Je trouve cet article vraiment super intéressant et je pense qu'on est toutes d'accord pour dire que les affaires de viols sont traitées de façon assez scandaleuse.
Mais j'ai un petit problème avec ce syllogisme que je trouve un peu bancal, d'un point de vue purement analytique. Je m'explique. On compare le traitement différent de deux personnes décrites comme "séductrices". Mais ces deux personnes n'ont pas le même statut. Il y a d'une part l'agresseur (Baupin) et d'autre part la victime (Emily S). Dire que ces deux personnes n'ont pas été traitées de la même façon aurait été pertinent si les deux personnes avaient eu le même statut et donc été accusées de la même chose (ou victimes de la même chose).
Si Emily S avait été l'agresseur dans cette affaire et qu'on avait utilisé le fait qu'elle était considérée comme une séductrice pour appuyer le fait qu'elle était alors forcément coupable, et que au contraire, on avait déclaré que Baupin était un séducteur et donc de ce fait, ne pouvait pas être coupable. Dans ce cas, oui, on aurait pu effectivement affirmer que le fait que Emily S soit une femme et que Baupin soit un homme, avait eu un impact décisif dans le traitement différent de leur culpabilité.
Mais ce n'est pas le cas. Ce qu'on comprend dans le traitement de ces deux affaires c'est que si l'agresseur (H ou F) est un séducteur alors ça peut lui être pardonné, mais que si la victime (H ou F) est considérée comme séductrice, alors cela lui porte préjudice. Mais dans cette logique, si la victime avait été un homme, considéré comme séducteur, on aurait très bien pu également utiliser ce raisonnement pour appuyer le fait qu'il était probablement consentant et donc remettre en question son statut de victime.
Même si je sais pertinemment que la culture du viol est une réalité, d'un point de vue dialectique cette comparaison n'a pas vraiment lieu d'être, parce qu'on compare deux choses ayant un statut fondamentalement différent (victime et coupable), mais je sais évidement que dans les faits la parole des femmes sera de façon systématique mise à défaut.
Mais je pense qu'il est important de faire attention à la façon dont on parle des choses. Parce ce que dans un contexte différent, ce genre de raisonnement aurait pu être considéré comme un argumentaire fallacieux appuyé par de
fausses évidences.
EDIT : EN GROS. Pour moi ici le problème ce n'est pas que les femmes séductrices soient considérées différemment que les hommes séducteurs (edit : en fait si, bien sûr que ça soulève un autre problème sur comment est perçue la sexualité des femmes) mais que dans la tête des gens, dans les cas de viols, la séduction implique forcément le consentement.