Parfois, j'ai envie d'avoir les cheveux courts.. mais genre, bien courts. Histoire d'essayer.
Mais je suis trichotillomane depuis plus de 10 ans. Et il y a des zones de mon crâne où il y a clairement des cheveux qui manquent.. des trous. Et ça me complexe.
Il y a 4 ans environ, j'ai décidé (ça a prit du temps mine de rien) d'assumer cette part de moi. Je suis une angoissée, c'est comme ça. Je me rappelle bien comment - il y a 10 ans - ça a commencé. Par une angoisse qui s'est mise en place comme ça, comme un cheveu sur la soupe, du jour au lendemain, elle était là : quotidienne, intense et viscérale. Alors d'emblée, comme j'avais les cheveux très longs à l'époque, je me suis mise à les triturer, tirailler, et finalement, à tellement tirer dessus que ça en arrachait certains.
À cette époque, ma dépression était encore bien là et la mini-douleur qu'occasionnait l'arrachage de quelques cheveux par-ci par-là me permettait de me focaliser sur une info précise plutôt que sur toutes à la fois.
Est-ce ce comportement qui m'a aidé à enfin sortir de ma dépression (qui a durée 3 longues années) ? Je ne saurais dire.
Tout ce que je peux dire, c'est que mes angoisses ont perduré après ma dépression. Aurais-je eu besoin d'un psy pour régler ce souci ? Aucune idée. Je n'avais pas envie de bouffer des médocs toute ma vie. En consommer quotidiennement durant 3 ans m'avait amplement suffit.
Alors oui - sans vraiment m'en rendre compte - j'ai continué à triturer/arracher mes cheveux.
L'été de mes 25 ans, je me suis lancée dans les couleurs semi-permanentes. J'en avais envie depuis.. des années et des années. Mais je m'étais toujours retenue, les phrases de ma mère tournant et rebondissant dans ma tête : "ça va ruiner tes si beaux cheveux" - "ne viens pas te plaindre ensuite" - "si tu fais ça, ne viens pas chialer si je ne te parle plus !"
Et enfin, un soir, la veille de mon départ pour une gay-pride où j'allais défiler avec des ami.e.s, je me suis teinte la chevelure en framboise pétard ! ENFIN je m'affirmais ! Je m'assumais ! Je me décorais à mon goût ! Cette sensation de liberté était juste magique.
L'été suivant, je me suis coupée les cheveux... il étaient si longs qu'ils allaient au-delà de mes lombaires. Alors j'ai coupé 45 cm d'un coup ! Et j'ai refait le fameux framboise. Mais durant cet été-là, mon mec de l'époque (que je comptais demander en fiançailles (oui, j'aime bien casser les codes)) m'a quittée car sa mère ne me supportait pas. #joie
C'est à partir de là que ma trichotillomanie s'est faite plus intense. Elle avait toujours été là, mais dès lors, ça a été plus intense. Et ça ne s'est jamais vraiment arrêté depuis.
Depuis plusieurs années, je m'assume comme je suis. Je m'aime de mieux en mieux.
Il me manque des dents (molaires) : c'est pas grave, on s'en fout. ~ Je suis ronde : et alors ? on s'en fout. ~ Je me ronge les ongles : je les vernis, de 1 c'est beau, ça me plait. De 2 on s'en fout. ~ Je suis trichotillomane : oui. Et je me coiffe de turbans (merci la super vidéo de Manu) pour m'empêcher de trop me toucher les cheveux.
Parfois, j'ai envie d'avoir les cheveux courts. Je suis trichotillomane et complexe à cause de ça.