la créativité, le sensuel et tellement plein d'autres langages dans ce domaine m'attiraient à fond. Rétrospectivement je pense aussi que l'ego devait jouer aussi, j'étais très marquée par ces designer-stars et je pense que jusqu'au collège je mourrais d'envie d'être connue et reconnue, riche et célèbre, tout ça tout ça.
A la fin du collège me voilà prise dans un Bac Arts appliqués, où j'ai appris plein de trucs cools et tout, mais arrivant en terminale au moment des voeux... Le doute. Je ne savais pas si finalement j'avais toujours envie de la mode, d'autant plus que tout au long du lycée on n'avait pas eu de sujet abordant ce domaine ou celui du textile en général... Dans le doute, et parce que "j'ai quand même fait ce bac pour ça", j'ai décidé de tenter le BTS Design de Mode. A ce moment là j'avais encore bon espoir que ça marche, que ça m'intéresse...
Mais voilà, dès la première année j'ai compris que j'étais passée à autre chose et que cette industrie/domaine d'expression n'était pas pour moi, finalement le lycée et d'autres expériences m'avaient fait mûrir et ce n'était tout simplement pas ma voie, ou pas de la mode "dure", à la limite... MAIS. Mr Daron est quelqu'un de très arrêté dans ses principes, et il a beaucoup insisté pour que je "finisse ce que j'avais commencé", histoire d'avoir un diplôme. Entre-temps j'avais commencé à broyer sérieusement du noir à la moitié de mon année, mais bon, d'accooord, je vais voir ce que je peux faire, c'est vrai qu'avoir déjà ce diplôme ne pourra pas me faire de mal et même m'ouvrir des portes si j'envisageais de côtoyer la mode de loin en loin plus tard...
Mais un bac et deux ans d'études supérieures plus tard... j'étais déglinguée. Complètement paumée, toute ma deuxième année mon moral a fait des montagnes russes, j'allais en cours 2 ou 3 semaines avant de rester cloîtrée chez moi des semaines entières, à me morfondre sans bien savoir sur quoi. Finalement, à la fin de mon BTS (que je n'ai pas validé totalement) je n'ai pas eu le temps de réfléchir à ma réorientation (j'avais la tête sous l'eau toute l'année, impossible de me projeter) sauf pour la fac.
J'étais bonne en Histoire au lycée et c'est une matière que j'ai toujours adoré, continuant d'apprendre pendant mon BTS. Et puis, "la fac d'histoire, c'est tellement général !" alors emballé, c'était pesé.
Manque de bol Paul, la fac n'était pas pour moi non plus. J'ai retapé ma première année, et jusqu'en mars dernier j'étais en train de foirer ma deuxième... Toujours la même recette, absentéisme en masse, regains de motivation et auto-persuasion à coup de "mais si, c'est tellement général, un jour je vais savoir pourquoi je suis ici, la lumière de l'utilité de cette licence me sera révélée !".
Et puis en mars j'ai fait un voyage qui m'a remis les idées en place : j'étais perdue, pas de diplôme à presque 23 ans. Mais j'ai réalisé que je n'étais pas à ma place dans cette licence... Sans rire, je me disais vraiment inconsciemment "vivement que j'ai 30 ans/des gosses/un truc d'adulte qui justifie un changement de vie aux yeux de mon entourage". J'ai arrêté la fac pour me consacrer à un projet qui me tenait vraiment à coeur à 100%, à savoir un an en working holiday visa en Nouvelle-Zélande. Tant pis si je perdais mon petit quotidien "normal" d'étudiante, l'appart, la vie en ville, etc, pour revenir chez papa-maman et affronter les réflexions et peurs de tout mon entourage, tout ça pour travailler et économiser pour un vrai but : j'étais mo-ti-vée !
Bon après il s'est trouvé que je partais seulement 3 mois après pour le pays des kiwis, un mois après avoir arrêté la fac on me proposait un billet AR gratuit en échange d'un service, accompagner un groupe d'adolescents qui allaient faire une partie de leur scolarité en Nouvelle-Zélande.. Le karma doit peut-être exister après-tout ?
Tout ça pour dire qu'en ce moment je suis en pleine année de césure, et pourtant je n'ai jamais autant été bien ! Je fais des tas de rencontres de personnes qui se sentent à l'étroit dans leur vie, ou qui se questionnent, sont en plein chambardement intérieur ou simplement veulent voir leur vie d'après une autre perspective. Ca va de l'ingénieur-chimiste qui veut faire une reconversion de céramiste à son retour en France, à la personne qui veut s'intéresser à la permaculture, à la fille poussée par un parent dans des études de cadre sup et qui finalement veut faire esthéticienne... Y a tous les âges, tous les parcours, et c'est super inspirant !
Pour ma part, depuis l'arrêt des cours j'ai réalisé que je dessinais... beaucoup. Que c'était ma manière de questionner le monde ou ce qui me fascine, m'obsède, et que si je gardais toujours deux feuilles en cours (une pour la leçon, une pour le dessin pour éviter de salir mon cours avec moult gribouillis)... c'était peut-être parce que ça appelait plus d'attention de ma part.
Et j'ai réalisé qu'à chaque fois que j'entendais parler d'artistes, d'amis d'amis ou de parfaits inconnus qui avaient fait ou faisaient les Beaux-Arts, de la BD ou simplement vivre de leur art, j'éprouvais une sorte de jalousie teintée de regrets... Comme si je leur en voulais d'avoir tenté un truc que je leur enviais secrètement, d'avoir réussi là où je me disais que c'étaient toujours les autres qui avaient ce courage-là, d'oser voire de réussir et d'avoir du succès.
Ca m'a fait prendre conscience d'une certaine lâcheté de ma part, et surtout de ma peur. Celle qui accompagne une envie secrète et profonde, qu'on met du temps parfois à admettre face à soi-même... Du coup voilà, à mon retour en France je vise les Beaux-Arts ou la BD, mais surtout à me renseigner sur ces deux voies... J'aurais encore un an de ""césure"" (retour après les phases d'admission), que je devrais mettre à profit en travaillant (parce que motivée comme jaja pour une reprise d'études qui m'enthousiasme vraiment), en continuant à explorer mes envies, et également préparer et travailler les potentiels dossiers de candidature.
Sur ce, j'envoie mes meilleures pensées pour tous.tes celleux qui galèrent, ou qui ont trouvé la lumiè-leur voie, qui n'osent pas encore formuler leurs aspirations profondes ou qui ne les ont pas encore "trouvées", qui n'ont pas un entourage très compréhensif ou confiant, ou au contraire qui sont bien entouré.e.s. J'ai foi en nous
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